Il y a six ans, Julian Assange, fondateur de Wikileaks, s’est réfugié à l’ambassade de l’Equateur à Londres pour demander l’asile contre une éventuelle extradition vers les Etats-Unis et d’être inculpé en vertu du US Espionage Act.
A l’époque, Assange, un ressortissant australien, était recherché par la Suède pour des interrogatoires concernant des allégations d’infractions sexuelles. Assange avait également violé les conditions de sa libération sous caution au Royaume-Uni. Depuis lors, il est devenu encore plus controversé, ayant publié les courriels de la secrétaire d’État américaine Hillary Clinton et les courriels internes de responsables du Parti démocratique.
Alors que certains admirent et d’autres méprisent Assange, personne ne devrait être poursuivi en vertu de l’ancienne Loi sur l’espionnage pour avoir publié des documents gouvernementaux ayant fait l’objet de fuites. Cette loi de 1917 a été conçue pour punir les personnes qui ont divulgué des secrets à un gouvernement étranger, et non aux médias, et ne permet aucune défense ou atténuation de la peine au motif que l’intérêt public servi par certaines fuites peut l’emporter sur toute préjudice portée à la sécurité nationale.
L’enquête du grand jury américain sur Assange en vertu de la loi sur l’espionnage était apparemment fondée sur la publication des fuites pour lesquelles Chelsea Manning, un ancien soldat de l’armée américaine, a été condamné. Sa peine a été commuée.
La publication de fuites - en particulier les fuites qui révèlent des actes répréhensibles de la part du gouvernement ou des violations des droits de la personne - est une fonction essentielle d’une presse libre dans une société démocratique. Les dispositions vagues et générales de la loi sur l’espionnage peuvent toujours être utilisées contre d’autres éditeurs et journalistes, qu’il s’agisse de Wikileaks ou du New York Times.
Assange a accepté de se rendre à la police britannique - mais seulement s’il recevait des assurances contre l’extradition vers les États-Unis, où il risque la prison à vie. Il a également proposé de comparaître en Suède si la Suède offrait des assurances similaires
En 2016, le Groupe de travail des Nations Unies sur la détention arbitraire a estimé que le séjour d’Assange à l’ambassade équatorienne, forcé par l’alternative de son extradition potentielle vers les États-Unis, était une privation arbitraire de liberté. L’Équateur, offensé par les commentaires politiques d’Assange, lui a refusé cette année l’accès à Internet et des visiteurs, autres que des contacts occasionnels avec ses avocats. L’Équateur a refusé à Human Rights Watch la permission de lui rendre visite en mai prochain. Son absence d’accès aux soins médicaux est de plus en plus préoccupante. Son asile est de plus en plus difficile à distinguer d’une détention.
Le Royaume-Uni a le pouvoir de résoudre les problèmes liés à son isolement, à sa santé et à son enfermement en éliminant la menace d’extradition pour avoir publié des fuites dignes d’intérêt. Il devrait le faire avant qu’une autre année ne passe.
Dinah PoKempner
Avocate chez Human Rights Watch
19 Juin, 2018
Traduction "pas mal, mais pas de remarque sur le fait que les Etats-Unis puissent ne serait-ce que prétendre obtenir son extradition ?" par Viktor Dedaj pour le Grand Soir avec probablement toutes les fautes et coquilles habituelles.