Aspects et effets de la crise
La France fut touchée par la crise en 1930. Mais elle n’en prit conscience qu’en 1931/1932. Dès 1930 les indices de la production baissent, les chômeurs augmentent. Le marasme persista en France jusqu’en 1938.
Grâce à son marché intérieur la crise fut moins profonde en France que dans les autres pays industrialisés : il y avait un marché intérieur, elle était sous-peuplée (=moins de chômeurs- l’Allemagne actuelle a une démographie déficitaire), et pourvus de banques solides. Ailleurs le relèvement se fit en 1935. En 1938 l’activité économique en France était sous le niveau de 1929.
Dès 1931 les prix français cessèrent d’être compétitifs sur le marché mondial, d’où la chute des exportations de moitié.
La balance des comptes qui comportait un excédent de 3 milliards entre 1927 et 1931 se retrouva avec un déficit équivalent jusqu’à la guerre (chute à partir années 2000). Plus l’hémorragie des capitaux. L’état sauva les banques en difficulté, le tout pour environ 35 milliards entre 1931/1937 (en octobre 2008 par Sarkozy pour 300 milliards).
La chute de la production
Toute l’industrie fut frappée, sa production baissa de 17,5 % en 1931. Les faillites augmentent de 60 %. Accablée par sa surproduction le marché de l’agriculture passa de 43 à 18 milliards.
Mais aussi concentration économique : la sidérurgie (De Wendel, Schneider), la construction automobile (2ème mondiale devant Grande-Bretagne, Canada, Allemagne), le patronat textile s’unit, la productivité augmenta dans l’agriculture (tracteurs) et l’industrie (de 10 % à 20 %), de 25 % dans les mines. Dans le commerce Monoprix, Uniprix, Prisunic.
L’état devant la crise
et c’est là que nous ne savons plus à quelle époque nous sommes en 1929 ou en 2007 et suivantes ?
Le premier effet fut l’affaiblissement des recettes fiscales (que toute austérité et baisse de l’économie provoque- Grèce actuelle et toute l’Europe). Les économies budgétaires furent prises par la gauche en 1934, puis par la droite après le 6 février (1) jusqu’au Front populaire.
L’état soutint les grandes entreprises en difficultés. Il acheta le blé pour le stocker, l’alcool pour le mélanger à l’essence…
Estimant que les lois naturelles rétabliraient d’elles-mêmes une prospérité compromise par les extravagances étrangères, les gouvernements se contentaient de défendre la monnaie et l’équilibre du budget. C’était le b-a ba du libéralisme. Leur confiance et leur fierté venaient de la solidité de la monnaie restaurée quand les autres faisaient banqueroute. (2)
(…) le haut niveau des prix leur était indifférent comme l’extension du chômage.
(…) propagée par la grande presse et toutes les autorités sociales, l’intégrité de la monnaie devint la mystique nationale. De 1932 à 1935, onze gouvernements présentèrent quatorze plans de redressement financier, c’est-à -dire d’économies budgétaires.
Ministères successifs : Herriot, Daladier, Chautemps, beaucoup de cabinets renversés.
En 1933 à Londres la France propose une stabilisation monétaire générale et un malthusianisme mondial pour soutenir les prix.
Roosevelt fit exactement le contraire en dévaluant le dollar, et lança une dévaluation pour restaurer la consommation.
Entre autarcies totalitaires et économies inflationnistes le bloc-or était asphyxié. Tous les pays s’en détachèrent. La France se trouva isolée et se demanda que faire.
La dévaluation ?
rejetée unanimement, assimilée à une banqueroute. Contre on trouve le patronat, l’Académie des sciences morales, la faculté de droit, la presse "sérieuse" (le Temps, les Débats).
A gauche ? Blum proteste un peu dans le Populaire en 1934. Mais les socialistes dans leur ensemble ne se prononcent pas. Seul Reynaud (droite modérée), totalement seul, combat cette politique.
Qui payèrent cette politique ? les salariés. Les fonctionnaires sont dénoncés comme responsables à cause des lois sociales ils étaient dit "budgétivores" (appréciations contemporaines). Les traitements et les retraites sont réduits. En 1934 Laval baisse les loyers, les rentes, les pensions, les traitements (politiques menées en Grèce depuis 2008).
Les économistes Français méprisaient Keynes. Philip (socialiste), Mendès France (radical) étaient encore trop jeunes pour être pris au sérieux.
Nota : l’histoire ne se répète pas ? toutes ressembles avec des faits, des actes, des pensées advenus en France et Europe depuis les années 2007 ne sont pas une vue de l’esprit. Il suffit de remplacer "nationale ou France" par Allemagne, BCE, Europe… voire Grèce par moment. Les libéraux n’apprennent rien de l’Histoire.
tout ce billet est inspiré par le livre de Henri Dubief, le déclin de la IIIè République (1929-1938) Points, 1976.
(1) 6 février 1934 manifestation des ligues d’extrême droite devant la Chambre de députés.
(2) p. 29 c’est moi qui souligne.
source http://www.penseelibre.fr/maintenir-la-monnaie-a-tout-prix-repetition-des-politiques-de-1929-en-france