Dans son édito, Paul Ariès prône la création d’un Observatoire national de la gratuité du service public et des biens communs. À l’heure où le système veut nous persuader que tout doit être payant, à commencer par l’air que nous respirons et l’eau que nous buvons, Ariès estime que la gratuité est l’arme absolue contre le capitalisme et le productivisme.
Christian Pince (en grève de la faim), Patrice Canal et Françoise Blandel dénoncent le projet de barrage de Sivens dans le Tarn.
Pour le CADTM (“ Le Mali, l’aide, la dette ”), les « aides » accordées au Mali alourdissent sa dette. Ainsi l’aide promise par la France est constituée de 36% de prêts.
Le dossier de ce numéro 18 est consacré à la préservation des territoires et des biens communs. Il s’agit de critiquer le troisième acte de la décentralisation voté le 27 janvier 2014 qui vise à créer 12 grandes métropoles (une métropole étant une ville ayant fondé ou colonisé d’autres villes – Thierry Brulavoie) en remettant en cause la compétence générale des communes. Chaque métropole consacrerait la « politique de la ville entrepreneuriale » (Guillaume Faburel). Les citoyens seraient soumis à une « conception économiste et appauvrie des territoires » (Christian Sunt).
La publication dirigée par Paul Ariès milite pour une refonte globale du système judiciaire : gratuité de la justice, fin de la loi du talion (Hélène Erlingsen-Creste, autrice de L’abîme carcéral). D’autant que, selon Gilles Sainati, la République exemplaire promise par Hollande passe par cette chirurgie qui doit séparer définitivement la justice de l’exécutif.
Pour le psychiatre Mathieu Bellahsen, la notion de « santé mentale » (“ une des faux-semblants de l’émancipation ”) s’inscrit dans le mouvement de reterritorialisation des progressismes d’antan vers les canons de l’économie concurrentielle.
Paul Ariès a interrogé Valérie Igounet, historienne et autrice de Le Front national de 1972 à nos jours, le parti, les hommes, les idées). Ils reviennent sur le rôle de la secte Moon dans l’histoire de ce parti et sur le basculement entre l’antisémitisme et l’islamophobie.
Laurent Paillard explique en quoi consiste le « beau rôle » de Najat Vallaud-Belkacem, dont la stratégie est de « dissocier les questions sociales et les questions sociétales de façon à permettre une politique extrêmement réactionnaire dans le premier domaine tout en ayant l’air progressiste grâce au second. »
Thierry Brugvin revient sur ce que peuvent nous apprendre les cultures populaires, « objet d’attitudes condescendantes et stigmatisantes ».
Enfin, Thierry Fiévet (auteur de Le Monde en pente douce) évoque le « “ grand abandon ” (de la rentrée sociale) : Plus personne ne regrette vraiment ce que l’on nommait autrefois « la rentrée sociale ». Plus personne ne la regrette car plus personne n’a gardé le souvenir de ce qu’elle signifiait profondément. Après l’été des « congés payés – autre vocable à l’usage aujourd’hui désuet – le temps du retour aux réalités nécessairement conflictuelles du monde du travail revenait comme un rituel Légitime. Quand les « classes laborieuses » commencèrent de baisser leur garde face au patronat revanchard un vocabulaire et une rhétorique plus conformes à l’air du temps apparurent. On ne parla plus que de « partenaires sociaux » car désormais nous devons tous admettre que « nous sommes tous dans le même bateau ». Nous avions donc tous oublié la rentrée sociale depuis longtemps lorsque les calendriers du Gouvernement et du patronat coïncidèrent brutalement à la fin du mois d’août dernier pour nous offrir une terrible rentrée. […] Il est bien là le grand abandon de la Gauche de gouvernement : ne plus voir en chaque salarié qu’un dossier dans un fichier à exploiter, un nom sur une liste de radiés potentiels, un candidat permanent à la fraude ou à la fainéantise. L’abandon tutoie ici l’indécence. Il est probable que nous ne soyons pas au bout de nos peines ! D’autres idéaux de la gauche vont assurément valser dans les temps qui viennent.
Bernard GENSANE