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« Les hopitaux irakiens souffrent de l’occupation » - Nouveau rapport de Dahr Jamail .


Intal, vendredi 17 juin 2005.


Par Dr. Bert De Belder


D’avril 2004 à janvier 2005, le journaliste américain Dahr Jamail a fait des recherches dans 13 hôpitaux irakiens afin d’étudier la situation du système de santé en Irak sous l’occupation américaine. Alors que la situation épouvantable de la sécurité l’a forcé à limiter son étude essentiellement aux hôpitaux de Bagdad, les hôpitaux à l’Ouest, au Nord et au Sud de la capitale sont repris dans ce rapport. Télécharger le rapport en pdf (français)
Lire en ligne le rapport (anglais)

Le rapport documente le manque terrible de matériel auquel sont confrontés les hôpitaux, les effets désastreux du manque de services de base tels que la distribution d’eau potable et d’électricité dans les hôpitaux, et les perturbations des services médicaux dans les hôpitaux irakiens par les forces militaires américaines. En ce qui concerne la disponibilité et le fonctionnement des appareils de radiographie, de ventilation et des ambulances, la situation est critique dans quasi tous les hôpitaux étudiés alors que la livraison de médicaments et de matériel de laboratoire n’arrive que rarement dans tous les hôpitaux. Les militaires américains ont attaqué fréquemment trois des onze hôpitaux étudiés et cinq de façon plus sporadique.

On prétend qu’aujourd’hui, le Ministère de la santé irakien devrait pouvoir travailler de manière indépendante. Il aurait reçu pour cela une promesse de financement pour plus d’un milliard de dollars. Pourtant, les hôpitaux irakiens continuent à être confrontés à un manque de médicaments, de matériel et de personnel sous l’occupation américaine.

De nombreux témoignages de travailleurs médicaux sur le terrain ont confirmé cette situation de crise. Un médecin généraliste à l’atelier de prothèse de l’hôpital Al-Kena à Bagdad, le Dr Thamiz Aziz Abdul Rahman, dit : « Il y a onze mois, nous avons soumis un ordre d’urgence pour du matériel de prothèse au Ministère de la santé, et nous n’avons toujours rien reçu. » Après quelques instants il ajoute : « C’est pire que pendant les sanctions. »

Le Dr Qasim al-Nuwesri, manager en chef de l’hôpital général Chuwader, un des deux hôpitaux dans les quartiers pauvres de Sadr City, à Bagdad, ajoute que là aussi il y avait un manque de la plupart du matériel et, pire encore, d’ambulances. Mais pour ces hôpitaux, c’est le manque d’eau potable qui pose le plus grand problème. L’hôpital de Chuwader a besoin d’au moins 2000 litres d’eau par jour pour fonctionner avec des conditions minimales de stérilisation. D’après le Dr al-Nuwesri, ils ont reçu 15% de cette quantité. « Le reste de l’eau est contaminé et pose des problèmes, tout comme les coupures de courant », ajoute-t-il, « Sans électricité, nos instruments dans la salle d’opération ne peuvent pas fonctionner et nous n’avons pas de pompe pour nous apporter de l’eau. »

En novembre 2004, peu après avoir rasé l’hôpital d’urgence Nazzal, les forces américaines sont entrées dans l’hôpital général de Fallujah, arrêtant employés et patients. D’après les médecins sur place, l’eau et l’électricité avaient été coupées, les ambulances confisquées et les chirurgiens, sans exception, maintenus à l’extérieur de la ville assiégée.

«  J’étais avec une femme en plein travail, le cordon ombilical n’avait pas encore été coupé », raconte le Dr Asma Khamis al-Muhannadi. « A ce moment-là , un soldat a crié à un garde national (irakien) de m’arrêter et de me ligoter les mains alors que j’étais en train d’aider une mère à accoucher ! »

A l’hôpital général de Fallujah, le Dr Mohammed - qui a demandé de ne pas publier son nom par peur de représailles - explique qu’il n’y a eu pour ainsi dire aucune aide de la part des entrepreneurs étrangers, et en parlant des militaires américains il ajoute : « Ils ne nous ont envoyé que des bombes, pas de médicaments. »

Le rapport contient aussi une interview avec le Dr Amer Al Khuzaie, Ministre adjoint de la Santé en Irak. Il attribue le manque de médicaments et de matériel médical à l’échec de la coalition, dirigée par les EU, de fournir les fonds demandés par le Ministère de la Santé. « Nous avons demandé plus de $500 millions pour l’équipement et on ne nous a promis que $300 millions », a-t-il dit, « et encore, ce ne sont que des promesses. »

Dahr Jamail aborde aussi la question de la fuite des cerveaux chez les médecins irakiens ainsi que la situation de santé spécifique aux réfugiés de Fallujah et aux prisonniers.

