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Lettre à Monsieur Stéphane Hessel : cette Europe que vous soutenez est un piège

Monsieur,

Dans des temps difficiles, que vous avez vécus de nombreuses fois au péril de votre vie, vous avez su garder la constance, et la promotion de l’humain dans le sens le plus large et le plus beau.
Sorti de cette période difficile, cette constance vous a amené à jouer un rôle de choix dans l’élaboration de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme.

Plus tard, vous avez eu foi en une Europe unie, qui vous paraissait le meilleur moyen de promouvoir et installer la Paix partout dans le monde. Dans ce cadre-là vous avez milité pour le traité de Maastricht, et aujourd’hui vous soutenez un candidat à la présidence française, qui continue à soutenir cette Union européenne que vous avez vue naître.

On vous a trompé.

Cette pseudo-Europe n’est qu’un paravent pour des financiers et des industriels avides, qui sous sa bénédictions saignent tous les pays dont les dirigeants ont eu le malheur de signer ces accords successifs. Vous noterez qu’à part peut-être au Luxembourg, nulle part les citoyens n’ont donné leur aval au traité de Lisbonne. Ce détail ne vous interpelle-t-il pas ?

Aujourd’hui, partout les Indignés, se réclamant de vous curieusement, clament leur opposition à ce système qui les oppresse sans qu’ils y aient voix au Chapitre. Votre engagement envers cette Europe-là est-il toujours aussi fort ? Ne doutez-vous pas ?

Vous qui êtes un ardent défenseur des droits humains, avez-vous lu ces textes qui nous lient ? Je vous l’accorde, c’est extrêmement rébarbatif, et c’est voulu. En fait, chacun peut rendre hommage à Étienne Chouard, simple professeur de technologie, de droit et d’économie, pour le travail considérable de décryptage et de pédagogie qu’il a accompli pour aider ses compatriotes à décortiquer chaque mot litigieux ou artistement vague. Il n’a d’ailleurs pas cessé, malgré un couvercle officiel posé sur ses travaux. Sa ténacité, comparable à la vôtre, a d’ailleurs suscité une vraie émulation dans la recherche de la vérité dans le fatras juridique.

Aujourd’hui approche une cruciale épreuve électorale. L’actuel "tenant du titre" a montré ses limites, et ses ambitions qui ne sont que personnelles. D’autres proposent de vagues variantes à ce qui existe désormais. Ce n’est pas satisfaisant. Parmi ceux-là le député de Corrèze propose de vagues replâtrages, là où les trous dans le tissu économique et social sont devenus des gouffres. Bien entendu, il ne remet nullement en cause cette Union Européenne qui lui dicte tranquillement ce qu’il doit faire : c’est tellement plus simple.

Il faut changer la donne ! Bien peu nombreux sont ceux qui osent aller contre tout le $ ¥$T€M, ce complexe industrio-financier international qui broie les citoyens, nos frères, vos frères. Entendez-vous leurs plaintes ? Entendez-vous les grincements de tout notre patrimoine de savoir-faire, de savoir-penser, de savoir-écrire (promotion d’une sorte d’anglais international et informe), de savoir-vivre enfin ? J’ai fait le décompte : il n’y a pratiquement que deux promoteurs d’une autre donne réaliste, différents l’un de l’autre, mais ayant en commun la volonté de ne plus se faire dicter leurs pensées et leurs actions par un ensemble de directives venues de Bruxelles, ou de plus loin encore.

Le premier est bien entendu Jean-Luc Mélenchon, qui parce qu’il voyait le PS faire définitivement fausse route, l’a quitté afin de créer autre chose avec ceux qui ont accepté de faire la route avec lui. Ah oui, il y a des communistes ? Combien parmi eux soutiendraient un Staline ? Non, il s’agit d’une nouvelle génération qui a compris. Resteront quelques vieux nostalgiques, on en trouve partout, c’est anecdotique. Et de toute façon, le moteur, c’est Mélenchon, très bien entouré au Parti de Gauche avec d’anciens socialistes qui ont compris les erreurs fondamentales de leur ancien parti, et puis des jeunes qui souffrent des conditions actuelles.

On notera que cet homme n’a, au niveau des médias, qu’une visibilité réduite alors qu’il emplit (largement) les salles où il intervient. Et que ses rares interventions sur les médias "officiels" sont des "musts" comme on dit tant ils "dérangent les lignes" et apportent un souffle nouveau.

Que dire de François Asselineau ? Lui n’existe pas. Homme honnêtement "de droite", il a su comme Étienne Chouard détecter les faiblesses du système actuel, et en déduire que la priorité des priorités est la sortie de cette Union européenne mortifère et catastrophique. C’est normal, elle ne tend qu’à donner à quelques privilégiés le bénéfice financier des efforts de tous. Quelques privilégiés, même pas forcément européens (j’ai entendu un nom, "Mittal"). Vous, qui privilégiez les droits humains, soutiendriez une telle traîtrise ? Ce n’est tout simplement pas possible. Soutenez François Asselineau. Il promeut une première étape, la récusation du système. La meilleure solution est qu’il passe alors la main à JL Mélenchon, qui va plus loin, mais qui hésite à mettre en place cette alternative : une sortie totale et irrémédiable du $ ¥$T€M actuel. Après, lui propose la mise en place d’une assemblée constituante pour une VIème République, comme l’abbé Jallet, de La Mothe Saint Héray (tout près de la résidence de Ségolène Royal) qui avait été le premier à oser proposer la fusion des trois États le 13 juin 1789.

