Ce dimanche 5 juillet 2015 sera-t-il une date historique ou un coup d’épée dans l’eau ?
Après des mois de bataille face à la troïka impérialiste, le gouvernement Tsipras s’en remet au peuple grec, en proposant un référendum sur la question suivante : « Acceptez-vous le projet d’accord soumis par la Commission européenne, la Banque centrale européenne et le Fonds monétaire international lors de l’Eurogroupe du 25.06.2015 et composé de deux parties, qui constitue leur proposition unifiée ? »
Le gouvernement grec et sa majorité parlementaire Syriza-Anel, appellent à voter « NON » avec l’argument que ce vote NON sera un instrument de pression sur les négociations en cours, du moins qui étaient en cours puisque l’Eurogroupe a décidé de les suspendre en attendant le résultat de cette consultation populaire... et ce à la demande du gouvernement allemand qui espère que la Grèce sortira de la zone euro afin de l’épurer d’un mauvais élément qui refuse de payer ses créanciers, du moins les exigences des créanciers.
En effet, Alexis Tsipras et son ministre de l’économie Yanis Varoufakis (qui a étudié dans les universités anglo-saxonnes) ne refusent pas de payer la dette créée par la bourgeoisie et la classe moyenne aisée grecques, ils refusent les frais inhérents imposés par la BCE et le FMI, donc par la commission européenne et les EU, donc par l’Allemagne et les EU, donc par Goldman-Sachs, la véritable banque mondiale qui réitère dans sa stratégie du chaos pour imposer l’ultralibéralisme.
Le gouvernement grec redoute avant tout, mais sans le dire, une situation à la chilienne de 1974 qui provoqua la mort d’Allende avec un retournement de l’armée et de la police, complétement noyautées par l’extrême-droite, comme ce fût le cas en Grèce en 1967 avec le coup d’état des Colonels sur fond d’anticommunisme. Cette hypothétique ultime solution de l’impérialisme ne doit pas être mise de côté, notamment quand 130 milliards sont en jeu.
La gauche (PCF-PG-CGT) de la drauche française (PS-PRG-EELV-CFDT) appelle à soutenir le gouvernement grec pour infléchir la position extrêmement ferme de l’Eurogroupe, et à manifester dans la rue leur soutien au NON grec et à la coalition Syriza-Anel (l’équivalent d’une coalition impossible, quoi que, entre le FdG et l’UDI) ... ce qui sous-entend qu’autant la gauche de la gauche, que la drauche, que la droite veulent sauver la construction soit-elle impérialiste, antisociale et liberticide... de l’Europe.
Mais dans le même temps, le KKE, le Parti Communiste de Grèce, et le PAME, front syndical lié au KKE et à la FSM, appellent à boycotter ce référendum considéré comme un marché de dupes pour tromper les travailleurs grecs qui devront encore une fois se serrer la ceinture tant financièrement que socialement pour rembourser les dépenses de l’Etat bourgeois.
Le KKE n’a pas une position du NI-NI mais une position du NON-NON, car le 27 juin au Parlement grec il s’est exprimé ainsi : « Non au projet d’accord de l’UE-BCE-FMI et à celui du gouvernement grec » « désengagement de l’UE, abrogation du mémorandum et de toutes ses lois d’application »... il a une position claire et précise sur la question nationale, donc sur le maintien de la souveraineté de la Grèce dans la cacophonie mondiale des impérialismes dominants.
On voit bien qu’une guerre de classes est engagée sur trois fronts entre les ultralibéraux, les réformistes (PPE-PGE-CES) et les véritables communistes (KKE-PCP-FSM-RCC-PRCF...), mais qu’il n’y a qu’une seule barricade où d’un côté les libéraux et réformistes sont alliés malgré leurs divergences sur la nature de cette construction européenne, pour affronter les patriotes communistes opposés à l’Europe impérialiste... la situation ukrainienne avait montré le même schéma tordu sur fond d’opposition à la Russie, tout comme sur la situation en Syrie voire même au Venezuela... « Plutôt l’Europe impérialiste que le retour de l’URSS »
Il est clair que le spectre d’un retour au socialisme réel dans un pays redevenu souverain au cœur de l’impérialisme européen, hante le capitalisme qui redoute encore le soviétisme et la socialisation des moyens de productions et d’échange qui passe par la sortie de l’Europe et de sa monnaie... d’ailleurs les manifestants pro euro à Athènes avait brandit il y a quelques jours « non au stalinisme »..., c’est bien une guerre idéologique sur fond de crise systémique du capitalisme qui est en jeu mais elle est masquée...
Nous apportons toute notre solidarité internationaliste et notre complet soutien politique au KKE, au PAME, et à la classe ouvrière patriote de Grèce dans cette lutte indispensable pour la souveraineté du peuple de Grèce livrée aux charognards impérialistes et à la dictature de la finance.