Remarque préliminaire
Le syndrome de Laurent Gbagbo chez Moncef Marzouki est apparu publiquement, pour la première fois, lors de sa campagne électorale quand il a choisi comme slogan "On gagne...ou on gagne ! ", slogan qui fut, tout simplement, plagié sur le titre "On gagne ou on gagne" d’une chanson de propagande (voir vidéo ci-dessous) consacrée au régime de l’ancien Président ivoirien Laurent Gbagbo.
https://www.youtube.com/watch?v=MfcG494pK9Y
D’ailleurs, son livre-programme, publié chez Dar Al-Moutawassitya, sentait déjà du Gbagbo dans son titre, à savoir : « On gagne... ou on gagne. Pour un printemps arabe ».
Moncef Marzouki s’est distingué pendant toute sa carrière politique par le brandissement des doigts de la victoire, en toute occasion, et, surtout quand il est perdant ! Par exemple, dans la vidéo de son discours de défaite [1] du 23 décembre 2014 sur le balcon de son quartier général de campagne à l’Ariana, le lendemain de sa mise KO par Béji Caid Essebsi, discours évidemment transmis en direct et en intégralité sur la chaîne qatarie Al-Jazeera dont il est l’un des scribes officiels et l’un des protégés des propriétaires, discours au cours duquel il a annoncé la création de son fameux mouvement baptisé Mouvement du Peuple des Citoyens. Du jamais vu dans les annales des élections politiques : voilà un candidat perdant qui, d’une part, tout au long de son premier discours après l’annonce officielle de sa défaite-par l’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections (ISIE)-n’a pas cessé de brandir les doigts de la victoire (essayez de compter le nombre de fois, vous vous en lasserez !) et, d’autre part, a annoncé la création d’un nouveau mouvement politique ! Sans oublier que ce même Moncef Marzouki avait annoncé, le 20 novembre 2014 sur les ondes d’Express Fm dans l’émission Expresso, son retrait de la vie politique, en cas d’échec à l’élection présidentielle, et ce en déclarant : « Je considérerai que ma mission est accomplie après 30 années de labeur. Je me consacrerai à d’autres domaines, à l’écriture, aux Droits de l’Homme et à la médecine. Je n’occuperai pas d’autres postes au CPR ». Il faut être un Moncef Marzouki pour le faire ! Au cours de ce discours, il a développé, aussi, son thème populiste favori réservé aux auditoires islamistes de toutes catégories, des politiques aux miliciens fascistes des LPR (milices autoproclamées « Ligues de Protection de la Révolution »), thème appelant, implicitement, à la haine, à la violence et à la discrimination, thème qu’il ne développe jamais devant les auditoires et médias non islamistes, et surtout quand ils sont occidentaux, thème diviseur des citoyens, en déclarant, en particulier : « Je demande à tous les démocrates dont le problème est la défense des libertés, des droits et de la dignité et non de la forme superficielle de ce qu’ils appellent le modernisme qui ne se consacre qu’à l’apparence et à la haine de l’identité arabo-musulmane, je leur demande de rejoindre [mon mouvement] » [2]. Faut-il rappeler, dans ce contexte, que Moncef Marzouki fut le candidat de tout le spectre islamiste, depuis les partis politiques reconnus officiellement jusqu’aux mouvements salafistes djihadistes soutiens des terroristes dont il a honoré les chefs en les recevant, plus d’une fois, au Palais présidentiel de Carthage, du temps où il était locataire de ce Palais. C’est, également, au cours de ce discours que Moncef Marzouki, devant sa défaite, a manifesté, encore une fois, le syndrome de Laurent Gbagbo en pointant du doigt plusieurs fraudes et abus qui auraient été constatés lors du scrutin en déclarant « Mon service juridique va présenter demain toutes les remarques relevées sur le terrain et va mettre l’ISIE devant ses responsabilités (...) Le peuple a le droit de connaitre la vérité » [1], et cela, devant une foule en délire chauffée à blanc, hurlant avec force : « Falsifiés, falsifiés, falsifiés », « le peuple veut le dépôt des recours » devant le Tribunal administratif. Moncef Marzouki, dans ce discours caractérisé par une incitation