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Le président Trump annonce une nouvelle stratégie de sécurité nationale aux États-Unis (Strategic Culture)

Le président Donald Trump a annoncé, le 18 décembre, sa nouvelle stratégie de sécurité nationale (NSS). Le Congrès donne le mandat à chaque administration de définir sa politique en matière de sécurité nationale. Le NSS est un document officiel que chaque président des États-Unis produit depuis 1987, habituellement tous les quatre ans, conformément à la loi Goldwater-Nichols.

Dans son discours, le président a déclaré que les Etats-Unis étaient entrés dans une nouvelle ère de « concurrence stratégique » contre le reste du monde. Le président Trump affirme que « les États-Unis sont de nouveau sur la scène mondiale » et que « le monde entier est soulevé par le renouveau américain et la réémergence de son leadership », malgré le fait que les sondages montrent que l’image des États-Unis est globalement endommagée.

Le NSS affirme que le pays vit dans « un monde extraordinairement dangereux » avec des puissances rivales « sapant agressivement les intérêts américains autour du globe ». Trump a déclaré que sa stratégie définit des mesures importantes pour faire face aux « nouvelles formes de conflit, comme l’agression économique et politique ». Son plan appelle à renforcer les alliances régionales pour contrer ces menaces afin de rendre l’Amérique « leader » à nouveau.

La stratégie s’articule autour de quatre composantes principales : protéger la patrie, promouvoir la prospérité du pays, maintenir la force militaire traditionnelle dans ses forces conventionnelles, nucléaires, cybernétiques et spatiales et faire progresser l’influence des Etats-Unis dans un monde toujours compétitif. Il y a deux domaines d’intérêt – un accent « sans précédent » est mis sur la sécurité intérieure et sur l’économie en tant que question de sécurité nationale.

Les États-Unis, poursuit le document, continueront d’être engagés à l’étranger, où ils servent les intérêts américains pour contrer l’instabilité ; des endroits comme l’Afghanistan « où les faiblesses ou les échecs de l’État amplifieraient les menaces contre la patrie américaine ».

Au sommet de la liste des menaces de l’administration Trump à l’égard des États-Unis figurent des pays que le président a qualifiés de « régimes voyous », à savoir la Corée du Nord et l’Iran. Le NSS ne contient aucune mention sur les changements climatiques. Le dernier document de stratégie nationale publié en 2015 avait déclaré que le changement climatique constituait « une menace urgente et croissante pour notre sécurité nationale ».

Le document envisage des nations en concurrence constante et affirme que les États-Unis défendront unilatéralement leur souveraineté, même si cela signifie qu’ils risquent de mettre en cause les accords existants avec d’autres pays qui ont joué un rôle crucial dans la politique étrangère des États-Unis depuis la guerre froide. Il n’offre aucune précision sur le financement, le calendrier ou les moyens d’atteindre les objectifs militaires.

« Après avoir été déconsidéré comme un phénomène datant du début du siècle dernier, la concurrence des grandes puissances est revenue », indique le document. Selon lui, la Russie et la Chine « sont déterminées à rendre les économies moins libres et moins équitables, à développer leurs forces armées et à contrôler les informations et les données pour réprimer leurs sociétés et étendre leur influence ». La stratégie fixe l’objectif d’un « grand partenariat » avec « les puissances rivales » – Russie et Chine – mais seulement « d’une manière qui protège toujours notre sécurité nationale ». Comme exemple de coopération, le président a fait référence à un appel téléphonique de remerciement du président russe Vladimir Poutine pour le renseignement que la CIA a fourni au Kremlin au sujet d’un acte terroriste en préparation à Saint-Pétersbourg.

En réalité, le langage est plutôt conflictuel, appelant à la rivalité et à une confrontation potentielle avec la Russie et la Chine. Le NSS identifie les deux nations comme des « puissances révisionnistes » qui représentent des menaces économiques et politiques pour l’Amérique. Le document prend une ligne dure, les distinguant pour vouloir « tenter d’éroder la sécurité et la prospérité américaines ». Il dit qu’elles essaient de façonner un monde antithétique aux valeurs et aux intérêts américains. « Elles sont déterminées à rendre les économies moins libres et moins équitables, à développer leurs forces armées et à contrôler les informations et les données pour réprimer leurs sociétés et étendre leur influence », déclare-t-il.

