En effet, ceux qui ont publié leur lutte de "pot de terre contre le pot de fer", sont souvent confrontés juridiquement à bien plus fort (financièrement) qu’eux mêmes et leurs soutiens.
Par exemple :
– AREVA se sent diffamée par Stéphane Lhomme. Celui-ci, malgré son éviction du réseau "Sortir du Nucléaire", que tous les médias nous ont chantée comme on ne plus justifiée, dispose de nombreux partisans et n’a pas cessé de publier sur un autre site que celui dont X est le directeur depuis que le célèbre "diviser pour régner" a divisé... les militants.
Les multinationales, comme CHEVRON TEXACO en Equateur, par exemple, ont des cabinets entiers d’avocats à leur service, alors que les "inculpés" et leurs partisans ont parfois du mal à en trouver un seul, et à le payer
– le groupe BOLLORÉ s’estime diffamé par le journal Basta ! et les deux auteures, Nadia Djabali et Agnès Rousseaux, co-signataires d’un article qui citait ce groupe. Thierry Lamireau a repris l’article et le voilà, lui aussi, mis en examen pour diffamation.
– Les deux messieurs dont La quadrature du net a révélé le nom aux citoyens français car ils avaient un rôle qui pouvait être important auprès des parlementaires européens français qui auraient à se prononcer sur l’adoption d’ACTA se sont sentis diffamés, entre autres par le site ACT’UP. Celui-ci met en téléchargement en ligne la raison de ce sentiment de deshonneur injustement subi dont le site serait l’auteur. Il est possible d’aller sur le site de l’avocat des deux messieurs : International alliance of law firms.
– Nous sommes nombreux à avoir râclé de nos ongles qui ne connaissent pas la manucure nos fonds de poche pour que le site Le Grand Soir ne succombe pas sous les coups d’un procès en diffamation intenté par un homme "franco-argentin", conseiller de l’Elysée ... qui a été par la suite, et en vain jusqu’à présent, recherché par Interpol.
En effet, comme le déplore le site du journal la Brique, (également poursuivi en justice pour diffamation) : "Le service juridique de La Brique regorge d’arguments pour clouer le bec (...), mais manque cruellement de ressources financières..." Or, Par ailleurs, "Les amendes mirobolantes menacent l’activité de certains journaux et participent à la création d’un climat propice à l’auto-censure." écrit Reporters Sans Frontières [Note du GS : dont l’ancien secrétaire, aujourd’hui candidat d’un parti qui multiplie les plaintes contre ses contradicteurs, a menacé 4 fois un de nos administrateurs d’un procès et vient de déposer plainte contre un journaliste de Marianne ! ]... mais en 2011 et à propos de l’Arménie !. Ce serait vrai en France aussi ???
Toujours est-il que des procès en diffamation sont en cours, parfois depuis plusieurs années, et que ceux qui ont été évoqués ne constituent qu’une partie d’entre eux. Ceux-ci concernent les collaborateurs et les maîtres de toile de sites Internet qui peuvent financer la location de leur site et se maintenir en ligne grâce à l’activité intellectuelle (au sens français) de leurs webmestres et de leurs collaborateurs. Si l’un ou l’autre ou les deux font défaut, le site ferme.
Comme au casino, cependant, certains "gagnent" (Zemmour, Delanoë) ou "perdent" ( Marine Le Pen, Woerth, Pasqua) les procès en diffamation. Tout dépend si les juges estiment que la plainte en diffamation est fondée ou non. Certains gagnent même le gros lot, c’est à dire que leurs frais d’avocat sont remboursés – ce qui est important pour les pauvres.
Mais, qu’ils "gagnent" ,qu’ils "perdent", que leur procès soit prescrit ou entaché de nullité, il aura lieu malgré tout. Et tous, en l’attendant, auront dépensé de l’argent (en avocat, en déplacements, en pertes de journées de travail), des forces, et du temps. Ce qui a moins d’importance pour ceux qui ne "sont pas dans le besoin".
Cependant, contrairement au casino où l’on n’entre que si on le veut, ceux qui ont d’autres objectifs que les jeux d’argent sont contraints et forcés d’y jouer. Ils sont contraints de tenter de rassembler les sommes folles que constituerait pour eux une amende s’ils "perdaient", de préparer leur défense pour éviter celle-ci si possible, d’avertir leur employeur, quand ils ne sont pas au chômage, qu’ils ne seront pas là le jour du ou des procès (ceux-ci sont souvent "remis"), de faire face éventuellement à des déplacements coûteux quand celui ou ceux-ci ont lieu loin de là où ils vivent et travaillent, d’affronter enfin l’incompréhension de leurs proches qui n’imaginent pas à quel point ils sont occupés et stressés... parce que leurs proches, familles et camarades, ont besoin d’eux...
Il n’est pas rare que "l’inculpé" ne milite plus, n’écrive plus, ne prenne plus la parole, etc... enfin, soit très semblable à toutes les victimes de harcèlement. Ce manque d’enthousiasme, ce retrait de la vie de tous les jours, feront penser à une partie de son entourage qu’il se désinvestit des causes pour lesquelles il se battait autrefois avec vaillance et certains risquent de s’en détourner. Si le procès dure assez longtemps (plusieurs années sont chose courante), il se peut aussi que, sans autre projet d’avenir que de faire des économies, et miné par l’angoisse de ne pas y parvenir, il tombe plus ou moins gravement malade... Mais cette maladie sera mise sur le compte d’une "hygiène de vie" défectueuse et en tout cas sans aucun rapport avec le procès !
C’est sans doute ce qui fait écrire à Ame Nature que "L’attaque en diffamation est clairement un moyen de museler un opposant, y compris en France, diverses sociétés ayant le procès facile. Le risque de procès en diffamation est en tout cas une épée de Damoclès au-dessus de la tête."
Mais ce n’est pas du harcèlement, puisque c’est juridiquement un procès en diffamation.
Pourtant, Mourad Ghazli, syndicaliste à la RATP qui défend des victimes de harcèlement, et dont le patron a "perdu" le procès en diffamation qu’il avait intenté contre lui, écrit en décembre 2013 : "Aujourd’hui vous n’avez plus le droit de subir le harcèlement ou d’être un témoin silencieux, sans le dénoncer, le combattre publiquement et juridiquement."
... et aussi : "A la barre, c’est deux avocats qui avaient plaidé, plus de 50 pages de conclusions, face à moi petit syndicaliste et un jeune avocat Nicolas Verly spécialiste du droit de la presse."
Ce qui l’amène à la conclusion suivante : "Quand le combat est juste , il ne sert à rien d’abdiquer même si l’adversaire est puissant , mais plutôt d’aller jusqu’au bout et la justice finit par condamner les coupables"
Quand le combat est juste et que la solidarité vient rompre l’isolement affectif et financier de celui qui est "mis en examen", tout devient possible !