@Edy : merci de m’éclairer.
Je croise au quotidien, sur le marché, dans ma rue, dans le bus, partout, quoi, le monde musulman et, jamais au grand jamais, je ne me serais douté que les légumes pouvaient être des grenades prêtes à être dégoupillées, les baguettes de pain des fusils à pompe, les boîtes d’harissa des engins explosifs, que les conversations, tenues dans un jargon incompréhensible et rude à nos oreilles délicates, pouvaient être des appels au djihad, qu’il y avait peut-être, sous le voile ou la barbe de ce que je m’imaginais être un simple musulman, quelque azahariste, soufiste, sunnite, chiite, wahhabite, que sais-je encore, qui s’appuierait sur des textes "explicites" du coran, et que tout ce beau monde complote pour éradiquer le monde musulman et non musulman.
Je n’avais pas constaté que les femmes musulmanes pouvaient ne pas être soignées par la volonté de quelque mâle fanatique, ce qui est en contradiction, d’ailleurs, avec l’autre version des fait avérés, à savoir que les maris musulmans interdisent tous les jours et massivement que leurs femmes soient examinées, dans les hôpitaux et autres centres de soins, par un homme, ou que la carte vital passe d’une main à l’autre dans tout le "monde musulman".
D’ailleurs, mon médecin étant un homme, je me demande ce que viennent faire des musulmanes d’apparence que je rencontre dans son cabinet.
Je ne savais pas, non plus, que toutes ces musulmanes que je croise, Algériennes, Marocaines ou Tunisiennes essentiellement, avaient subi l’excision, légale jusqu’en 2008, alors que le coran ne contient aucun texte, explicite voire implicite, concernant l’excision, qui est une pratique ancestrale antérieure au coran animiste ou pharaonique.
Tout ça, ça fait vraiment peur.
Je passerai au large, désormais.
Et tant pis pour les provisions. Si je dois mourir de faim, au moins, ne serai-je pas tombé entre les mains d’un fanatique.
Quant à l’interprétation qui est faite des textes sacrés, comme la bible (qui en a inspiré d’autres, d’ailleurs) c’est ce qui fait la différence entre les diverses tendances sous une même dénomination (chrétienté, islam, etc.).
D’autre part, si les religions n’évoluent pas vite, elles s’adaptent tout de même avec le contexte local.
Or, je constate que s’il y a beaucoup de spécialistes autoproclamés du coran, il n’y en a guère de la bible.
Sait-on, par ex, que la sainte Bible préconise l’esclavage ?
S’il a existé, et existe encore sous une forme plus sournoise, devons-nous nous adresser au "monde chrétien" pour qu’il fasse le ménage ?
Les attentats du 11/09 sont attribués communément à des musulmans, majoritairement des wahhabites saoudiens. Donc, si on s’attache à la tendance religieuse en islam, en toute logique, l’occident aurait dû s’en prendre aux wahhabites d’AS.
Que non point !
Pour venger les 3000 morts causées par des terroristes musulmans, les US et leurs vassaux ont d’abord envahi l’Afghanistan, soi-disant pour libérer les femmes et retrouver Ben Laden - qui n’y était pas, apparemment, ce que les services secrets US, qui ont pourtant des oreilles et des yeux partout, ignoraient - puis l’Irak, qui n’avait rien à voir là-dedans, ce qui était connu dès le départ, mais ignoré par les psychopathes autistes des instances dirigeantes.
Bilan : des centaines de milliers de victimes irakiennes innocentes et tout un pays en ruines. Contre trois tours jumelles et 3000 victimes.
Et cela ne s’est pas arrêté là. Outre les guerres illégales, les embargos, les destructions, etc. les US ont perpétré des assassinats avec des drones au Pakistan, en Somalie et au Yémen, contre qui ils ne sont pas officiellement en guerre, dont la plupart des victimes étaient innocentes, et dont les présumés terroristes étaient désignés par les services secrets US, dont on connait la fiabilité des sources (voir, par ex, plus haut, ainsi qu’à Guantanamo, où ont été incarcérés une majorité écrasante d’innocents).
Mais on vient nous raconter que c’est dans le "monde musulman" qu’il y a des terroristes, et que c’est trop facile d’accuser l’occident ?
On l’accusera quand, l’occident, pour cette terreur qu’il répand impunément sur toute la planète ? Quand l’islam se sera réformé ?
Pourtant, les US ont soutenu les fascistes, les terroristes et les seigneurs de la guerre dans au moins 35 pays.
Mais c’est tellement petits bras à côté de ce que fait l’EI que ce serait mesquin d’en parler.
Car, on oublie que l’EI est né dans les camps de réfugiés à la suite des bombardements de la coalition US-GB en Irak.
L’expérience directe de la torture et des assassinats anesthésie les consciences sur l’utilisation de la violence contre les autres, et la banalise. Les idéologies violentes triomphent dans des contextes violents.
