Dans ce numéro de septembre 2009, Serge Halimi stigmatise « la tyrannie des lobbies » qui, comme les compagnies d’assurance étatsuniennes, « consacrent d’énormes ressources à la recherche d’astuces juridiques qui leur permettront de ne pas payer les soins de leurs assurés quand ils tombent malades. » « L’abus des assureurs et autres traders n’est pas une déviation de leur commerce », conclut Halimi, « mais son essence. »
Un long article de Denis Duclos sur la « psychose de la grippe, miroir des sociétés ». La psychose actuelle nous fait oublier que le Sida a tué 25 millions de personnes depuis 1983, que le paludisme tue 1 million de personnes par an, le diabète 4 millions, la gastro 1 million d’enfants, la grippe « normale » 300000 personnes. La grippe A est, pour l’instant, responsable de 1250 décès.
Carlo Galli s’est intéressé à Berlusconi, « théoricien de la débrouille ». Son « mépris des règles communes, bien plus que son libéralisme économique » explique sa longévité politique et le fait qu’il soit autant en phase avec ses électeurs. Dans l’Italie berlusconienne, « l’espace public de la légalité, de la transparence et de l’universalité se réduit. Lui succède un conglomérat d’intérêts privés et de particularismes, en lutte pour un équilibre précaire. »
Un article sidérant de Gabrielle Calpa sur une grande institution dont on ne parle pas suffisamment, l’Unesco, dirigée de manière opaque, non démocratique et bien peu culturelle depuis dix ans par M. Matsuura, soutenu par les États-Unis..
Selon Laurent Cordonnier, n’attendons pas trop de la « reprise économique », cette « grande illusion ». « Deux trajectoires divergent. Celle des acrobates de la finance, qui traversent au sec et retrouvent le bonheur des bonus ; celle des salariés, submergées sous les eaux noires de la récession. Laissé libre par les pouvoirs politiques, le capitalisme reprend sa course folle. Comme s’il ne s’était rien passé. »
Le Monde Diplomatique continue son enquête sur « la crise vue de… ». Cette fois-ci, d’une petite ville de Lettonie. Le FMI du " socialiste " Strauss-Kahn exige du gouvernement letton qu’il réduise les retraites. Les jeunes tentent de migrer, les familles sont disloquées. 10% des écoles ont fermé.
Intéressant article de Colette Backman sur la présence chinoise au Congo. L’autorité de Kinshasa est « mise à mal par les diktats du FMI [de M. Strauss-Kahn] qui conteste un accord de troc économique entre la Chine et une RDC étranglée par sa dette. »
Willy Jackson se demande si Israël est « menacé par une campagne de désinvestissement ». Dans le monde entier, les appels au boycott se multiplient afin de contraindre Tel-Aviv à respecter le droit international. Sharon Weill revient, quant à lui, sur l’assassinat ciblé, le 22 juillet 2002, de Salah Shehadeh et de sa famille, 14 civils, pour la plupart des enfants.
Olivier Zajec analyse les importantes mutations de l’armée indienne : « Ce que l’importance numérique de sa population et son statut semi-officiel de nation nucléaire depuis 1998 n’avaient pas suffi à lui garantir, son expansion économique le lui a finalement offert : l’Inde a pris rang de puissance mondiale. Il est vrai que le contexte international, avec le fracassant naufrage du modèle unilatéral américain, n’a pas peu contribué à la faire apparaître pour ce qu’elle est naturellement : un des six ou sept pôles de pouvoir et d’influence, avec les Etats-Unis, la Chine, la Russie, l’Europe, le Japon et peut-être le Brésil. »
Un article alarmant de Maurice Lemoine sur le Honduras : « Déjà quinze assassinats politiques et plus d’une centaine de disparus au Honduras depuis le renversement et l’expulsion du président Manuel Zelaya. Illégitime et répressif, le régime de M. Roberto Micheletti fait resurgir le spectre des dictatures des années 70/80. Plus qu’une évolution, cette crise marque la continuité de la politique de Washington, malgré la présence au pouvoir de M. Obama. »
Monica Bruckman évoque la grande pauvreté du peuple péruvien et les attaques contre les travailleurs : « L’appareil légal permet la criminalisation des mouvements sociaux et l’impunité des forces armées dans leurs actions de répression. Comme la police, elles se voient autorisées à utiliser leurs armes contre les protestataires, sans avoir à répondre devant la justice pour les blessures ou les morts causées. »
Intéressant contre-pied de Danièle Linhart : " Comment l’entreprise usurpe les valeurs du service public " . « Alors que les agents du service public sont sommés d’oublier leurs missions pour engranger des profits, le management rebat les oreilles des salariés du privé avec les valeurs d’excellence et de dévouement. Ainsi, ceux qui sont au service de la collectivité se voient interdire de remplir leur rôle, tandis que ceux qui travaillent pour des intérêts particuliers doivent prétendre se consacrer à une noble cause. Comment s’étonner des souffrances que génèrent de telles situations. ? »
Décidément, je me délecte à la lecture de Mona Chollet (http://blogbernardgensane.blogs.nouvelobs.com/archive/200...). De manière très dialectique, elle oppose les optimistes et les pessimistes face à la crise.
Une bonne question de Cédric Biagini et Guillaume Carnino : « Après s’être longtemps opposé aux ambitions de Google, al Bibliothèque Nationale de France a annoncé qu’elle négociait avec lui pour la numérisation de ses ouvrages. Où mène le gigantesque fleuve de culture rendu " liquide " par le passage au virtuel ? Qui le contrôlera ? »
Pierre Rimbert s’en prend violemment aux médecins Harpagon qui refusent de soigner les pauvres. Un quart d’entre eux, dont 38% de gynécologues et 31% de dentistes. Qui plus est, la grande majorité des fins de non-recevoir émanent de médecins autorisés à pratiquer des dépassements d’honoraires.