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La Turquie bombarde l’EI et le PKK en Syrie pour répondre aux demandes des impérialistes UE-EU.

Ces bombardements contre des positions kurdes de l’YPG et du PKK en Syrie, démontrent que le conflit actuel en Irak-Syrie n’est ni un choc des civilisations ni un conflit religieux, mais bien une guerre impérialiste dans le cadre du repartage néocolonial du monde.

Il suffit de prendre une carte pour comprendre l’enjeu géostratégique de cette zone tampon qui se situe entre la Russie et les alliés des impérialistes dont la Turquie et Israël mais aussi des dictatures des émirats pétrolifères.

Ainsi il faut bien admettre qu’une troisième guerre mondiale étant à craindre pour les prochaines années, les forces impérialistes se déploient telle une cinquième colonne pour entourer la Russie et se rapprocher de la Chine et de l’Inde et leur 2.5 milliards d’habitants... quand les Etats-Unis et l’UE n’en ont que 600 millions.

Ainsi, la visite d’Obama au Kenya, présentée comme familiale, joviale et courtoise, est en fait un pas stratégique des EU. Il faut donc encore regarder une carte pour voir que ce pays situé au centre de l’Afrique côté Océan Indien, le lieu idéal pour implanter une nouvelle base aéronavale ou des batteries de missiles intercontinentaux. Quand Obama flatte les kényans avec diplomatie, en se présentant comme le fils d’Afrique Noire qui dirige la plus grande puissance occidentale blanche...c’est bien pour les amadouer.

Comme disait La Fontaine : « Mon bon Monsieur, apprenez que tout flatteur vit aux dépens de celui qui l’écoute »

Comment comprendre qu’en quelques jours voire quelques heures, Erdogan décide de bombarder la Syrie alors qu’il restait impassible voire même complaisant avec l’EI, qu’Obama vienne en pèlerinage au Kenya puis en Ethiopie, et que des forces de police israéliennes entrent quelques jours après la fin du ramadan, dans la mosquée al-Aqsa à Jérusalem-Est, le 3ème lieu saint de l’Islam.

Le jeu géostratégique est brouillé par milles pistes mensongères pour désorganiser les masses populaires qui seront les plus exposées. Les forces du PKK, le parti communiste kurde considéré comme une organisation terroriste dont le secrétaire général Abdullah Öcalan, a été arrêté en 1999 par des agents du MOSSAD grimés en soldats du MIT turc avec la complicité de la CIA et de l’Ambassade de Grèce, ont été soutenus par les forces de la coalition impérialiste et les avions étasuniens qui ont bombardé les positions de l’EI en Syrie pour permettre aux forces de l’YPG, les kurdes communistes de la partie du Kurdistan annexé par la Syrie, d’avancer contre Daech.

Mais aujourd’hui, cette force communiste progressiste kurde dirigée par une femme, devient, avec ses victoires contre Daech, un « danger » pour la Turquie intégriste, l’allié des USA et sous allié caché d’Israël. Erdogan a donc décidé avec l’autorisation de la coalition et de ses alliés, de rompre la trêve du 21 mars 2013 décidée par le PKK.

Les kurdes sont un peuple sans nation alors que le Kurdistan est historique et qu’il s’étend sur 500 000 km2 de la Turquie à l’Irak en passant par la Syrie et l’Iran., même si en 1920, un traité (dit de Sèvres) avait acté la création d’un État kurde sur les restes de l’Empire ottoman détruit. Mais en 1923, un nouveau traité (dit de Lausanne) divise le Moyen-Orient sans prendre en compte le droit des Kurdes à disposer de leurs terres.

En effet, après avoir découvert que Le Kurdistan était une zone pétrolifère, il devient d’une grande importance géopolitique pour le Royaume-Uni et la France, vainqueurs de la Grande Guerre, qui s’octroient des mandats sur les nouveaux États : sur l’Irak pour les anglais, la Syrie et le Liban pour les français.

Mais à partir de 1923, quand la Turquie opère sa transformation politique historique avec le régime de Mustafa Kemal, un populiste à la fois progressiste mais surtout très nationaliste. Pour la population kurde, pourtant nombreuse dans le pays, c’est une mainmise du tout turc xénophobe et elle est ignorée et réprimée.

C’est à partir de cette période que les Kurdes « de Turquie » perdent leurs droits et que la répression devient intense pour celles et ceux qui refusent d’abandonner leur culture pour se fondre dans la nouvelle société turque.

Quant aux kurdes d’Irak, ils subiront une terrible répression en 1925 quand Winston Churchill, alors Secrétaire d’Etat à la guerre, fait raser des villages par la RAF qui emploie des gaz de combat contre les survivants. De nombreux soulèvements kurdes, en 1927, 1930, 1937 seront réprimés et une tentative de République Kurde indépendante sera constituée à Mahabad en Iran entre 1946 et 1947, avec le soutien de l’URSS sur fond de crise soviéto-étasunienne... C’est à cette occasion que l’expression « rideau de fer » naîtra de la bouche de Churchill dans son discours à l’université de Fulton en mars 1946 qui dénonçait la montée du mouvement communiste iranien et irakien.

