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Libye, Bahrein, Yemen, Syrie, la quadrature du cercle occidental

(ou, pour les matheux, le « deux poids, deux mesures » au carré)

Le printemps arabe

Tout a commencé en Tunisie, la révolte du peuple a assez rapidement eu gain de cause. Puis ce fut l’Egypte. Le régime de Moubarak, un temps répressif, a vite capitulé, lui aussi.
Puis, c’est parti ailleurs …


Les conflits du Moyen-Orient

La Libye, la Syrie, le Yemen et le Bahrein commencent à se soulever presque simultanément, juste après l’abdication de Moubarak en Egypte. Pour des émeutes spontanées, je trouve le calendrier et la progression bien « carrés ». Dans un autre article, je disais déjà  : « Tout a commencé en Tunisie : révoltes, émeutes, Ben Ali s’enfuit, le peuple a gagné. Deux jours plus tard, c’est l’Egypte qui se soulève. Même topo : révoltes, émeutes, un peu plus de sang et de répression, mais au final Moubarak démissionne. Deux jours plus tard, c’est au tour de la Libye : révoltes, émeutes, répressions, et Kadhafi qui ne veut pas partir…Pour des révolutions « planétaires », je trouve le calendrier super bien géré, non ?De plus, la progression est linéaire : tout d’abord un petit dictateur, puis un plus grand, puis un tyran … »
Donc, quatre nouveaux peuples se lancent à l’assaut de leurs gouvernements. Quatre nations, quatre réactions différentes de la part de l’ONU, l’OTAN, l’europe, les USA, les occidentaux, pour faire bref .

Le cas de la Libye

La guerre civile libyenne de 2011 est un conflit armé issu d’un mouvement de contestation populaire, assorti de revendications sociales et politiques, qui a débuté le 15 février 2011 en Libye. Il s’inscrit dans un contexte de protestations dans les pays arabes.
Comme lors des révolutions tunisienne et égyptienne, les opposants au régime demandent plus de libertés et de démocratie, un meilleur respect des droits de l’homme, une meilleure répartition des richesses ainsi que l’arrêt de la corruption au sein de l’État et de ses institutions. Le « Guide de la Révolution » libyen, Mouammar Kadhafi, est le plus ancien dirigeant du monde arabe toujours en fonction : il est à la tête de la Libye depuis 41 ans.
La répression des opposants prend un tour sanglant à partir du 16 février, le pouvoir utilisant des milices, des mercenaires et les comités révolutionnaires pour réprimer les manifestants.
Le 17 mars, le Conseil de sécurité des Nations unies adopte la résolution 1973, autorisant des frappes aériennes contre les forces de Kadhafi pour la protection du peuple libyen (source wikipedia) … l’OTAN va suivre dans la prise de position envers le peuple insurgé et va bombarder le palais présidentiel.

Un choix comme un autre … premier poids, première mesure !

Le cas du Bahrein

Le Bahrein est une monarchie dépendante des Emirats Arabes Unis.
Le soulèvement bahreïni de 2011 est une vague de contestations populaires, sociales et politiques, du 14 février au 17 mars 2011, qui sont marquées par un pacifisme à toute épreuve malgré une répression féroce, une forte grève générale de 10 jours et une intervention extérieure conservatrice.
Dans un contexte révolutionnaire dans les pays arabes, les réussites de la révolution tunisienne et de la révolution égyptienne jouent un rôle déterminant dans le déclenchement de la révolte, mais aussi dans la détermination des dirigeants bahreïniens à conduire une répression forte et rapide.
Après trois semaines de forte mobilisation populaire, la famille royale fait intervenir l’armée, renforcée par des troupes saoudiennes et émiraties du Conseil de coopération du Golfe qui permettent au roi d’écraser l’opposition. La monarchie saoudienne impose ainsi son hégémonie sur la région. (source wikipedia ).
Le conflit s’est donc réglé de lui-même ? Grâce à l’intervention de qui ?
Ben oui, l’ONU, l’OTAN et ses potes ne sont pas intervenus … (du moins pas directement !)

Un choix comme un autre … deuxième poids, deuxième mesure !

Le cas du Yemen

Gouvernement « démocratique », probablement mis en place il y a plus de 30 ans (bonjour la démocratie !) par les USA ?, et quoi qu’il en soit, géré à distance par ceux-là même.
Début mars, le peuple se révolte ; quelle est la position des USA et compagnie ? Pas question en tous cas de soutenir le peuple : des rebelles qui veulent renverser un gouvernement à la botte des USA !
Alors que faire ? Quel comportement adopter ? Car la répression commence à faire bain de sang.
Soutenir l’état yémenite, comme avait failli le faire la France pour la Tunisie, et même les Etats Unis en Egypte ?
Ouf ! Grand bien leur a pris à tous deux de ne pas intervenir avant que la révolte du peuple, en soif de liberté, et démocratie, n’ait gain de cause.
Alors on laisse faire, on occulte l’information, on ferme volontairement les yeux, on greffe des oeillères aux victimes de l’info bien-pensante. Comme le dit si bien l’ami Michel Collon, les mediamensonges font leur travail !
Le temps passe, le gouvernement Yémenite a tué bien plus de ses cittoyens que Khadafi avant l’intervention de l’ONU. Malgré tout, le peuple semble prendre le dessus et le 3 juiin dernier, le président blessé déserte son palais. En bref, i n’y a plus de gouvernement.
Et là , tout à coup, bingo ! Je vous le donne en mille ! … Les USA interviennent pour « mettre fin au chaos » (comprendre « pour remettre la peuple à sa place et réinstaurer le président renversé »).
« Profitant du chaos ambiant et de la vacance du pouvoir, les forces américaines ont accentué leurs raids aériens au Yémen ces dernières semaines, à l’aide de drones et d’avions, pour empêcher les partisans d’Al Qaîda dans le sud du pays de s’emparer du pouvoir, en prenant avantage du vide politique actuel, a rapporté le New York Times mercredi. Le président Saleh avait autorisé, en 2009, les frappes américaines sur le sol yéménite. L’armée américaine mène des opérations secrètes dans ce pays depuis plusieurs années… » (source El Watan).
On prétend en fait lutter contre Al Qaîda, mais on ne fait que bombarder un peuple appauvri et soumis, un peu plus chaque jour par un gouvernement totalitaire, sous-marin des USA, et financé en douce par la CIA.