Ce qui déclenche la violence, c’est la frustration, le déshonneur de la défaite et l’oppression de l’occupation. L’idéologie ne sert ensuite qu’à légitimer et à sanctifier les actes de représailles.
Et puisqu’on parle de la Somalie, un des pays les plus pauvres et les plus dévastés de la planète, la seule banque US qui transférait encore de l’argent dans ce pays a cessé de le faire le 4 février dernier. Sous prétexte que l’argent envoyé là-bas risquait de tomber entre les mains des terroristes d’Al-Shabaab.
Ces envois d’argent de la diaspora somalienne s’élèvent à 1,2/1,6 milliards de dollars, ce qui correspond grosso modo à 50% du PIB du pays. Et 40% de la population dépend de cet argent pour survivre.
Les sommes d’argent transférées aux présumés terroristes ces dix dernières années en Somalie s’élèvent à quelques milliers de dollars.
Empêcher cet argent de parvenir à la population somalienne risque, donc, de tuer bien plus de personnes que des attaques terroristes. Mais ces agissements d’une extrême cruauté ne sont pas comptabilisés comme étant des actes terroristes. Voir l’article de G. Monbiot ici).
Pourtant, le système d’envoi d’argent en Somalie a sauvé de nombreuses vies, en particulier pendant la famine, a subventionné la création d’écoles, de logements de petites entreprises, etc., ce qui aidait à sortir du chaos en reconstruisant les institutions du pays.
Évidemment, comme tous les embargos imposés dans le monde, c’est moins visible et spectaculaire que la décapitation arrogante devant des caméras par quelque fanatique, or, ce sont les premiers qui créent le chaos, la misère, la frustration, la colère et, enfin, le fanatisme dans un pays qui a été étêté.
Mais le philosophe, lui, ne voit que les symptômes, pas le mal.
Or, Bidar n’en est pas à son premier coup d’éclat contre l’islam. Déjà, pour l’affaire Merah, il parlait de la "maladie de l’islam" et répétait le même discours. Sans plus de nuance que dans ce texte. Voir l’analyse d’Alain Gresh ici.
Pas étonnant que ce musulman-alibi ait été convié par le pouvoir "socialiste" - toujours prêt à aller casser du musulman à l’étranger - à la table raffinée des "pédagogues de la laïcité", telle que les va-t-en-guerre d’aujourd’hui la redéfinissent à leur profit propagandiste.
Car la loi de 1905 n’a rien à voir avec les discriminations religieuses pratiquées actuellement.
Cette loi, dite de "Séparation de l’Eglise et de l’Etat", donne à chaque individu le droit fondamental de choisir et de pratiquer librement une (ou aucune) religion donnée, individuellement ou en groupe, en privé ou en public, sous les seules restrictions du respect de l’ordre public.
L’État accepte (et non pas "tolère") toutes les croyances sans en privilégier aucune, ce qui signifie qu’il ne se mêle pas de religion et que la religion ne doit pas se mêler de décisions prises par l’État.
Donc, quand un "chargé de mission sur la pédagogie de la laïcité au Ministère de l’Éducation nationale" se mêle de tancer le "monde musulman" (c.à.d. bien au-delà de nos frontières, qui plus est) et de lui demander de se remettre en question, il agit en violation de la loi.
Un peu fort quand on est mandaté par un représentant de la république - qui n’y voit pas malice, apparemment.
Mais, qu’importe, cette loi, tout le monde s’assoit dessus, désormais, et si ces ennemis de la "religion" sont intraitables avec l’islam, sous prétexte de "laïcité", ils s’indignent rarement du Concordat, des signes de croix ostensibles ou du port de la kippa par les représentants du peuple, des messes d’enterrements en grande pompe de grandes figures de la "république laïque" , de la bible brandie à l’Assemblée Nationale, des visites papales payées avec nos deniers, des génuflexions à Rome de toute la classe politique, ainsi que de l’autorisation publique donnée par Valls aux juifs de porter fièrement la kippa, alors que, parallèlement, il se déclare contre le port du voile car il l’interprète hypocritement comme étant l’expression de la soumission des femmes musulmanes.
Curieux que ceux qui défendent Bidar et son "monde musulman", à qui il s’adresse comme à une entité palpable, nous expliquent par ailleurs, et avec force détails, que le monde musulman est pluriel et que les différents groupes qui le composent sont antagoniques et se combattent férocement.
Une contradiction flagrante qui montre bien le parti pris irrationnel de la démonstration.
Et enfin, pour les amateurs de citations :
"Il est beaucoup plus facile pour un philosophe d’expliquer un nouveau concept à un autre philosophe qu’à un enfant.
Pourquoi ? Parce que l’enfant pose les vraies questions" - JP Sartre.
"Dieu est toujours dans le camp de ceux qui souffrent." - Jean-Paul II
Et je vous laisse méditer ceci :
"Si Dieu n’existait pas, il faudrait l’inventer" - Voltaire