Ici à Lausanne, on a pas attendu que l’état prenne ses responsabilités et applique ses propres lois. Par exemple, le collectif Jean Dutoit est formé de réfugiés, africains pour la plupart, ces gens que médias et politiques dénigrent totalement en les qualifiant de migrants (sous-entendus économiques, au pays du chocolat, de la montre à quartz et surtout des ultras du capitalisme, c’est plus qu’une insulte) et de dealers (ça c’était pour étouffer le problème posé par une police raciste qui en a tué plusieurs sans aucune forme de procès). Leur spécialité : squatter des immeubles pour au moins avoir un toit, ceci dans un contexte où les autorités leurs refusent toute aide sauf pour les expulser.
Car quand il s’agit de les expulser, là l’état applique ses lois et ceci avec le plus grand zèle dont il est capable, du style un vol spécial pour une mère et son enfant, c’est-à-dire un avion de ligne entier remplis de flics (au moins une dizaine pour une mère et son enfant). Ces vols dits spéciaux s’effectuent dans de telles conditions que l’Autriche les refuse car les réfugiés sortent des avions dans de si mauvaises conditions qu’il n’est pas possible, de l’avis des médecins autrichiens, de garantir leur survie plus que le temps nécessaire à les sortir des avions. Par contre en Suisse, ils ont même trouvé des médecins pour accompagner ces vols spéciaux et leur fournir ainsi une caution de moralité. Ces médecins là ne s’indignent même pas quand un réfugié ne se voit même pas enlever ses menottes pour aller aux toilettes et que la porte reste ouverte. Comme quoi, il n’y a pas besoin d’aller jusqu’en Colombie pour trouver des médecins pourris.
Et il n’y a pas de mendiant à Lausanne. De même que dans d’autres villes de Suisse, la mendicité y est interdite. Problème réglé : si tu mendies pour manger, on ne t’amendes pas, tu la paieras pas, alors on te confisque le peu que tu as, tes quelques sous, ton téléphone, voir tes papiers, ton sac de couchage, tes couvertures, etc, et hop, va voir ailleurs. Si tu es black, on peut même te poser à 4 heures du mat en plein hiver, sans veste et à pieds nus en pleine forêt à une heure de marche de la civilisation, ceci alors que le gars est perdu car il ne sait même pas où il est.
à bas l’état policier !
PS. : il y a quelques mois, le Conseil Fédéral in extenso est venu à Lausanne sur la place St. François. On y était aussi. Le lendemain le 24 heures, quotidien local, a donné les chiffres : moins de 250 badaux, plus de 150 flics. Ils ont photographié la fanfare de dos car prise de face, le monde entier aurait pu lire en gros et en rouge sur leurs instruments "Amicale de la sécurité". Même les musiciens étaient des keufs ! S’ils ont palé de notre action, ils n’ont pas dit que nous étions 40 ce qui laisse environ 200 badaux pour toujours 150 flics. Ils n’ont pas dit non plus que le Conseil Fédéral in extenso, il déplace pas les foules. Par contre les flics, ils étaient tous là.
à bas l’état policier !
La gauche qui est au gouvernement n’a rien pu changer à ces politiques racistes et discriminatoires. Par contre grace à une petite dose d’action directe, nous avons pu faire, avec les Jean du toit, d’autres collectifs et le soutien de Solidarités, qu’une partie de celles et ceux qui sont discriminés jusqu’au bout puissent au moins avoir un toit et un minimum d’aide pour leurs démarches administratives kafkaïennes.
Le cas de la Suisse est particulier. Nous avons le droit de déposer des initiatives et c’est le peuple suisse, le souverain, qui a accepté la politique actuelle en acceptant deux initiatives de l’UDC. Ce même souverain, visiblement adepte de la dictature de la majorité, a également refusé une initiative qui voulait interdire la spéculation sur les matières premières et les denrées alimentaires. Ceci montre qu’au jeu de la propagande électoraliste et politique, la droite, qui a les médias et les capitalistes avec elle, s’en sort bien mieux que la gauche, et que donc dans de telles conditions, la seule solution progressiste est de multiplier les formes d’action directe. En plus cela coûte bien moins cher que de faire campagne et c’est bien plus intéressant car cela permet entre autre de multiplier les rencontres et donc les synergies entre les luttes.