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Les loups et les hommes

Lettre à Dominique Muselet et à d’autres.

Ce n’est pas un gage de bonne santé que d’être bien intégré dans une société profondément malade. (Krishnamurti)

L’homme est un loup pour l’homme.

Chacun a entendu ou lu, de nombreuses fois cette maxime éculée. Juste ou fausse, selon les circonstances, elle imprègne notre interprétation, notre appréciation, notre appréhension d’autrui.

Aux vus et entendus de l’histoire, il apparaît assez clairement que l’homme a su se comporter, au cours de son histoire, comme le pire des prédateurs en face de sa propre espèce.

Jamais, au grand jamais, l’homme n’aura rencontré un prédateur pire que lui-même. Aucune espèce vivante sur cette terre n’a jamais autant fait pire prédation face à sa propre espèce, à l’échelle que l’on connaît.

Depuis la nuit des temps et jusqu’à nos jours, ce problème de coexistence humaine subsiste. S’il n’était advenu diverses formes de civilisations de sociétés en divers endroits de la planète, l’humanité en serait restée au stade de l’anthropophagie. Ici, le propos n’englobe pas les diverses formes d’anthropologie/ethnologie existantes dans des formes plus ou moins pacifiées, mais plutôt marginales et originelles. Non, ici le propos se pose en particulier sur la dérive anthropologique matérialiste de la société occidentale.

Après un stade civilisationel judéo-chrétien évoluant vers une forme encore inachevée de pacification des mœurs qui laissait moins de place aux loups contre l’homme, est advenue, une contre-civilisation, la contre-civilisation des loups du dieu dollar.

Des loups de Wall-Street et cie.

Forts de leurs pouvoirs et de leurs avoirs, ces loups ont investis et subvertis les forces du savoir. Dans un chantage aux besoins naturels de subsistance du troupeau humain, ces loups ont su y adjoindre tous autres besoins artificiels auxquels presque tous les moutons ont succombé d’emblée. A partir de là, les moutons, qui par nature sont d’innocentes, pacifiques et dociles bestioles, se sont accrochés aux artifices compensatoires, quitte à les défendre comme des loups enragés. Dès lors, dans un état de consumérisme matérialiste accompli, tous les moutons se sont mis à se comporter comme des loups, tout en restant des moutons qui s’ignorent.

Déguisés en loups, voilà les moutons qui se mettent à hurler comme des loups, contre les hommes qui veulent juste rester dans leur état naturel et le défendre. Et voilà donc comment les moutons sont devenus des loups pour l’homme libre.

C’est vrai, vous aviez bien raison de me répondre que l’homme est un mouton face au loup et un loup face au mouton. Ma métaphore rejoint ici la votre.

J’espère que ce développement abrégé méritera votre attention.

Feufollet 12.10.21

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Nicolás Gómez Dávila
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