Les syndicats ont appelé le 17 décembre à la fin de la grève dans les chemins de fer bulgares, après trois semaines de grève. Ils ont trouvé un accord avec la direction qui garantit les salaires des cheminots tout en permettant la réforme de l’entreprise.
Une réforme de l’entreprise pour quoi faire ? Selon Reuters1, « le pays le plus pauvre de l’Union européenne a besoin de réorganiser son réseau ferroviaire et ses piètres infrastructures routières pour attirer les investisseurs étrangers et augmenter les revenus issus du tourisme alors que l’économie ralentit ». Donc une réforme pensée en fonction de l’extraversion de l’économie, dont le bien fondé reste à démontrer. Quel point de vue reflète ainsi l’agence de presse ? Celle de la banque mondiale, des dirigeants du pays, de l’entreprise ferroviaire ?
Un accord avait déjà été signé concernant l’activité « fret » et la direction.
Dans son communiqué, le syndicat des transport Podkrepa estime qu’au plus fort de la grève, ce sont près de 90% des salariés de la société d’exploitation et de celle gérant le réseau ferré qui ont participé activement à la grève. Dès le premier jour de l’arrêt de travail, les employeurs ont mis en oeuvre tout leur arsenal d’outils pour dissuader les salariés d’y participer : les pressions, le harcèlement, le lock-out... alors que la grève était parfaitement légale, ils n’ont pas hésité à traduire en justice leurs salariés.
L’autre confédération, celle des syndicats indépendants dit ne pas vouloir s’en prendre à la partie la plus vulnérable de la population, ni que les retraités ne puissent pas être voir leurs petits enfants à Noël à cause de la grève. Ils estiment qu’ils ont fait la démonstration de leur capacité à mener un tel mouvement.
Les pertes de la société du fait de la grève sont estimée à 1,3 millions d’euros.
Selon la direction de la société d’exploitation, le nombre de grévistes était très faible : « une poignée d’individus » qui ne faisaient pas la grève, mais « exerçait la terreur à l’encontre de l’ensemble de la société bulgare ». Rien de moins ! Elle se targue également que « près de » 1000 salariés ont accepté ce que la société leur propose pour partir : l’équivalent de six mois de salaire.
Compte-tenu du nombre de travailleurs menacés par la première vague de licenciements -2000- c’est donc plus de la moitié des cheminots qui refuse leur licenciement.
La grève des cheminots bulgares repartira-t-elle ? Quelle solidarité européenne, alors que partout le service public des transports (comme tous les services publics) sont menacés ? Que les mêmes schémas se mettent en place : isolement des activités rentables (le fret) et moins rentable (le transport des voyageurs) ; suppressions d’emploi ; absence de prise en compte des besoins réels des usagers, entraînant un appauvrissement de l’économie locale, la désertion des territoires ?
Pouvons-nous continuer à nous battre chacun dans notre isolement, alors que des réponses coordonnées nous donneraient un tout autre rapport de force pour le maintien de nos services publics ?
1 http://www.reuters.com/article/2011/12/17/bulgaria-strike-railways-idUSL6E7NH03F20111217 (traduction)
voir aussi : Bulgarie : une grève des cheminots qui s’installe dans la durée