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Le président colombien Uribe confirme les craintes des syndicats

affiche http://www.killercoke.org contre l’assassinat des syndicalistes chez Coca-Cola Colombie

(NDT : ou en parodiant Le Monde « L’assassinat de syndicalistes, une industrie prospère en Colombie »)

La semaine dernière, l’AFL-CIO (Fédération Américaine du Travail - Rassemblement des Organisations Industrielles) a envoyé une délégation de syndicalistes comprenant des représentants de l’Union des Ouvriers de l’Acier (USW) en mission d’information en Colombie, Amérique du Sud - le pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes. Environ 2.300 d’entre eux ont été tués en Colombie depuis 1991 ; 470 depuis que le président actuel, Alvaro Uribe, a pris ses fonctions en 2002. Cinq ont déjà été tués cette année.

Je représentais I’USW dans cette délégation lorsqu’elle enquêtait auprès des syndicalistes, des représentants colombiens au Congrès, de l’OIT (Organisation Internationale du Travail), de la Cour Constitutionnelle Colombienne, du Procureur Général Mario Iguaran, et du président Uribe au sujet des violences continuelles envers les syndicalistes de ce pays.

Notre rencontre avec le président Uribe pris une tournure glaciale lorsque j’abordai notre préoccupation commune au sujet de la culture anti-syndicaliste qui imprègne l’armée et même le gouvernement colombien - une culture qui étiquette comme "guérilleros" ou "terroristes" les ouvriers qui essayent de s’organiser et de faire valoir leurs droits. Dans un pays où l’armée colombienne, avec le soutien d’organisations paramilitaires d’extrême droite, est en guerre avec les guérillas, une telle appellation désigne ces ouvriers comme cibles pour des assassinats.

Comme exemple de la stigmatisation anti-syndicaliste, je racontais au président Uribe une conversation que j’avais eue avec un colonel de la 18e Brigade de l’Armée Colombienne peu de temps après que celle-ci a tiré en tuant trois dirigeants syndicaux près de Saravena en Août 2004. Le colonel Medina de la 18e Brigade m’a dit ce jour-là qu’en tant qu’officier de l’armée il se savait tenu de protéger un syndicaliste comme il le ferait de tout autre citoyen. Cependant, il prétendit que beaucoup de syndicalistes étaient en fait des guérilleros - ce qui est faux mais fait des syndicalistes des cibles légitimes pour les militaires.

En guise de réponse, le président Uribe me dit qu’il rencontre des syndicalistes chaque semaine et que beaucoup d’entre eux ont un bon ceur. Comme le colonel cependant, il ajouta un grand "MAIS" à cette constatation. Il faut savoir, selon son expérience quand il était étudiant (il y a certainement plusieurs décades), qu’une des tactiques de la guérilla est d’infiltrer les mouvements syndicaux ou étudiants, et la presse. En désaccord avec le président, je pointais le fait que son propre procureur général avait conclu, après enquête, que cette affirmation n’était pas vraie et que la 18e brigade avait déposé des armes près des syndicalistes pour qu’ils ressemblent à des insurgés tués dans une fusillade.

Puis Uribe continua de prétendre que les trois syndicalistes tués près de Saravena en 2004 étaient en fait des guérilleros liés à l’ELN (Armée de Libération Nationale). Uribe me répondit qu’il s’était déplacé à Saravena en personne et que les membres de la communauté lui avaient assuré que les trois morts étaient des membres de l’ELN.

Ainsi, se basant sur des ouï-dire, sans aucune preuve, et au mépris des conclusions de son propre procureur général, le président continue de prétendre que ces personnes étaient des "terroristes"

Malheureusement ce n’était pas un accident de langage d’Uribe, il a bien sûr déjà tenu de tels propos auparavant. Voyez ce qu’il a déclaré au journal de référence en Colombie, El Tiempo. En parlant de deux syndicalistes tués l’année dernière, il a dit qu’ils avaient été tués parce que l’un d’eux était un "terroriste". Une fois de plus, il n’y eut jamais aucune preuve de cette assertion.

Et bien sûr, des groupes des Droits de l’Homme, et La Haute Commission des Nations Unies pour les Droits de l’Homme aussi, ont discrédité toutes théories sur une éventuelle collaboration syndicat-guérilla, et sont unanimes pour conclure que les syndicalistes en Colombie sont tués, non pas parce qu’ils ont des affiliations illégales mais parce que ce sont des syndicalistes.

En fin de compte, les réflexions d’Uribe ont révélé pourquoi les meurtres de syndicalistes continuent et pourquoi moins de trois pourcent des centaines de cas d’assassinats de syndicalistes n’ont jamais été instruits - à cause de la stigmatisation des syndicalistes par les plus hautes instances du Gouvernement colombien, y compris le Président lui-même.

La mission de l’AFL-CIO a rencontré des représentants et des délégations de nombreux syndicats pendant son séjour en Colombie. Les syndicalistes que nous avons rencontrés, comme les représentants du Congrès, ont été unanimes à dire que les syndicats en Colombie disparaissent à la fois à cause des violences ouvertes à leur encontre et des agressions légales du président Uribe, qui ont laissé le droit légal à la négociation collective à moins de 1% des travailleurs.

C’est le pays avec lequel l’administration Bush insiste pour signer un accord de libre-échange. Il insiste pour que le Congrès approuve le marché, clamant que le nombre de syndicalistes tués ces dernières années est en régression. Ceci ignore le fait que leur nombre est toujours grand - certainement assez pour continuer à qualifier la Colombie de pays le plus dangereux au monde pour les syndicalistes. Ceci ignore aussi le fait que, après des années de violences et de lois anti-syndicales, il y a simplement moins de syndicalistes à tuer.

Le Congrès US doit continuer à résister pour ne pas récompenser le gouvernement Uribe par un accord de libre-échange. La vie de syndicalistes colombiens en dépend littéralement.

traduction par Laurent pour Le Grand Soir

»» http://www.huffingtonpost.com/dan-kovalik/colombian-president-uribe_b_87385.html
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