Le Sarkophage n° 24

Dans cette livraison du Sarkophage n° 24, Paul Ariès envisage un second tour Strauss-Kahn/Le Pen pour 2012 : « L’élection de Marine Le Pen à la tête du FN rend vraisemblable l’adoption d’un scénario à l’italienne caractérisé par un rapprochement des différentes droites. […] Sarkozysme et lepenisme sont les produits d’une même révolution conservatrice mondiale. »

Les pauvres en France sont désormais « à l’abandon » (Jean Peneff et Moustapha El Miri) : les auteurs espèrent que « dans les formes de survie économique peuvent apparaître des façons de vivre à cultiver ». Ce qui est difficile pour des ménages qui disposent de 50 euros par jour : « ils ont peut-être des droits citoyens, « mais pas les moyens pratiques de les exercer ».. Les auteurs critiquent le manque d’action des syndicats : « Si elles revenaient à leur histoire, les grandes centrales prendraient en charge cet énorme problème que les classes moyennes du caritatif ou des services sociaux ne savent pas saisir, l’abandonnant plutôt aux bons sentiments et au déclamatoire, préférant jouer des symboles du spectacle et des actions médiatiques dans les manifs. »

Véronique Perrot envisage un remaniement de la famille » : « La gauche a longtemps eu des comptes à régler avec l’institution familiale. Et si aujourd’hui c’était la famille qui avait des comptes à solder avec cette gauche-là  ? Peut-on penser la famille comme un élément de résistance ? Le débat est ouvert, comme celui sur l’école. »

De manière cinglante, Laurent Paillard décrypte la prose de Luc Ferry (" Ferry Games " ), tout en cynisme et en perversité. Qu’attendre d’un " flicosophe " qui préfère Marine Le Pen à Stéphane Hessel. A l’indignation du grand résistant, le partisan mondain de l’ordre établi préfère l’indifférence et le renoncement (« Peut-on s’indigner contre la loi de la pesanteur ? »).

En grande forme, le même Paillard (" Le coin des sophistes " ) critique la politique du représentant de commerce de l’Oréal, actuellement ministre de l’Éducation nationale, une politique se résumant à l’accompagnement personnalisé pour chaque élève, qui « fonctionne comme un gadget que l’on reçoit en prime lors d’un achat pour faire oublier la médiocrité du produit », mis en place non par des " enseignants " mais par des " accompagnants d’élèves en fin de scolarité " .

Jean-Claude Génot explique pourquoi la nature est « malade de la gestion ». La nature est envahie par le discours managérial, « alors qu’elle n’a besoin que de temps et d’espace, l’un nous apportant l’équilibre et l’autre la liberté ».

Pour Anselme Jappe, suffit-il d’être « tous contre la finance » ? « La toute-puissance de la finance n’est pas la cause des turbulences mais le symptôme d’une crise de toute la société capitaliste.

Un peu dans le même esprit, Pierre Dardot et Christian Laval expliquent brillamment comment le néo-libéralisme s’est imposé comme « la nouvelle raison du monde » par « l’universalisation du modèle de l’entreprise, l’extension à l’individu de la problématique gestionnaire du capital (« " capital humain " ).

Un article très argumenté de Guy Martin sur les prisons « usines à délinquance » : « L’oligarchie mondiale a besoin de la peur. Elle a besoin de la délinquance. Elle justifie le renforcement des systèmes répressifs, mais aussi l’enfermement d chacun chez soi. Sarkozy ne manque jamais de jouer sur la peur, d’invoquer les criminels. […] la prison plonge le délinquant dans un milieu aux antipodes du contrat social, où le rapport de force prévaut et où davantage de violence sont commises que dans n’importe quel autre lieu de la vie civilisée. […] dans certains états des États-Unis, un habitant sur cent est en prison. »