Oui, une Europe des peuples unis et fraternels peut exister, elle ne demande que cela d’ailleurs. Mais il lui faut récuser toutes les contraintes financières que le $ ¥$T€M actuel lui impose, y compris des dettes parfaitement artificielles, puisqu’adossées à des intérêts léoniens dus à des banques ou intérêts privés.

Monsieur Hessel, réagissez, ! Dans les années 30, les banquiers d’affaires ont cru en un homme, nommé Adolf Hitler, et ont fait de l’or avec lui. Ne permettez pas, par votre aura justifiée, que des successeurs à ces banques et ces politiciens s’en recommandent pour accomplir l’horreur.

Aujourd’hui un vote crucial a lieu en Grèce. Je crains qu’il n’entérine des solutions que vous n’auriez jamais acceptées.

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COMMENTAIRES  

13/02/2012 12:27 par no comment?

"Soutenez François Asselineau. Il promeut une première étape, la récusation du système. La meilleure solution est qu’il passe alors la main à JL Mélenchon, ..."

"Allo, Jean -Luc, ici François, ça y est j’ai gagné honnêtement à droite et comme prévu je te passe la main..."

 :)

13/02/2012 14:47 par peu importe, je ne fais que passer

Pour se permettre de donner des leçons à un monsieur qui a la stature, le passé et le CV de M. Stéphane Hessel, il faut soit avoir un bagage très conséquent, soit être très imbu de sa personne, soit être complètement givré.

13/02/2012 15:00 par Safiya

Que nous soyons de gauche ou bien de droite, quand l’intérêt humain commun prime, il nous faut savoir laisser nos divergences au vestiaire et oeuvrer unitairement. Tu l’exprimes en toute lucidité.

Ton billet, je ne sais pourquoi, me bouleverse, Babelouest...

Haut les coeurs, l’union fait toujours la force !

13/02/2012 15:47 par babelouest

@ no comment
François Asselineau et Jean-Luc Mélenchon ont tout pour s’entendre, et pour travailler en commun au bénéfice de tous. Quand on est politicien, soit c’est pour se goberger aux dépens du bon peuple grugé, soit c’est parce qu’on a des idées et des idéaux qu’on brûle de mettre au service de tous. A mon avis, ces deux-là sont de la seconde catégorie. Qu’importent leurs titres, leurs attributions respectives, pourvu que le résultat soit bon.

Mais sans doute n’est-ce pas ce que vous aviez retenu de mes paroles.

13/02/2012 15:51 par Michail

Le concept d’union européenne c’est - comme celui du nationalisme ou a contrario celui de la globalisation - l’auberge espagnole.

Une fédération européenne gérée de manière rationnelle et démocratique ce ne serait pas une idée absurde en soi, le tout étant de savoir quelle y serait l’organisation socioéconomique et comment et au bénéfice de qui y serait exercé le pouvoir.

Ce qui est de facto inique et rédhibitoire dans l’union européenne telle qu’elle a été construite, c’est que d’une part elle n’a suivi aucune logique économique et politique quel que soit le modèle considéré, capitaliste y compris, et que d’autre part elle a constitué un recul démocratique considérable partant d’une situation déjà pas brillante.

Le système fédéral a démontré qu’il pouvait fonctionner très correctement sur le plan économique aussi bien dans des économies de type collectiviste que capitaliste, mais un système fédéral ce n’est pas n’importe quoi, il y a des règles d’organisation et de fonctionnement.

L’UE n’est pas un système fédéral justement, d’où pour une grande part la crise financière actuelle, adopter une monnaie unique entre des pays disparates sans régulation financière fédérale c’est n’importe quoi, c’est un non-sens, cela ne peut pas fonctionner.

Pour ce qui est de l’organisation politique et des pouvoirs de décision, l’UE c’est aussi n’importe quoi ! C’est aussi antidémocratique qu’absurde !

Les états n’ont pas voulu accorder des pouvoirs démocratiques à une instance fédérale, mais ont au contraire donné des pouvoirs exorbitants à une oligarchie technocratique parfaitement opaque, ils s’aperçoivent aujourd’hui que la situation est incontrôlable et que nul ne sait réellement aujourd’hui qui décide de quoi et qui fait chanter qui.

Les états ont accepté que les décisions soient prises dans le dos des peuples et même a contrario de leurs désidératas et ils réalisent aujourd’hui que l’oligarchie technocratique qu’ils ont eux-mêmes couronnée prend maintenant des décisions dans le dos des états eux-mêmes et qu’ils n’y peuvent plus rien.