implicite au refus du résultat des élections, a appelé, sournoisement, ses supporters, qui scandaient à plusieurs reprises « Le peuple veut une nouvelle révolution », à se mobiliser partout à travers le pays « pacifiquement » et à faire preuve de vigilance pour faire échec au retour de l’ancien régime, un des autres thèmes favoris de sa campagne, et, par « ancien régime », il sous-entend ses adversaires politiques victorieux des élections qu’il vient de perdre, comme il l’a exprimé de manière transparente, explicitement et à plusieurs reprises, aujourd’hui samedi 25 avril 2015, lors d’une interview accordée à la chaîne Alaraby TV [3]. Mais, ses supporters, dans certaines régions du pays, avaient bien compris leur candidat (mauvais) perdant et n’avaient retenu que l’implicite, puisque, dès l’annonce des résultats officiels, plusieurs émeutes ont éclaté, les contestant, dont le bilan fut une vingtaine d’agents de sécurité grièvement blessés et plusieurs postes de Police et de la Garde nationale incendiés. Faut-il encore rappeler, dans ce cadre, pour les non-initiés, que Béji Caid Essebsi, le gagnant de ces élections avec un score de 55,68%, fut le candidat de tous les courants anti-islamistes, tous positionnements politiques confondus. L’amertume de la cinglante défaite de Moncef Marzouki, corroborée par ce score, en a fait un aigri politique jusqu’à oser affirmer, quant au rendement du gouvernement actuel en poste depuis moins d’un trimestre : « Je ne suis pas satisfait du rendement du gouvernement [Essid] et je crois qu’il n’existe aucune personne en Tunisie qui en soit satisfait » (voir [3], de la minute 33 :05 à la minute 34 :15). Décidément, il continue à se prendre pour le messie et à prendre les tunisiens pour des benêts, surtout auprès de ses médias chéris étrangers dont font partie la chaîne qatarie Al Jazeera de propagande islamiste, et même djihadiste, et l’agence de presse turque « Agence Anadolu », appelée aussi « Agence Anatolie ». C’est du n’importe quoi, pour ne pas dire autre chose ! Et, lui, a-t-il fait mieux en plus de trois années à la magistrature suprême, à part couvrir et honorer les salafo-djihadistes et leurs soutiens et semer la discorde et introduire la mésintelligence parmi les citoyens ! Lui qui se targue, auprès de qui veut l’entendre, d’être, depuis toujours, un défenseur des droits humains agissant au-delà des frontières de son pays, lui le chroniqueur attitré de la chaîne Al Jazeera sur ces droits, comme le montre, par exemple, son article كيف نكون أحرارا؟ - الجزيرة ( = Comment être libre ?-Al Jazeera), pendant son mandat de président (ou bien avant, ou bien après), a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole au sujet des conditions esclavagistes dans lesquelles vivent les 2/3 des habitants du Qatar, pays de l’apartheid par excellence, ces 2/3 d’habitants constitués par cette sous-classe de travailleurs immigrés ghettoïsée, marginalisée dans la vie de la cité et surexploitée, a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole en soutien au jeune poète qatari Mohammed al-Ajami, alias Ibn al-Dhib, condamné dans son pays à la perpétuité pour avoir écrit en 2011 un poème ayant pour titre "Poème du Jasmin" où il rendait hommage à la Révolution Tunisienne, exprimant l’espoir que le changement puisse toucher d’autres pays arabes en clamant "Nous sommes tous la Tunisie face à une élite répressive", a-t-il écrit au moins un mot ou prononcé au moins une parole en soutien à Mahmoud Bouneb, ce citoyen tunisien, journaliste d’Al-Jazeera, otage d’une injustice, détenu au Qatar depuis le mois de septembre 2011, qui serait victime de Cheikha Mozah du Qatar dans une affaire de gros sous [4], et j’en passe et des meilleurs ! Autrement dit, lui et les Droits humains, à l’instar de sa protectrice Cheikha Mozah [qui est, aussi, Présidente de la Fondation Arabe pour la Démocratie, domiciliée à Doha, capitale du Qatar, et membre étranger de l’Académie Française des Beaux-Arts (Eh ! oui !)] et les Droits humains, c’est « Paroles, paroles, paroles et encore des paroles ».