Francis Calmet et Simon Cottin-Marx s’intéresse à l’immeuble de la Marquise du 1bis Place des Vosges. La justice a condamné les étudiants squatters de cet immeuble abandonné à 80000 euros d’amende. Une paille ! « Comme si un propriétaire qui laisse un immeuble vide pendant dix ans, sans entamer aucune procédure pour louer ou vendre, pouvait prétendre à un quelconque préjudice quand des mal-logés l’occupent ! »

Une fort utile réflexion de Georges Corm : « Comment l’idéologie libérale s’est emparée des esprits » : « Comment comprendre que les peuples ne se révoltent pas davantage ? Comment comprendre la victoire de la révolution conservatrice mondiale ? Pourquoi tant d’anciens militants de gauche se sont-ils ralliés au système ? » Voir aussi cet article sur le dernier livre de Georges Corm : http://www.legrandsoir.info/George-...

Un entretien très enrichissant entre Alberto Acosta, Matthieu Le Quang et Paul Ariès sur la différence entre le bien être (qui détruit la planète) et le buen vivir qui nous renvoie aux jours heureux du programme du CNR.

Pour Rodolphe Durand et Jean-Philippe Vergne, le capitalisme et la piraterie ne sont pas ce que l’on croit. Est-ce que le capitalisme est un renouveau de la piraterie, où bien est-ce l’inverse ?

A propos de de Villepin, Le Sarkophage nous invite à nous souvenir qu’il fut l’inventeur du CPE et qu’il a considérablement réduit la progressivité de l’impôt sur le revenu.

Le Sarkophage donne la parole au Comité Anti-Olympique Annecy : « L’idéologie du sport est un élément central du productivisme avec la sportivisation de nos existences, avec la notion managériale de capital humain, avec la maltraitance du corps des sportifs, avec aussi les retombées négatives sur le plan environnemental, social et humain des territoires concernés. » Il s’agit également de « vendre des projets délicats à une population qui aura du mal à les combattre. »

Pour Christine Bergé, le nucléaire (article rédigé avant la catastrophe japonaise) n’est ni invisible, ni inodore, ni inoffensif : « Une centrale ressemble à une basilique conçue comme un hymne à la technologie sur un registre quasi religieux, centrale capable de renouveler éternellement son aliment de combustion. »

COMMENTAIRES  

23/03/2011 08:35 par desobeissant

Pendant que les repliques se poursuivent rendant hypothetique tout bricolage des centrales en fusion et que les autorités reconnaissent que l’eau potable a Tokyo est polluée :

SANS GREVE GENERALE MONDIALE ILLIMITEE DES TRAVAILLEURS DU NUCLEAIRE POUR IMPOSER UN FONCTIONNEMENT SUR,CONTROLE ET ELABORE PAR LES TRAVAILLEURS,afin d’organiser la fermeture generale, ça continuera jusqu’a la catastrophe totale.

L’occupation de l’AIEA a Vienne et la divulgation de tous les rapports secrets serait un bon debut.

PDF : Status of Fukushima Nuclear Power Plant March 22 (from Japanese Atomic Industrial Forum)

http://whatreallyhappened.com/

http://www.jaif.or.jp/index.php

..... Mais l’information existe, elle est classée secret défense. Nous possédons un satellite militaire Hélios qui voit en infrarouge la température d’un moteur de char ou l’activité des centres atomiques souterrains iraniens, de plus sa résolution photographique est décimétrique alors ce satellite qu’a t-il vu ?

http://sciencepourvousetmoi.blogs.nouvelobs.com/archive/2011/03/21/fukushima-suite-15-le-coeur-du-reacteur-n-3-est-il-a-l-air.html

L’INSECURITE NUCLEAIRE :

Japon : un ministre aurait "forcé" les pompiers à se rendre à Fukushima

OSAKA (Japon) - Le ministre japonais de l’Industrie a présenté mardi des excuses après avoir, selon des médias, menacé de "punir" les pompiers qui refuseraient d’intervenir à la centrale de Fukushima où les doses de rayonnements radioactifs sont très élevées.

