Salut Robess73,
Je ne connais pas l’AEC en détail, n’ayant pas tout lu. J’ai beaucoup écouté JLM en 2017. Magnifique campagne, dure à reproduire cette année en raison des circonstances. Je l’écoute moins aujourd’hui parce qu’il m’a déjà convaincu.
Je précise que je ne suis pas militant, que les seuls actes de militance, je les fais ici, sur Le Grand Soir.
La force du programme est qu’il est entièrement fait par et pour le peuple. C’est la perspective de la Constituante et de la Sixième République qui mettra derrière nous cette Cinquième qui ne fonctionne pas, si seulement elle a fonctionné un jour. Le retour des Services Publics, la focalisation sur la santé et l’éducation, fondements de la société. Sa force, c’est aussi la volonté de percevoir des nations que la propagande nous a toujours décrites comme des menaces de manière bienveillante et comme des partenaires. Et en premier lieu de quitter cette OTAN dont l’existence ne se justifie plus que pour servir de camouflage international à l’empire américain déclinant et à ses manigances.
Sa faiblesse principale est qu’il est trop idéaliste, voire utopiste sur certains aspects. Le glissement vers les problématiques écologiques ont un moindre écho parmi les classes populaires. En effet, on ne peut se préoccuper de son environnement qu’à partir du moment où l’on est sorti de la gangue des problèmes de la vie quotidienne. Les gens ne se soucieront réellement d’écologie que quand ils auront retrouvé la dignité qu’offre un travail décemment rémunéré, l’espoir d’un avenir pour leurs enfants et la confiance dans un système de santé solide assis sur les bases de la Sécu, dans l’esprit du CNR. Que tout cela soit inscrit dans le marbre, intouchable, mis à l’abri de l’avidité des vautours.
Par exemple, je doute, dans les limites de mon expertise sur la question, de la faisabilité d’une fin du nucléaire et de son remplacement par des parcs d’éoliennes ou de je ne sais quoi d’autre. Les besoins en énergie sont trop gigantesques, surtout lorsqu’on promeut dans le même temps une ré-industrialisation de la France. Le seul moyen de remplacer l’énergie atomique, c’est de développer la recherche. En l’état, il n’y a rien qui existe qui puisse parvenir au niveau de production actuel. Rien n’empêche les expérimentations locales ou le développement de réseaux alternatifs pour des besoins locaux, mais à moins d’un retour à une existence simple dépourvue de technologie, c’est fumer la moquette que de croire pouvoir maintenir les modes de vie actuels en faisant tourner d’affreuses hélices sur des pylônes même en pleine mer. Il est clair que dans ce cas précis, JLM prône une chose et son contraire. Mieux vaudrait s’assurer du bon fonctionnement et de la sécurité des centrales actuelles jusqu’au moment où on trouvera plus propre et plus sûr.
Il y a sans aucun doute d’autres lacunes dans le programme de la FI, lequel n’en comporte pas ?
En ce qui concerne les positions de JLM sur l’UE, j’ai déjà donné mon point de vue que je considère potentiellement erroné.
Les candidats attaquant frontalement l’appartenance de la France à l’UE et proposant le Frexit sont aux ras des pâquerettes car invisibilisés. En outre, la popularité d’une telle idée reste à prouver. Je crois que la FI a pris tout cela en compte, d’où son apparent recul sur la question. De toute façon, on sait tous très bien que si ces candidats ramassent assez de parrainages pour entrer dans la course, ils plafonneront à 1 voire 2% grand max. Il est donc parfaitement inutile de voter pour eux, c’est même contre-productif. Par contre, on a plus de chance de faire évoluer les mentalités sur la question du Frexit en votant pour Mélenchon. On ne peut en effet nier que son éventuelle élection conduira à une opposition frontale des instances européennes lorsqu’il s’agira de l’application du programme de l’AEC, les rendant de facto impopulaires à une échelle bien plus large et sous une lumière bien plus crue qu’elles ne le sont aujourd’hui. Si Mélenchon veut renflouer les budgets de la santé et de l’éducation, s’il veut augmenter le SMIC, s’il veut renationaliser telle ou telle société, s’il veut taxer les plus riches, s’il veut remettre en état les services publics, s’il veut limiter la mainmise de la classe patronale sur les médias... mais que l’UE l’en empêche, que croyez-vous qu’il adviendra ? Je ne crois pas une seconde que Mélenchon soit Tsipras. Un vieux renard ne se compare pas à un perdreau ; la France n’est pas la Grèce. De plus, on connaît l’aversion de JLM pour le diktat allemand... S’il y a effectivement de grandes chances pour que le programme de la FI soit inapplicable du fait des obstacles que l’UE ne manquera pas de semer sur sa route, il n’en reste pas moins que c’est la meilleure recette pour rendre cette soit-disant union détestable par un nombre grandissant de citoyens. On franchira ainsi de plus grandes distances sur la route qui mène à la fin de l’UE qu’en glissant dans l’urne des bulletins pour les minuscules candidats de l’UPR, du PRCF ou du PARDEM qui pour les deux derniers au moins sont davantage porteurs de division que d’espoir.
Quant à voir en JLM un homme du compromis social-démocrate, c’est refuser de voir ce qui est déjà évident. Il refuse toute union autre que celle dont le préalable est l’allégeance au programme de l’AEC. Si son but était de gagner, il ferait l’union de la gauche tant attendue par la bourgeoisie parisienne rive gauche. Je pense que JLM a une trop haute opinion de lui-même pour se trahir ainsi. Il préfèrerait une grande défaite qu’une petite victoire.