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Les mères porteuses indiennes ont le vent en poupe, par Sam Dolnick.






Associated Press, Anand, Inde, 30 décembre 2007.


Chaque soir au coucher, dans la paisible ville indienne d’Anand, une procession de femmes enceintes regagne les chambres d’une spacieuse demeure où un personnel de maison et des médecins veillent sur ces enfants à naître pour des couples stériles du monde entier. Car la grossesse aussi est une service qui s’externalise.


La petite clinique de Kaival à Anand, dans l’ouest de l’Inde, se charge du dossier de A à Z, de la mise en relation des couples stériles et des femmes locales, au suivi post-natal en passant par la grossesse et la naissance. Ces pionnières dans le secteur en développement de la délocalisation de grossesse ont déjà "livré" une quarantaine de bébés.

Une cinquantaine de femmes portent ainsi les enfants de couples des Etats-Unis, de Taïwan, du Royaume-Uni et d’ailleurs, contre une somme d’argent très élevée pour elles mais relativement modeste pour les couples : ils paient en général moins de 10.000 dollars (6.945 euros).

Lorsqu’on l’interroge sur les questions de morale de la science, de la mondialisation et de l’exploitation de femmes pauvres, le Dr Nayna Patel, à l’origine du baby-boom d’Anand, insiste sur les aspects positifs du "bébé-business".

"D’un côté une femme veut désespérément avoir un bébé et ne peut pas sans l’aide d’une mère porteuse, et de l’autre côté une femme veut vraiment aider sa famille", explique-t-elle, "elles s’aident les unes les autres à créer une nouvelle vie dans ce monde".

En pratique, la mère porteuse est inséminée in vitro avec l’ovule et le sperme du couple. La "location" d’utérus est en plein essor en Inde, selon les spécialistes. S’il n’existe pas de données fiables à l’échelle du pays, des médecins travaillent avec des mères porteuses dans toutes les grandes villes.

La loi indienne l’autorise depuis 2002, comme dans de nombreux autres pays, y compris les Etats-Unis, mais l’Inde a réussi à en faire un commerce viable, grâce aux mêmes atouts que pour les autres domaines de l’externalisation : un vaste réservoir de main d’oeuvre à bas prix.

D’aucuns, comme le Dr John Lantos du Centre de bioéthique pratique de Kansas City, dans le Missouri, s’interrogent toutefois sur la liberté de choix réelle des femmes pauvres qui acceptent une grossesse avec tous les risques afférents, surtout dans un pays à la mortalité particulièrement élevée.

Les patientes du Dr Patel sont généralement informées des risques car beaucoup se connaissent, voire appartiennent à la même famille. Trois soeurs ont ainsi déjà enfanté pour d’autres couples, et leur belle-soeur, enceinte, suit la même voie. Près de la moitié des bébés sont allés à des couples étrangers, les autres à des couples indiens.

Ritu Sodhi, importatrice de meubles à Los Angeles mais d’origine indienne, avait dépensé 200.000 dollars (138.910 euros) pour une fertilisation in vitro sans succès, et était prête à verser 80.000 dollars (€55.563) pour louer les services d’une mère porteuse aux Etats-Unis quand elle est tombée sur le site Web du Dr Patel.

Quelque 20.000 dollars (€13.890) et plusieurs tentatives plus tard, elle et son époux rentraient chez eux avec leur bébé de quatre mois, Neel. Ils prévoient déjà un deuxième enfant. "Même si cela coûte un million, la joie que cela me procure vaut plus que tout l’argent que j’ai pu verser", explique Mme Sodhi.

A la clinique de Kaival, les candidates affluent. Suman Dodia, 26 ans, mère de trois enfants, veut s’acheter une maison avec les 3.125 euros que lui verse par un couple britannique : cela représente 15 ans de son salaire de femme de chambre. C’est la première fois qu’elle est suivie par un médecin pendant sa grossesse. "Je fais plus attention maintenant que quand c’était pour moi", constate-t-elle.

Kailas Gheewala, 25 ans, dit ne pas avoir peur du moment où il faudra remettre l’enfant au couple. "C’est leur foetus, alors je ne suis pas triste de le leur rendre".

Le Dr Patel affirme choisir avec le plus grand soin les couples, qui doivent vraiment se trouver dans l’incapacité de porter l’enfant, et mères porteuses, âgées de 18 à 45 ans, en bonne santé et ayant déjà au moins un enfant.

Dans la résidence des mères porteuses, les femmes reçoivent dans la journée la visite de leur époux et de leurs enfants, et suivent des cours d’anglais ou d’informatique. "Elles se sentent en famille. Les dix premiers jours, c’est difficile mais après elles ne veulent plus rentrer chez elles", assure Rubina Mandul, 32 ans, ex-mère porteuse devenue la gouvernante de la maison.

Sam Dolnick, pour Associated Press.




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