"Si mes paroles ont offensé les pompiers (...), je veux m’excuser", a déclaré dans une conférence de presse Banri Kaieda, cité par l’agence Kyodo.

Le ministre a toutefois refusé de confirmer qu’il avait bien menacé de "punir" les sapeurs-pompiers qui refuseraient d’accomplir leur mission périlleuse d’arrosage des installations nucléaires endommagées. Cette opération est censée refroidir le combustible alimentant les réacteurs.

M. Kaieda est le chef-adjoint de la cellule de crise présidée par M. Kan qui tente de trouver des solutions à la série d’avaries à la centrale accidentée de Fukushima et d’éviter une catastrophe majeure.

Pour combattre le pire accident nucléaire de l’histoire japonaise, les pompiers de Tokyo ont dans la nuit de vendredi à samedi mis en service depuis des camions des canons à eau à quelques mètres des réacteurs accidentés.......

22 mars 2011 07h49

http://www.romandie.com/ats/news/110322064945.eq1xitgh.asp

Japon : la Bulgarie transfère son ambassade à Fukuoka

SOFIA - La Bulgarie transfère provisoirement son ambassade de Tokyo à Fukuoka, à un millier de kilomètres au sud-ouest de la capitale japonaise où une hausse du taux de radioactivité a été enregistrée, a annoncé le ministère des Affaires étrangères mardi.

La porte-parole du ministère, Vessela Tcherneva, a notamment évoqué "une augmentation des risques de radiation" pour les quatre diplomates demeurés à l’ambassade bulgare, à la suite de l’accident dans la centrale nucléaire de Fukushima, à 250 km au nord de la capitale.

Le consulat bulgare à Tokyo restera ouvert, a-t-elle indiqué.

Sofia enverra un nouveau consul en remplacement du consul général Tchavdar Gradinarov, qui a quitté Tokyo avec sa famille après l’accident sans autorisation du gouvernement bulgare.......

22 mars 2011 12h52

http://www.romandie.com/ats/news/110322115248.murmnydx.asp

«  Nous qui travaillons en zone à risques, notre crainte, c’est de rester enfermés dans la centrale »

Entretien avec Philippe Billard, salarié sous-traitant du nucléaire, militant CGT, président de l’association Santé et Sous-traitance.

Que vous a-t-on dit qu’il pourrait se passer en cas d’accident ?

Nous ne parlons jamais du risque d’accident. EDF ne dit rien là -dessus. Nous savons simplement que, s’il y a un accident, nous n’aurons pas le choix, il faudra y aller. Enfin, c’est ce que je me dis.

Il est pourtant prévu que ce soit des volontaires qui s’en chargent.

Je voudrais bien les voir, les volontaires, le jour J… Mais nous qui travaillons en zone à risques, notre crainte, c’est pas tellement ça. C’est de rester enfermés dans la centrale. Car ce sont les sous-traitants qui travaillent dans les machines, du côté des réacteurs. Or, ces réacteurs sont isolés par des sas. Les portes en ferraille de ces sas font 15 centimètres d’épaisseur. Si une alerte est lancée, elles se ferment. Et qui reste à l’intérieur ? On y pense à ça, absolument.

Que disent vos employeurs à ce sujet ?

Personne ne veut répondre à nos questions, Déjà , quand je pose des questions sur la santé au travail, en CHSCT, les responsables changent de sujet. Ils préfèrent nous donner la liste des campings des environs que de prendre en compte nos demandes.

Par exemple, au début, quand j’ai commencé à travailler dans le nucléaire, nous n’avions pas de dosimètre pour mesurer les doses auxquelles on s’exposait. Or, il y a une intervention pendant laquelle, chaque année, nous prenons des doses neutroniques, qui sont bien plus élevées que les doses de rayonnement ionisant habituelles. Ca se passe au moment où nous évacuons dans des containers les éléments usagés stockés dans les piscines. Quand nous les décontaminons, nous sommes traversés par le flux neutronique. Comme je ne sais pas combien j’en ai pris depuis que je travaille, je demande à EDF de faire les calculs et de mettre en place un suivi médical adapté. C’est peine perdue…

Le fait de changer de centrale régulièrement, pour les sous-traitants, vous paraît-il dangereux ?

