RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher

Les Bouazizi et les bourges

Il existe en Tunisie, qui marquait hier le troisième anniversaire de l’immolation de Mohamed Bouazizi, des désenchantements divers qu’il ne faut pas confondre. Entre l’impatience sociale, très compréhensible, des déshérités du pays profond et les gesticulations d’une bourgeoisie anti-islamiste qui se voit « européenne », on n’est pas dans les mêmes mondes, ni dans les mêmes demandes. Seul un jeu politicien factice où des gauchistes côtoient des haut-bourgeois qui se prennent pour le « Che » a tenté, sans réussir, de les rassembler.

Entre les demandes sociales pressantes – et sans solution immédiate – des pauvres et la volonté d’une bourgeoisie en furie d’en découdre avec les islamistes en s’appuyant sur l’appareil policier – encore intact – de Ben Ali, c’est une sorte de mariage contre-nature entre la révolution et la contre-révolution qui était tentée. C’est un échec.

L’appui ostensible des Occidentaux à la désignation de Mehdi Jomaâ montre que le jeu de cette bourgeoisie qui se veut « européenne », « laïque » et, ce qu’elle ne dit pas, très « anti-peuple », est définitivement classé comme un dangereux infantilisme. Qualificatif qu’on avait plus tendance à affubler les « gauchistes » plutôt que les bourgeois installés. Mais cet attelage politique bizarroïde qui cherche à éviter à tout prix le retour aux urnes – et rêve d’un scénario égyptien – a réussi à faire perdre du temps au pays. Et à alourdir les difficultés du pays profond qui a besoin d’un gouvernement qui travaille, agit et dégage des solutions.

Le pays de Bouazizi est en colère et désenchanté mais par pour les mêmes raisons que les bourgeois de Tunis. Pour les défavorisés, il faut terminer la transition pour avoir un gouvernement qui a les moyens d’agir et à qui ils peuvent, enfin, demander des comptes. Pour les nantis – ou du moins une partie d’entre eux, il faut éviter à tout prix d’aller aux élections et donc de finir avec la transition.
La transition tunisienne ne s’est pas faite dans les délais, c’est une évidence, mais elle n’a pas échoué. En comparaison avec les transitions ratées, celles de l’Algérie hier et de l’Égypte aujourd’hui, les Tunisiens s’en sortent pas mal. Et il faut en attribuer le mérite à toutes ces femmes et hommes politiques, laïcs et islamistes, qui ont gardé la tête froide, pour ne pas se laisser emporter par les manipulations qui n’ont pas manqué. Celles des djihadistes étant les plus visibles cachant le travail de sape que mènent les tenants de l’ancien régime.

Il y a un éloge à faire à cette infinie patience des femmes et des hommes politiques qui ont joué, malgré les tensions et les stratégies de blocage et de sabotage, la carte de la négociation. La Tunisie a la chance d’avoir un syndicat comme l’UGTT qui n’a pas laissé ses penchants politiques ou idéologiques l’emporter sur l’essentiel. Elle a la chance, aussi, d’avoir des femmes et des hommes laïcs, de gauche et des démocrates qui ne considèrent pas que les islamistes sont, apriori, des ennemis. Cela relève d’une conviction, démocratique, très forte, mais également d’un principe de réalité.
On arrive parfois à dégager un tyran, mais un courant ancré dans la population ne se dégage pas. On apprend à vivre avec lui. On lui apprend à vivre avec les autres. À s’astreindre aux règles communes, à accepter les diversités et les divergences. Par le dialogue, par le combat politique et non par la quête d’un autre Ben Ali. Les Tunisiens ont, en définitive, assez bien protégé leur transition. Il leur reste à la finir.

M. Saadoune

»» http://www.lequotidien-oran.com/
URL de cet article 23741
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

CHE, PLUS QUE JAMAIS (ouvrage collectif)
Jean ORTIZ
Recueil d’interventions d’une vingtaine d’auteurs latino-américains et européens réunis à Pau en avril 2007 pour un colloque portant sur l’éthique dans la pratique et la pensée d’Ernesto Che Guevara, une pensée communiste en évolution, en recherche, qui se transforme en transformant, selon les intervenants. Quatrième de couverture On serait tenté d’écrire : enfin un livre sur le Che, sur la pensée et la pratique d’Ernesto Guevara, loin du Che désincarné, vidé d’idéologie, doux rêveur, marchandisé, (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

L’une des choses les plus étonnantes dans le coup monté contre Assange, c’est son audace. Ils savent qu’ils peuvent s’en tirer parce que les grands médias refusent d’en parler.

Matt Kennard

Reporters Sans Frontières, la liberté de la presse et mon hamster à moi.
Sur le site du magazine états-unien The Nation on trouve l’information suivante : Le 27 juillet 2004, lors de la convention du Parti Démocrate qui se tenait à Boston, les trois principales chaînes de télévision hertziennes des Etats-Unis - ABC, NBC et CBS - n’ont diffusé AUCUNE information sur le déroulement de la convention ce jour-là . Pas une image, pas un seul commentaire sur un événement politique majeur à quelques mois des élections présidentielles aux Etats-Unis. Pour la première fois de (...)
23 
L’UNESCO et le «  symposium international sur la liberté d’expression » : entre instrumentalisation et nouvelle croisade (il fallait le voir pour le croire)
Le 26 janvier 2011, la presse Cubaine a annoncé l’homologation du premier vaccin thérapeutique au monde contre les stades avancés du cancer du poumon. Vous n’en avez pas entendu parler. Soit la presse cubaine ment, soit notre presse, jouissant de sa liberté d’expression légendaire, a décidé de ne pas vous en parler. (1) Le même jour, à l’initiative de la délégation suédoise à l’UNESCO, s’est tenu au siège de l’organisation à Paris un colloque international intitulé « Symposium international sur la liberté (...)
19 
"Un système meurtrier est en train de se créer sous nos yeux" (Republik)
Une allégation de viol inventée et des preuves fabriquées en Suède, la pression du Royaume-Uni pour ne pas abandonner l’affaire, un juge partial, la détention dans une prison de sécurité maximale, la torture psychologique - et bientôt l’extradition vers les États-Unis, où il pourrait être condamné à 175 ans de prison pour avoir dénoncé des crimes de guerre. Pour la première fois, le rapporteur spécial des Nations unies sur la torture, Nils Melzer, parle en détail des conclusions explosives de son enquête sur (...)
11 
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.