Ils ont joué aux apprentis sorciers et vendu leur âme au diable, aujourd’hui le diable s’en prend à eux aussi et non plus seulement au peuples qu’ils voulaient flouer, c’était tout à fait prévisible…

Ceci étant dit proposer pour seule alternative la sortie de l’UE est d’une démagogie grotesque, quelle que soit l’échelle de l’organisation politique, tout le monde sait malheureusement qu’une gestion antisociale et tyrannique est tout à fait dans le registre du possible !

13/02/2012 16:30 par moi

François Asselineau 54 ans, est le président fondateur de l’Union Populaire Républicaine (UPR), mouvement politique qu’il a créé en mars 2007 pour convier tous les Français à se rassembler provisoirement, en dehors du clivage droite-gauche, afin de faire sortir au plus vite la France de l’Union européenne, de l’euro et de l’OTAN.

Diplômé d’HEC Paris, vice major de l’ENA, Inspecteur général des finances, il a été membre de cabinets ministériels (notamment auprès de Gérard Longuet, ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, et d’Hervé de Charette, ministre des affaires étrangères) puis directeur de cabinet du président du Conseil général des Hauts de Seine Charles Pasqua de 2000 à 2004.
François Asselineau a également été Conseiller de Paris, de 2001 à 2008, et Délégué général à l’intelligence économique à Bercy de 2004 à 2006.

Source : http://www.agoravox.fr/auteur/francois-asselineau-64510

Nous n’avons décidément pas les mêmes références, Mr Babeloued. Et je me demande un peu plus à chacune de vos interventions, le but que vous poursuivez en polluant de votre prose hypocrite et raciste le site du grand soir.

Moi, une femme, citoyenne du monde, née en France.

13/02/2012 22:14 par Safiya

Babeloued est un quartier d’Alger. L’auteur est Babelouest, quant à être raciste ? Alors là j’hallucine !

Moi, Safiya, femme citoyenne du monde née en Algérie vivant en France avec de surcroît l’antiracisme chevillé au corps !

14/02/2012 09:11 par babelouest

Merci Safiya !
Je vois que mon billet crée la polémique : après tout, le Grand Soir n’est pas un site de consensus, donc c’est très bien.

Alors pourquoi babelouest (et non Babeloued qui est un quartier d’Alger comme le souligne Safiya) ? J’habite dans l’ouest de la France, et près de mon logement un grand immeuble, le plus grand immeuble d’habitation de l’ouest, abrite un melting pot de citoyens aux origines aussi diverses que le Pakistan (des Sikhs sans leur turban), la Pologne, l’Afrique du nord, du centre et d’ailleurs.... reconnaissables souvent à leurs vêtements aussi variés en formes qu’en couleurs. C’est passionnant, amusant, formateur, et sympathique car je n’ai jamais noté le moindre heurt. Il m’arrive d’échanger quelques mots avec eux. Les rapports sont très courtois.

14/02/2012 09:20 par Michail

En complément de mon commentaire précédent il est intéressant de comparer par exemple les données économiques entre deux pays comme la Grèce et l’Allemagne.

La comparaison des GDP a ceci d’amusant que les chiffres sont en gros identiques (3 100 environ) seule l’unité changeant, des $ billion pour la Grèce et des $ trillion pour l’Allemagne, un détail pour paraphraser la veille crapule que vous savez...

Alors soit les Grecs ne sont que 11 millions alors que les Allemands sont 82 millions, mais tout de même !

Parce que c’est bien gentil de nous parler de la dette grecque, mais encore aurait-il fallu s’intéresser à leur rentrées d’argent avant d’adopter stupidement la même monnaie sans compensation fédérale.

Là où les Français trouveraient cela nettement moins drôle, c’est s’ils comparaient les chiffres économiques de la France avec ceux de l’Allemagne, car sans atteindre la caricature grotesque précédemment évoquée, ils découvriraient qu’ils ne jouent pas pour autant et de très loin dans la même catégorie que leurs voisins allemands...

Ce que l’oligarchie technocratique est en train d’imposer aux Grecs aujourd’hui n’est que le prélude de ce qui a toutes les chances d’être demandé demain aux Français compte tenu de l’absurdité et de la perversité du système.

Pour ce qui est des comparaisons d’ailleurs, il y en a une autre qui surprendrait très certainement bon nombre de Français, c’est celle entre la France et l’Italie, car ils découvriraient que sur le plan de la production industrielle et des exportations, l’Italie a des performances très supérieures à celles de l’hexagone, mais ça on ne leur dit pas bien sûr...

16/04/2012 15:10 par Fred

Point trop de vindicte entre vous camarades patriotes
Babelouest aime Assélineau
Safya aime Babelouest
A chacun ses amours, moi j’aime le vent
Qui emporte les paillettes et nous laisse le bon grain
Point de sacrilèges sans sacralisations
M. Hessel, aussi respectable soit-il, peut être interrogé
Le libre débat va jusque-là 
Cela dit, je rajouterai, hors propos
Que le succès économique actuel de l’Allemagne
Repose sur la précarisation d’une très vaste frange de ses travailleurs
D’origine étrangère pour beaucoup d’entre-eux

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