Les régimes arabes viendraient-ils au secours de Netanyahu ? Les derniers développements de la scène proche-orientale pourraient le laisser penser. Soupçonné d’être impliqué dans des affaires de corruption impliquant également ses proches, de plus en plus contesté par ses propres administrés, largué par certains puissants de ce monde, ce criminel de guerre passible de la cour pénale internationale ne pouvait rêver d’une telle aubaine. Desserrer l’étau sur sa propre personne en exploitant les opportunités que lui offrent les récents événements que connaît le Proche-Orient.
La mèche a bel et bien été allumée par le Président Tump. Ce dernier a réussi dans un premier temps à briser le consensus de façade qui caractérisait les monarchies du Golf en isolant le Qatar de son voisinage immédiat sous le prétexte de son soutien financier au terrorisme international. En réalité ce petit émirat paye son soutien à la cause palestinienne et à son avant-garde politico-militaire incarnée par le Hamas et le Djihad Islamique et l’onde de choc provoquée par cette fracture n’en finit pas en tous les cas de se propager.
Deuxième tempo de Trump, son intempestive visite en Arabie Saoudite caractérisée par ses pas de danse traditionnelle aux côtés des dirigeants saoudiens. Il ne s’agissait nullement de la part de ce sulfureux Chef d’Etat de coups d’épée dans l’air et encore moins dans l’eau mais de prolonger la faille déjà entamée au Qatar. Ainsi l’alignement de l’Arabie Saoudite sur les nouvelles thèses américaines doit être lui sans faille et quoi de mieux qu’une révolution de palais pour le consacrer. Changer de cap doctrinal, promouvoir un « Islam soft » et insinuer au reste du monde arabe que la normalisation avec Israël est inéluctable et n’est plus tabou
Troisième tempo de ce scénario hollywoodien, embraser le Liban et quoi de mieux pour le faire que de solliciter l’une des composantes de cette fragile mosaïque qui constitue le pays du Cèdre. Il s’agit en réalité de dégager la voie à Israël pour violer de nouveau la souveraineté libanaise et d’aller anéantir la puissance de feu du Hizbollah libanais qui n’a d’ailleurs jamais caché sa proximité avec l’Iran et essayer de laver l’affront de la défaite subie il y a quelques années de cela. Et tout le monde sait que réduire à néant les capacités de résistance du Hizbollah réduirait considérablement aussi celles du Liban.
Et dans cette nouvelle tourmente proche-orientale s’esquisse aussi le rôle conféré à la France. Ce pays serait-il devenu le sous-traitant des Etats-Unis dans la région ? La question mérite aussi d’être posée surtout lorsque l’on connaît la grande estime que voue le Président Trump au Président Macron. Et en s’invitant dans cet épisode libano-saoudien en proposant notamment ses services et sa médiation, le président français n’entrainerait-il pas son pays dans un scénario qui n’a pas encore révélé ses véritables objectifs mais dont certains commencent à dénouer les mystères. Et qu’importe que le premier ministre libanais ait été libre où pas de ses mouvements durant son séjour en Arabie-Saoudite.
Remettre en cause l’accord nucléaire avec l’Iran en s’alignant sur la demande de Trump et réduire l’influence grandissante de la puissance réémergente Perse en Irak, en Syrie et au Liban par la destruction des capacités militaires du Hezbollah et pourquoi pas la liquidation physique de son Chef semble être l’une des clés de cette nouvelle passe d’armes au Proche-Orient. Et lorsque l’on connaît la fragilité de la structure du pouvoir au Liban qui s’appuie sur un dosage subtil de la représentativité des différentes communautés et courants religieux qui le composent, on peut deviner aisément que s’attaquer au Hezbollah ne pourra qu’embraser de nouveau ce pays surtout lorsque l’on sait que l’apaisement du Liban après une longue guerre civile n’a pu être obtenu qu’après d’âpres négociations conduites par le diplomate algérien Lakhdar Brahimi et qui ont abouti aux accords conclus paradoxalement à l’époque à Taef, en Arabie-Saoudite.
Salim METREF