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Les Islandais votent contre le remboursement des dettes

Par référendum, l’Islande a réfusé le règlement de ses dettes au Royaume-Uni et au Pays-Bas

Un peuple qui rejette un remboursement de dettes de son pays, l’affaire n’est pas banale. Les citoyens islandais étaient appelés samedi à se prononcer par référendum sur le remboursement de l’argent prêté par le Royaume-Uni et les Pays-Bas au plus fort de la crise financière, en octobre 2008. La proposition a été rejetée par plus de 93% des voix.

Interrogés sur place par France Info, les fondateurs de l’association à l’origine d’une pétition réclamant le référendum ne s’attendaient pas un tel score. L’un d’eux commente le résultat :

« Les Islandais veulent bien être raisonnables, mais pas se faire avoir. »

Un autre nuance :

« Dites bien que la victoire du non ne signifie pas que nous ne voulons rien payer. »

Pourquoi un tel référendum a-t-il été organisé ?

En octobre 2008, l’Islande est au bord du gouffre. Un riverain de Rue89 nous livre alors un témoignage sur l’état du pays et sur celui de ses finances personnelles :

« Notre pouvoir d’achat fut cryogénisé en l’espace de quelques semaines à peine. La couronne a perdu près de 50% de sa valeur par rapport au dollar en l’espace de 30 jours et le pays enregistre une inflation de l’ordre de 15%. »

La faillite de la banque sur Internet Icesave pèse lourdement dans la crise. Sa maison-mère, l’une des plus grandes banques du pays, est nationalisée avec d’autres.

Les dépôts des clients d’Icesave sont gelés. Or, la banque en ligne avait, en peu de temps et en promettant des taux d’intérêt élevés, réussi à séduire plus de 320 000 clients au Royaume-Uni et aux Pays-Bas.

Face à la situation, ces deux pays décident d’indemniser leurs citoyens et considèrent que cette somme de 3,9 milliards d’euros constitue un prêt à l’Islande.

Comment et quand rembourser cette somme ?

Le Parlement islandais finit par voter fin décembre 2009 une loi, dite Icesave (du nom de la banque), prévoyant un remboursement échelonné entre 2016 et 2024, avec un taux d’intérêt de 5,5%. Mais après le vote de la loi, le Président refuse de la promulguer et décide de convoquer un référendum pour l’avaliser, suivant la demande d’une pétition signée par près d’un tiers de la population.

Ces décisions contradictoires reflètent les deux exigences irréconciliables auxquelles sont confrontés les dirigeants islandais :

La pression internationale. Un retard dans le règlement de la situation affaiblit la position du pays devant le FMI. Le ministre islandais de l’Economie, Gylfi Magnusson, a estimé qu’un report dans des prêts que le FMI et plusieurs pays nordiques doivent lui verser pourrait entraîner une baisse du PIB de 5% en 2010 (au lieu d’une baisse prévue de 2% ou 3%) et coûter ainsi « plus que l’accord lui-même ». Les Pays-Bas viennent également de lier l’adhésion de l’Islande à l’Union européenne au dossier Icesave.

La pression populaire. Certains citoyens islandais sont d’accord pour rembourser cette dette, mais avec des conditions moins défavorables. D’autres se demandent pourquoi payer pour les erreurs des dirigeants des banques. D’autant qu’à l’échelle du pays, la note est lourde, l’équivalent de 40% du PIB islandais. Pour renflouer ses caisses et limiter l’impact du remboursement sur les impôts, l’Islande mise sur la vente d’une grande banque, la maison-mère d’Icesave nationalisée pendant la crise.

En prélude au référendum, les opposants à la loi manifestent à Reykjavik, arborant des pancartes sur lesquelles ont peut lire « Vive la Revolution » (dans le texte), « Icesave my ass » (« Je sauve mes fesses », jeu de mot subtil avec le nom de la banque) ou « Power to the people » (« Le pouvoir au peuple »). (Voir photo du haut)

Pressentant l’échec du référendum, le gouvernement islandais poursuit ses négociations avec le Royaume-Uni et les Pays-Bas. Selon la Première ministre Johanna Sigurdardottir, l’Islande se voit alors offrir un accord plus favorable que celui soumis à la consultation populaire.

Vendredi, dans une interview au quotidien Frettabladid, cette dernière appelle à ne pas aller voter :

« Je pense que [le référendum] est sans signification et c’est très triste que le premier référendum national depuis la création de la république d’Islande porte sur une loi déjà dépassée. »

Aujourd’hui, les négociations entre les trois pays sont à reprendre, « dès la semaine prochaine », espère le ministère des Finances.

http://eco.rue89.com/2010/03/07/le-peuple-islandais-rejette-le-remboursement-des-dettes-141776

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Bernard Stiegler est un penseur original (voir son parcours personnel atypique). Ses opinions politiques personnelles sont parfois un peu déroutantes, comme lorsqu’il montre sa sympathie pour Christian Blanc, un personnage qui, quels qu’aient été ses ralliements successifs, s’est toujours fort bien accommodé du système dénoncé par lui. J’ajoute qu’il y a un grand absent dans ce livre : le capitalisme financier. Cet ouvrage a pour but de montrer comment et pourquoi la relation politique (…)
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