Le NSS mentionne vingt cinq fois la Russie comme une menace. « La Russie vise à affaiblir l’influence des États-Unis dans le monde et à nous séparer de nos alliés et partenaires » ses armes nucléaires sont « la menace existentielle la plus importante pour les États-Unis ». La Russie est à nouveau attaquée sur tous les fronts sans preuve à l’appui pour soutenir les accusations. « La Russie utilise des opérations d’information dans le cadre de ses efforts cyber offensifs pour influencer l’opinion publique à travers le monde, déclare le NSS. Ses campagnes d’influence combinent des opérations secrètes de renseignement et de fausses identités en ligne avec des médias financés par l’État, des intermédiaires tiers et des utilisateurs de médias sociaux rémunérés ou ‘trolls’. » Le document souligne également les tentatives de la Russie de « saper la légitimité des démocraties ».

Le président Trump lui-même a plusieurs fois mis en doute les évaluations de la communauté du renseignement US, mais les prétendues activités hostiles de la Russie sont présentées dans le document comme un fait établi. Il convient de noter que le président Trump n’a fait aucune mention similaire dans son discours. Le document ne parle pas de coopération avec la Russie dans la lutte contre les problèmes de sécurité internationale, comme la Corée du Nord et la Syrie, comme le président avait promis de le faire.

Ainsi, les États-Unis ne voient pas favorablement les tendances contemporaines dans le monde et veulent inverser la tendance. Ils sont catégoriques pour contrer l’émergence d’autres pôles de pouvoir et voient le monde comme une arène de rivalité. La Russie et la Chine sont représentées comme des rivales mais pas des ennemis et c’est une bonne chose.

Le NSS est dans une large mesure un document de propagande. Attaqué de tous les côtés, le président tente de préserver le soutien des électeurs, alors il se tourne vers les Républicains conservateurs. L’image est simple. Il y a des méchants dans le monde, comme la Russie, la Chine, la Corée du Nord et l’Iran, qui s’opposent à l’Amérique en voie de devenir grande à nouveau.

Dans le même temps, les États-Unis ont un « cœur assez grand » pour coopérer avec Moscou malgré le fait qu’elle soutient les « dictatures », comme le Venezuela et a l’intention de maintenir la parité nucléaire. En fait, ce n’est pas si important pour la relation future. Le président Obama n’a rien dit de négatif sur la Russie dans son NSS 2010, mais la « politique de réinitialisation » s’est soldée par un échec. Au moins, la possibilité d’une coopération avec la Russie et la Chine n’est pas rejetée. « Les intentions des deux nations ne sont pas nécessairement fixées », déclare le NSS. « Les États-Unis sont prêts à coopérer dans des domaines d’intérêt mutuel avec les deux pays » et cela semble positif.

C’est aussi une bonne chose que le document ne promeuve plus la « démocratie » mondiale. C’est un changement radical de politique. Cela signifie que le mode de vie américain n’a pas à être imposé à d’autres pays, y compris les États de l’espace post-soviétique. Si tel est le cas, cela peut être considéré comme un facteur positif pour les relations russo-américaines à l’avenir.

Le facteur négatif est la volonté déclarée de mener des guerres préventives contre les pays qui constituent une menace pour les intérêts nationaux américains. En fait, il présuppose le droit de frapper, chaque fois que les États-Unis le jugent approprié, sans s’occuper du droit international. Cela ne peut que susciter l’inquiétude des autres nations. Le document n’appelle pas à promouvoir la coopération avec d’autres pays sur la base de l’égalité mais sur des termes favorables à l’Amérique, qui doit être « première » dans tout ce qu’elle fait.

Dans l’ensemble, la stratégie ne dit rien de nouveau. Le document n’est qu’une confirmation du fait que la domination mondiale des États-Unis reste le but et que tout le reste est un moyen d’atteindre cet objectif.

Peter Korzun

Traduit par jj, relu par Cat pour le Saker Francophone


Rien de nouveau sous le Soleil.

Il semblerait d’après les analyses de Peter Korzun qu’il y en a qui s’imaginent encore qu’il peut sortir quelque chose de positif de ce nid de serpents alors que nous sommes en plein dans une situation de poker voleur où tout les joueurs sont au courant de qui fait quoi mais ou personne n’ose botter le cul au tricheur.

Pas très bon tout ça. Plus ça dure plus la bataille sera féroce dans le saloon et plus il y aura de victimes collatérales.

Finalement j’en viens à penser que ce sont les Coréens du Nord qui ont pris de l’avance sur les solutions concrètes efficaces à appliquer. Mais eux ils ont assez donné pour comprendre à qui ils ont affaire.

Les gesticulations malsaines continuent. Il est temps que quelque chose casse quelque part...

Bonne Année à Tous...

Geb.

»» http://lesakerfrancophone.fr/le-pre...
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Wayne Smith, ancien chef de la Section des Intérêts Américains à La Havane (SINA) sous l’administration Reagan

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