Un choix comme un autre … troisième poids, troisième mesure !

Le cas de la Syrie

Quatrième conflit majeur du Moyen-Orient, et non le moindre, la Syrie reste un peu l’énigme quant au comportement occidental.
La rébellion, ancienne de plus de trois mois, va crescendo, provoquant de plus en plus de morts, mais bizarrement aussi, de plus en plus de questionnements, de polémiques. Qu’est-ce-que la Syrie ?
Et bien, figurez-vous que la Syrie est un allié de l’Iran, du Hamas palestinien, et au point de vue « ennemi des biens-pensants » , son président Bachar Al-Assad n’a rien à envier à Mouamar Kahadafi.
Alors, pourquoi, l’ONU, l’OTAN, et autres soit-disant faiseurs de paix n’ont pas bougé depuis plus de trois mois ?
Au début, on a essayé de cacher les émeutes ; puis celles-ci devenant trop importantes, on s’est retranché sur l’occultage de la répression de ces manifestations. Désormais, le nombre de morts ayant copieusement dépassé le millier, on a plus de mal à cacher la réalité de l’actualité en Syrie.
Alors les gens commencent à se demander pourquoi il n’y a pas d’intervention là -bas ; pourquoi on ne va pas aider le peuple Syrien , comme le Lybien à Benghazi ? Et ce questionnement est légitime, voir même logique.
Et c’est là que les derniers qui croyaient encore en l’Onu, en l’Otan , en l’Europe, les USA, ou même les ONG, en place partout là -bas, vont en revenir, car la Syrie, c’est aussi, ça : (source le monde ) :

Comment s’explique le manque de réactivité de la communauté internationale ?

Il y a cinq ans, la Syrie a été réhabilitée par la communauté internationale. Une décision commune qui trouve de nombreuses justifications, parmi lesquelles la stabilisation de la frontière entre la Syrie et l’Irak, ou encore la pacification du Liban. Ces facteurs expliquent en grande partie l’inertie actuelle de la communauté internationale, qui ne parvient pas à trouver une position commune. Il faut rappeler qu’Israël joue aussi un rôle important car la Syrie représente un peu son "meilleur ennemi". Le régime de Bachar Al-Assad, bien que très hostile évidemment à l’Etat d’Israël, est relativement encadré, notamment grâce à l’influence de Washington. Or le remplacement du régime Al-Assad pourrait représenter un grand danger pour les Israéliens.

La rébellion en Syrie, enjeu régional majeur

La Syrie est au coeur des équilibres - ou des déséquilibres - régionaux. Elle est l’unique grand allié arabe de l’Iran. Elle commande la situation au Liban : sans son appui, la République islamique iranienne ne peut plus approvisionner en armes le Hezbollah, qui s’affirme aujourd’hui - contre une majorité de Libanais - comme la puissance montante dans le pays du Cèdre.

Enfin, la Syrie est l’un des rares soutiens des islamistes du Hamas dans le territoire palestinien de Gaza. Un changement de régime à Damas, une évolution même, serait un bouleversement majeur dans la région. L’enjeu syrien est une affaire stratégique.
Américains et Européens sont attentistes. Ils ne savent comment réagir face à la rébellion syrienne.

Un choix comme un autre … quatrième poids, quatrième mesure !

Conclusion

Que rajouter pour conclure ? Quatre situations identiques, quatre comportements différents ! Ferait-on si cas de chaque nation, pour leur attribuer un traitement personnalisé ?
Ou serait-ce tout simplement le comportement égoïste des dominants qui omettraient de compter le nombre de victimes pour servir leurs interêts ?
Le profit a toujours été plus fort que le respect de la vie ; mais notre planète, basée sur ce fonctionnement, commence à atteindre des sommets difficilement supportables d’ingérence, ou de non ingérence, de cruauté, de criminalité, pour conserver et promouvoir l’hégémonie du capitalisme, au détriment du facteur « vie » !

Déshumanisation de la société, quand tu nous tiends …

Article source : Libye, Bahrein, Yemen, Syrie, la quadrature du cercle occidental

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Rien ne fait plus de mal aux travailleurs que la collaboration de classes. Elle les désarme dans la défense de leurs intérêts et provoque la division. La lutte de classes, au contraire, est la base de l’unité, son motif le plus puissant. C’est pour la mener avec succès en rassemblant l’ensemble des travailleurs que fut fondée la CGT. Or la lutte de classes n’est pas une invention, c’est un fait. Il ne suffit pas de la nier pour qu’elle cesse :
renoncer à la mener équivaut pour la classe ouvrière à se livrer pieds et poings liés à l’exploitation et à l’écrasement.

H. Krazucki
ancien secrétaire général de la CGT

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