Quant aux fraudes et abus dont il est question ci-dessus, le verdict est tombé ce jeudi 23 avril 2015 par la publication du Rapport de l’ISIE relatif au déroulement des élections législatives et présidentielles 2014, Rapport qui a recensé toutes les fraudes à la loi électorale commises par tous les candidats [5]. Et, en haut du podium des contrevenants, qui trouve-t-on ? Eh bien le candidat qui s’est le plus plaint des abus et infractions, à savoir Moncef Marzouki ! Dans le palmarès de ce champion des fraudes et abus, le Rapport de l’ISIE cite l’affichage illégal, la publicité politique et de campagne électorale en dehors des lieux autorisés, comme les administrations publiques, l’appel à la haine, à la violence et à la discrimination, le non-respect du silence électoral, les sms envoyés le dernier jour pour inviter les gens à voter pour lui, l’utilisation exagérée des moyens de l’État dans sa campagne électorale tels que les véhicules du ministère de l’Intérieur, de la présidence de la République et de la Société nationale des transports, la mobilisation d’un nombre impressionnant d’agents des forces de sécurité intérieure et de la sûreté présidentielle pour assurer ses déplacements.
Aujourd’hui Samedi 25 avril 2015 s’est tenu au Palais des Congrès à Tunis le premier congrès du Mouvement du Peuple des Citoyens. À cette occasion, Moncef Marzouki a prononcé un long discours, populiste comme à son habitude, au cours duquel, malgré le Rapport de l’ISIE qui l’a classé champion des fraudes et abus, il a déclaré avec un culot inouï : « Nous ne pouvons pas nous taire devant les graves fraudes que les élections [législatives et présidentielles de 2014] ont connues et il est nécessaire que la justice, qui a été saisie du problème, se prononce sur cette question et il est nécessaire que l’opinion publique connaisse tous les détails de ces fraudes afin que la neutralité de l’administration et des médias soient garantie et afin que ces mêmes erreurs ne se renouvellent pas dans l’avenir ». De plus, pour plaire à ses électeurs islamistes et à leur protecteur, le Qatar, il n’a pas hésité à brandir la « Main de Rabaa » (ou « Main de Rabia », la main droite levée avec le pouce reposant sur la paume), geste qui représente un soutien inconditionnel à la confrérie des Frères musulmans [6]. Il ne s’agit pas d’un geste improvisé, puisqu’il est annoncé, par écrit, dans le chapitre sur les affaires étrangères du texte de son discours rédigé à l’avance, texte que l’on peut retrouver intégralement dans [7]. Comme c’est parti, après le brandissement des doigts de la victoire, Moncef Marzouki va se distinguer, maintenant, par celui de la « Main de Rabaa ». Mais, ce que les islamistes de tous bords attendaient probablement de lui, quand il était aux affaires, quand il sillonnait le monde, du Parlement européen à l’Assemblée générale des Nations Unies, de réunion ou conférence internationale à réunion ou conférence interrégionale,..., lui le Président-voyageur qui en 2 ans a voyagé plus que le Président déchu Ben Ali en 23 ans [8], ce qu’ils attendaient de lui, c’est qu’il ait le courage de brandir la « Main de Rabaa » devant ces illustres auditoires et leurs médias. Et, il ne l’a pas fait (et, il n’osera jamais le faire), car, cela aurait nui à son fonds de commerce de droit-de-l’hommiste en faillite très avancée qu’il essayait de faire fructifier frauduleusement auprès des étrangers, essentiellement non arabo-musulmans.
Salah HORCHANI