Selon la Focus News Agency, reprenant les informations du quotidien bulgare Bulgarian Monitor, le complice du terroriste aurait été identifié.
Le témoin se nomme Ashim Asan. Il a identifié l’individu grâce au portrait robot diffusé par Interpol. Selon lui, le suspect serait un musulman bulgare, doté d’un nom bulgare et originaire de la région montagneuse des Rhodopes.
« Je suis sûr à 100% que j’ai travaillé avec la personne de l’image dans des fondations arabes en Bulgarie dans les années 90, avant que je ne démissionne et que j’informe les services de renseignement. Une des fondations était les Frères Musulmans. A l’époque, le complice portait un nom bulgare. C’est un musulman bulgare issu de la région des Rhodopes. Je sais que cette personne et un autre homme étaient partis s’entrainer en Arabie Saoudite. Je vais faire de mon mieux pour me rappeler quel était son nom. »
Asan a ensuite dit que sur l’image, l’homme n’était pas rasé et un peu plus gros, mais qu’il le reconnaissait toujours. Il a ajouté que le suspect était l’un des hommes les plus proches des dirigeants des fondations.
Ce témoignage, qui semble crédible, est absolument capital dans l’affaire de Bourgas. Alors que, deux heures seulement après les faits, les autorités israéliennes ont pointé du doigt l’Iran et le Hezbollah, aucune preuve tangible n’a jusque là été apportée pour conforter ces accusations vivement dénoncées par ceux qui en sont la cible. Cette révélation sur la possible implication des Frères musulmans et de liens avec l’Arabie Saoudite vient troubler le story-telling de la propagande diabolisatrice engagée depuis déjà plusieurs années contre l’Iran. Et pourtant ce fait, daté du 20 août, a largement été passé sous silence.
En effet, en Bulgarie, la Sofia News Agency et La Gazette du Sud ont évoqué ce témoignage, mais sans parler de la partie la plus croustillante. En Israël, il semble que seul le Yediot Aronot, dans une brève, soit revenu de façon (succincte) sur les révélations d’Ashim Asan. Mais cela est tout de même bien mieux que ce que l’AFP se permet de diffuser comme information...
Dans une dépêche AFP datée du 30 août, soit 10 jours après les faits, il est enfin rendu compte au français de la publication de la photo du suspect, mais sans la prise en compte du témoignage d’Asham Asan qui vient somme toute compliquer les choses. Sauf à penser que les journalistes français n’aient pas accès à Internet, ou bien qu’ils n’aient pas vraiment le temps d’enquêter un minimum, on aurait pu attendre de ceux qui allait s’intéresser à ce sujet qu’ils "fouinent" un peu, au lieu de recopier bêtement les bribes d’information données par l’Agence qui sert de référence aux médias de masse.
Propagande de guerre
L’instrumentalisation de cet attentat bat pourtant son plein. La cérémonie de commémoration des victimes de l’attentat de Bourgas ayant eu lieu à Sofia est un bel exemple de cela. Le vice Premier Ministre israélien Moshé Ya’alon a multiplié les déclarations provocatrices et menaçantes.
La Sofia News Agency a rapporté les propos suivants : « Israël et la Bulgarie ne seront pas en paix et ne se tairont pas jusqu’à ce que tous ceux qui sont responsables de l’attaque terroriste de Bourgas soient punis... Nous les poursuivrons avec fermeté, sans hésiter ou nous poser de question, ainsi que nous avons pu le faire dans le passé. »
Le Yediot Aronot relate d’autres citations, plus édifiantes encore :
« Ce terrorisme provient des alliés de l’Iran, l’organisation meurtrière du Hezbollah. Son objective est de détruire la culture occidentale, d’étendre la révolution islamique, et de rayer Israël de la carte. » Notons qu’ici est repris un élément déjà ancien de la propagande de guerre israélienne, visant à imputer à Ahmadinedjad le fait d’avoir souhaité "rayer Israël de la carte".
« Nous ne devons pas nous voiler la face. Nous devrions imposer des sanctions plus dures et non croire que nous parlementerions avec un régime conventionnel. Nous ne devons pas écarter d’option. Et, avant qu’il ne soit trop tard, nous devons forcer le violent, tyrannique régime iranien à faire face à ce dilemme : la bombe atomique ou la survie. »
Il apparaît donc de plus en plus clair que l’attentat de Bourgas rentre dans la logique israélienne de préparation des esprits à un conflit avec l’Iran. Car si les accusations sont multiples à l’égard de la République Islamique, les preuves elles, continuent d’être recherchées par les enquêteurs internationaux.
L’Iran a d’ailleurs vivement dénoncé,par le biais de son ambassade, l’ingérence israélienne dans ses relations bilatérales avec la Bulgarie : « L’opinion publique en Bulgarie est témoin d’abus de la part de représentants du régime sioniste, visant à compromettre la République islamique d’Iran et à créer des problèmes dans les relations historiques et amicales » (...) Le communiqué stipule aussi que « L’utilisation du terme "terrorisme islamique" dans le discours du vice-Premier Ministre du régime Sioniste dans la synagogue de Sofia, et les accusations de terrorisme contre l’Islam, qui est une religion de paix et d’amour pour l’humanité, se place dans la continuité de la politique d’incitation à la guerre entre les religions de Dieu suivie par les sionistes. »
Quelle est la position de la Bulgarie ?
Jusqu’à présent, Sofia a accepté le mensonge de la version du kamikaze, mais les autorités bulgares ont écarté toute désignation hâtive de coupable. Pourtant, selon le journal libanais Al Jumhuriya, la Bulgarie s’apprêterait à désigner le Hezbollah comme responsable de l’attentat de Bourgas. Ce qui pourrait, toujours selon ce journal, faire que l’organisation chiite soit mise sur la liste noire de l’Union Européenne (ce qu’Israël cherche à faire depuis plusieurs années) et que des sanctions soient prises par l’UE et les Etats-Unis. Ceci pourrait finalement, déstabiliser le Liban.
C’est pourquoi il est nécessaire, ainsi que le rappelle l’ex-agent de la CIA Robert Baer, que la Bulgarie mène seule son enquête : « Vous ne pouvez pas attendre de réponse objective de la part des Etats-Unis et d’Israël. Ces deux pays veulent une guerre contre l’Iran ». Il a ajouté qu’il s’agissait avant tout de rapports de forces entre services de renseignement, et que cela était bien différent d’une véritable enquête de police. Cet expert reconnaît néanmoins que le Hezbollah a été actif en Bulgarie, et pourrait toujours l’être.
Néanmoins, le témoignage d’Acham Asan, et la possible implication des Frères Musulmans et de l’Arabie Saoudite (ou d’un de leur sous-traitant), pourrait venir désamorcer une situation plus que sensible. Encore faudrait-il que ce témoignage soit pris en compte par les enquêteurs, et exploité...
Jonathan Moadab - www.cercledesvolontaires.fr