Le rapport confirme la conclusion de nombreux observateurs que la guerre et l’occupation - et avant cela les sanctions - sont les causes principales de l’état effroyable des soins de santé en Irak aujourd’hui. En tant que force d’occupation, les Etats-Unis étaient obligés de respecter toutes les lois internationales, et en particulier les lois humanitaires et les lois concernant les droits de l’Homme, concernant la situation des soins de santé en Irak. La Quatrième Convention de Genève contient des dispositions spécifiques à cet égard.

Le rapport illustre clairement l’échec lamentable des Etats-Unis d’accomplir ne fût-ce que le minimum de leurs devoirs humanitaires en tant que force occupante. Plus important, il dépeint la situation d’un système de soins de santé qui s’est détérioré depuis le début de la guerre, et l’incapacité de renverser fondamentalement ce déclin. Du point de vue de la santé publique, la fin de l’occupation, avec un retrait programmé de toutes les troupes étrangères, semble être l’exigence principale.

Pour télécharger le rapport complet en pdf (français)

Pour lire en ligne le rapport complet (anglais)

[ Le rapport de Dahr Jamail est publié par le BRussells Tribunal, Médecine pour le Tiers Monde, El Taller Internacional, le Asian Women’s Human Rights Council, l’Association of Humanitarian Lawyers et SOS Iraq. Il fut présenté lors d’une conférence de presse, le 21 juin 2005.]


Dahr Jamail : un homme avec une mission


Vendredi 10 juin 2005


Dahr Jamail est né et a grandi à Houston, au Texas. Il a obtenu un diplôme en communication verbale au Texas A&M University. La perspective et les expériences accumulées pendant un voyage autour du monde ouvrent son esprit et son coeur pour ce monde. En voyageant dans des pays en développement il commence à voir que les gens aux Etats-Unis ont des privilèges non mérités et malhonnêtes.

Dahr part en Alaska, où il habite toujours. Une des influences les plus importantes qu’il ait subies a été pendant qu’il travaillait comme assistant personnel de son ami Duane French, qui avait eu une quadriplégie (paralysie des quatre membres). Les discussions journalières que Dahr a menées avec lui sur la politique l’ont tiré de sa position de luxe classique américaine d’apathie et d’ignorance.

Dahr est poussé encore plus en direction de l’action quand il voit comment le régime Bush a volé les élections présidentielles de 2000, suivi par la réaction militaire au 11 septembre (2001) et finalement l’invasion de l’Irak. Il avait déjà un peu écrit comme freelance pour plusieurs magazines, et après les événements du 11 septembre, il commence à donner une vision alternative sur l’actualité.

Déçu parce que les media aux USA n’ont pas du tout réussi à donner un compte-rendu correct sur ce que la guerre en Irak signifie en réalité pour le peuple irakien et pour les soldats américains. En novembre 2003, Dahr Jamail part sur place pour écrire lui-même un rapport. Ses contributions sont rapidement reconnues comme une source importante.

Aujourd’hui Dahr Jamail écrit pour Inter Press Service, The NewStandard et plusieurs autres media. Ses récits ont été publiés dans The Nation, The Sunday Herald, Islam Online, The Guardian, et en Belgique e.a. dans De Standaard, pour ne mentionner que ceux là . Les récits et les articles de Dahr ont été traduit en Polonais, Allemand, Néerlandais, Espagnol, Japonais, Portugais, Chinois et Arabe. Pour la radio, Dahr est un correspondent spécial pour Flashpoints et travaille pour la BBC, Democracy Now ! et plusieurs autres stations partout dans le monde.

Dahr a passé huit mois en Irak occupé, comme un des rares journalistes indépendants américains dans le pays. Il utilise le site web http://dahrjamailiraq.com et sa mailinglist populaire pour diffuser largement ses articles.

Plus d’infos sur Dahr Jamail : www.newtopiamagazine.net

 Source : Intal www.intal.be



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En finir avec l’eurolibéralisme - Bernard Cassen (dir.) - Mille et Une Nuits, 2008.
Bernard GENSANE
Il s’agit là d’un court ouvrage collectif, très dense, publié suite à un colloque organisé par Mémoire des luttes et la revue Utopie critique à l’université Paris 8 en juin 2008, sous la direction de Bernard Cassen, fondateur et ancien président d’ATTAC, à qui, on s’en souvient, le "non" au référendum de 2005 doit beaucoup. La thèse centrale de cet ouvrage est que l’« Europe » est, et a toujours été, une machine à libéraliser, au-dessus des peuples, contre les peuples. Dans "La fracture (…)
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"cette cloture a été placée pour votre protection. Ne vous en approchez pas, ne tentez pas de la traverser ou nous vous tirerons dessus".

panneau (en anglais) accroché sur une cloture de fils de fer barbelés qui entoure la ville d’Abu Hishma (Irak)

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