Le ministre de la Justice de l’Union des Comores, Mourad Said Ibrahim, a vivement dénoncé la décision de la France d’accorder l’asile politique à deux proches de Mohamed Bacar, président déchu d’Anjouan (Comores), jugeant que "les dés étaient pipés" dans cette affaire.
"Cette décision est celle de la honte", a déclaré jeudi soir M. Said Ibrahim.
"Je devine que Mohamed Bacar et son frère bénéficieront de ce grand boulevard que leur ouvre l’Etat français (...) les dés sont pipés" dans cette affaire, a-t-il ajouté.
L’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra) a accordé l’asile politique à deux collaborateurs du colonel Bacar, et l’a refusé à six autres, a annoncé mercredi la préfecture de La Réunion, île française de l’océan Indien.
Cependant, l’Ofpra a jugé que ces six personnes ne pouvaient pas être renvoyées aux Comores en raison de risques de persécutions. Elles ont été assignées à résidence jusqu’à ce qu’un pays tiers accepte de les accueillir, a précisé la préfecture.
L’Ofpra n’a pas encore statué sur la demande de M. Bacar lui-même et des autres hommes qui l’accompagnaient.
"Je lance un appel à ceux qui veulent avoir l’asile en France : il suffira de se rendre à Mayotte avec des armes ; un avion Transall de l’armée française vous amène ensuite à La Réunion d’où l’Ofpra vous remet une carte de résident. Et ceux qui ne l’obtiennent pas, on leur trouve un autre pays d’accueil", a ironisé le ministre comorien.
Mohamed Bacar a été renversé fin mars par une opération militaire de l’Union des Comores appuyée par des troupes mandatées par l’Union africaine et soutenue logistiquement par la France.
Il s’était enfui en territoire français, arrivant sur l’île de Mayotte, avant d’être transféré à La Réunion et placé en détention le 5 avril, avec les 22 hommes qui l’accompagnaient.
La Cour d’appel de Saint Denis de la Réunion avait ordonné le 18 avril sa remise en liberté, ainsi que celle de ses hommes. Tous sont assignés à résidence.
Le gouvernement des Comores réclame l’extradition de Bacar, qu’il accuse de "détournements de fonds publics, homicides volontaires, viols, tortures et autres violences contre les habitants d’Anjouan".
AFP