En 1972, pour le 3e édition de son petit livre Les Stars, Edgar Morin diagnostiquait la mort du star system, dans une vision où son dynamisme était supposé provenir essentiellement du cinéma. “Certes, écrivait-il, l’on imitera encore les stars, mais les modèles ne seront plus forgés par le star system” (Les Stars, éd. Points-Seuil, p. 162).
Question : dès lors qu’une starisation bien imitée produit des effets qui finissent par se confondre avec le modèle original, peut-on vraiment différencier une starisation d’une imitation de starisation ?
L’approche de Morin le poussait à focaliser sur les dynamiques internes de la production cinématographique. Mais la starisation est un phénomène médiatique qui ne prend en réalité sa pleine dimension que dans la mesure où elle s’autonomise et déborde ses origines filmiques.
Le cas Léa Seydoux permet de tester cette hypothèse. Il s’avère que je n’ai pas encore vu la jeune femme au cinéma – ou plutôt, pas consciemment. Je n’avais pas repéré ses apparitions dans Inglorious Basterds (Quentin Tarantino, 2009), Robin des bois (Ridley Scott, 2010), ni même dans Mission : Impossible. Protocole fantôme (Brad Bird, 2011), jusqu’à ce que je vérifie sa filmographie sur Wikipedia. Pourtant, sans rien connaître de ses talents d’actrice, je sais que Léa Seydoux est “la nouvelle star”.
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Un conspirationniste est quelqu’un qui regarde moins la télévision que vous.