Bien sûr. Je me souviens d’un salarié qui arrivait d’une autre centrale, en renfort. On ne lui a pas laissé le temps de se reposer, de prendre connaissance des lieux. Il a foncé. Il s’est trompé de tranche : au lieu d’intervenir sur des machines au repos, il s’est attaqué à une machine en activité. Il s’est pris un organe de la pompe en pleine figure, il a perdu un oeil.

Et en termes de sécurité nationale ?

Si le nombre d’incidents dans les centrales est en augmentation depuis quelques années, c’est dû à l’usure des machines, mais aussi aux conditions de travail des sous-traitants. Parfois, nous n’avons pas le temps de finir notre intervention qu’on reçoit un nouvel ordre de mission de notre employeur - la société de sous-traitance- pour partir sur une autre centrale. Une fois, des gars ont même oublié un échafaudage à l’intérieur d’un condensateur.

Vous échangez entre vous, pour savoir dans quelle centrale, ou à quel endroit précis, il faut faire attention ?

On se refile les tuyaux. On sait très bien qu’il y a des tranches qui pètent plus que d’autres. Je pense à une tranche, dans une centrale que je connais bien, où les ruptures de gaines sont fréquentes, et où les intervenants prennent des doses.

Mais, quoi qu’on fasse, on est des bêtes à doses. Les agents EDF sont devenus les gendarmes du nucléaire : ils ne font que contrôler les sous-traitants. Ils ne pénètrent jamais dans certaines zones, celles où tu prends le quart de ta dose annuelle en deux minutes.

Propos recueillis par Elsa Fayner

http://voila-le-travail.fr/2011/03/21/nous-qui-travaillons-en-zone-a-risques-notre-crainte-cest-de-rester-enfermes-dans-la-centrale/

Entretien
Nucléaire : «  Nous faisons face à une machine démesurée »

Par Ivan du Roy (18 mars 2011)

«  Le nucléaire devient une abstraction. Comment garantir la sécurité d’une abstraction ? », s’interrogeait en 2006 le journaliste Jean-Philippe Desbordes, auteur du livre Atomik Park. Fruit de 13 ans d’enquête, l’ouvrage décrit l’impact sanitaire, des vétérans des essais nucléaires français et états-uniens aux ouvriers du nucléaire d’EDF, en passant, bien sûr, par les «  liquidateurs » de Tchernobyl. Dans cet entretien, initialement publié en 2006, l’auteur analyse comment nous avons donné les moyens à la «  machine nucléaire » de diriger le sens de la vie......

http://www.bastamag.net/article83.html

Le Nikkei finit en baisse de 1,65% à cause de l’eau de Tokyo

L’indice Nikkei de la Bourse de Tokyo a clôturé mercredi en baisse de 1,65%. Le résultat a été plombé en fin de séance par l’annonce que l’eau du robinet de Tokyo était impropre à la consommation pour les bébés à cause des fuites radioactives de la centrale nucléaire accidentée de Fukushima.

L’indice Nikkei a perdu 158,85 points, terminant à 9449,47 points. L’indice Topix de tous les titres du premier tableau, qui concerne un nombre plus étendu de secteurs, a perdu pour sa part 0,81%, abandonnant 7,03 points à 861,10 points.

ats / 23 mars 2011 07:50

http://www.romandie.com/infos/ats/display.asp?page=20110323075012530172019048164_brf015.xml&associate=phf2689

24/03/2011 11:25 par Mengneau Michel

Bernard, juste un point de détail, c’est le N° 23 et non 24, je l’ai sous les yeux et je conseille aux lecteurs de lire. La dernière fois il y avait le même décalage puisque le 22 était annoncé 23.

Cordialement Michel M.

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