Tout ceci démontre que depuis plus d’un siècle, le peuple kurde est opprimé, même si en 1974, Saddam Hussein accorde une autonomie relative au Kurdistan, avec sa « Loi pour l’autonomie dans l’aire du Kurdistan » qui stipule notamment que « la langue kurde doit être la langue officielle pour l’éducation des Kurdes » et l’élection d’un conseil autonome qui perdurera jusqu’en 1991. C’est-à-dire juste après la fin de la 1ère guerre du Golfe quand les occidentaux s’interposèrent dans la volonté irakienne de récupérer sa province du Koweit devenu indépendante en 1961 par la volonté britannique de protéger les puits de pétrole de ses compagnies multinationales.

Depuis des siècles, le Kurdistan est devenu une nation sans état et une zone de conflits intenses qui impliquent autant les différents pays limitrophes que les pays impérialistes occidentaux dans le cadre de la transformation géopolitique mondiale. Tous les conflits ont entraîné des massacres et des vagues d’émigration du peuple kurde donc un affaiblissement du droit de ce peuple à disposer de lui-même.

Depuis le début de la grande offensive de Daech en juin 2014, 200 000 km2, répartis sur les territoires irakiens et syriens, sont sous le contrôle de cette organisation, cette zone représente l’équivalent du sud du territoire français matérialisé par une ligne reliant Bordeaux à Lyon. Dès la création du front où se livrent de durs combats entre les armées Kurdes et l’Armée islamique, la coalition internationale a apporté un soutien à l’YPG avec des frappes aériennes et une aide logistique pour combattre Daech.

Mais la victoire marquée par la reprise de Kobané par les seules forces combattantes de l’YPG suivie de la contre-offensive terrestre des forces kurdes contre Daech a déplu à Ankara qui refuse toujours de reconnaître le peuple kurde comme faisant partie d’une nation souveraine, Ankara craignant que son territoire soit amputé de la partie kurde historique.

Ainsi, les liens entre la Turquie et les EUet désormais l’UE, surtout avec l’Allemagne, ont obligé Erdogan à intervenir en Syrie au nom de la coalition pour frapper l’EI, et il a profité de la situation pour frapper les bastions kurdes... mais soyons sûr que la Turquie va démentir sa participation à toutes frappes contre les kurdes en Syrie pour mettre le PKK en position de faiblesse.

Les derniers attentats en Turquie dont les victimes sont exclusivement kurdes, ont été attribués à l’EI alors que cette organisation n’avait aucun intérêt à ce que les Turcs entrent dans la coalition pour frapper les troupes de Daech après des mois de stand-by et de rôle obscur.

Faut-il comprendre qu’Erdogan est entré dans la coalition pour frapper l’YPG et donc le PKK avec comme prétexte de s’attaquer à Daech ? C’est bien là une nouvelle manœuvre de tyran protégé par les impérialismes EU et UE pour lutter contre le PKK et affaiblir cette organisation dirigée par les cadres militaires et cadres communistes. Le PKK est son pire ennemi, celui à qui il veut faire « porter le chapeau » de chaque trouble ou attentat en Turquie. Il y a 80 ans, c’était Hitler et les nazis plutôt que le Front Populaire et les communistes, désormais pour Erdogan, c’est l’EI et Daech plutôt que le PKK et l’YPG.

Il est certain qu’après avoir soutenu les kurdes sur le sol syrien dans le cadre de sa stratégie géopolitique, la coalition impérialiste ne peut pas admettre le repartage de cette zone géostratégique avec ces kurdes communistes... le spectre qui hante toujours le capitalisme reste le communisme, d’où l’intérêt des EU et de l’EU de maîtriser les avancées kurdes contre Daech.

Rappelons que ce conflit n’est ni une guerre de religion ni une guerre de civilisation, ce sont les thèses défendues pour brouiller les véritables enjeux. Car d’une part ce conflit est un bis repetita, il a pour but l’appropriation des zones pétrolières et certainement des ressources gazières non encore explorées, mais aussi des importantes réserves d’eau, et d’autre part de protéger l’emprise impérialiste sur les pays du Golfe et ses monarchies de pacotille. Et aussi, pour les impérialismes US-UE, cette zone est stratégique car située au centre d’un axe qui relie de la Russie à l’Iran et au cœur des axes qui relient la Mer Noire à l’Océan Indien et la Mer Caspienne à la Méditerranée...

Les Kurdes sont au centre d’une zone où les enjeux sont énormes pour la propre survie du capitalisme, l’énergie, l’eau, les territoires dominés...

N° 229 des Cahiers du Cercle Ouvrier du Bassin Minier Ouest du Pas-de-Calais du 28-07-2015

»» http://joukov.eklablog.com/
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