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Le Plan Bush pour Cuba

WORLD AFFAIRS


Le plan pour renverser le gouvernement de Fidel Castro que le Président Bush a récemment présenté ressemble beaucoup à celui appliqué à l’Irak et fut conçu en prévision de l’élection présidentielle de 2004.

"Celui qui a le pouvoir de vous faire croire à des absurdités a le pouvoir de vous faire commettre des injustices" - Voltaire 1767 (traduction de la version anglaise - NDT)


par SHARMINI PERIES à Toronto

Traduction CSP


Avec la campagne présidentielle de 2004 aux États-Unis à l’esprit, le
Président George W. Bush a annoncé le 10 octobre devant un parte-terre de
Cubano-américains anticastristes que l’administration US se préparait à 
renverser le gouvernement de Fidel Castro.

Dans sa déclaration, Bush a officiellement chargé son secrétaire d’État
Colin Powell et le Ministre au Logement d’origine cubaine Mel Martinez de
constituer un groupe chargé "de préparer les jours heureux où le régime de
Castro n’existera plus... La transition vers la démocratie et la liberté
posera de nombreux défis au peuple cubain et à l’Amérique, et nous serons
prêts."

Le moment choisi par Bush pour faire cette annonce, le jour du 135eme
anniversaire du déclenchement de la guerre d’indépendance cubaine contre
l’Espagne, était destiné à faire monter la pression parmi les Américains
anticastristes et les encourager à soutenir le plan Bush-Powell contre Cuba.
S’exprimant à Washington au nom de la conscience mondiale, le Président des
États-Unis a justifié ses plans pour exercer des "mesures correctives"
contre Cuba
en les qualifiant de nécessaires parce que Cuba avait agit "avec arrogance
et mépris par une nouvelle vague de répression brutale qui a scandalisé la
conscience mondiale". [où ça ? En Irak ? - question stupide de CSP]

De plus, Bush prononça un message de 40 secondes en espagnol diffusé par
radio en direction de Cuba. "Au nom du peuple des États-Unis, je salue la
communauté cubaine. J’espère que le peuple Cubain pourra bientôt connaître
les mêmes libertés et bénéficier des mêmes droits que celles que nous
connaissons ici... [où ça ? à Guantanamo ? - question stupide de CSP] Les
dictatures n’ont pas leur place dans les Amériques. Que Dieu bénisse le
peuple cubain qui lutte pour sa liberté," a-t-il dit. Le message
enregistré fut diffusé le 20 mai par Radio Marti, une radio gouvernementale
états-unienne, et dirigé par les satellites de la base de Guantanamo le jour
du 101eme anniversaire de l’indépendance cubaine.

Les cubano-américains ainsi que d’autres groupes, parmi lesquels des
partisans de l’extrême-droite, font pression auprès de la Maison Blanche
pour faire adopter une nouvelle politique vis-à -vis de Cuba. Les
cubano-américains anticastristes forment le groupe anticommuniste le plus
puissant aux États-Unis. La Fondation Nationale Cubano-Américaine est
largement financée par des fonds gouvernementaux et dispose de bureaux
luxueux près de la Maison Blanche sur Jefferson Street, Washington DC. Mais
l’organisation est basée en Floride, avec des bureaux annexes à Chicago,
Jacksonville, Los Angeles, New Orleans, New Jersey, Porto Rico et Tampa, qui
tous militent ardemment auprès de la Maison Blanche pour une nouvelle
politique contre Cuba.

En réponse, l’administration Bush a mis en place une série de tactiques de
type pré-invasion dans le cadre d’Opération Cuba Libre (Operation Free
Cuba). Avec l’objectif de gagner quelques soutiens pour cette aventure, de
lancer quelques ballons d’essai, et d’identifier les amis et les ennemis en
Amérique latine, Colin Powell s’adressa aux délégués de l’Organisation des
États d’Amérique (OEA) en leur présentant les plans états-uniens pour Cuba,
le 9 juin 2003, soit une semaine après avoir signé l’accord de libre échange
entre les États-Unis et le Chili dans le cadre confortable de l’hôtel
états-unien Hyatt Regency, Santiago. Powell a qualifié le régime de Castro
de
"l’unique dictature du continent". Powell s’est permis d’affirmer qu’il
existait un conflit idéologique entre le Président Castro et son peuple. Il
a dit "Nous sommes allés trop loin pour ne pas continuer et aider le peuple
cubain à retrouver enfin la démocratie où il pourra choisir ses
dirigeants à travers un processus libre, ouvert et démocratique." Il a
demandé à l’OEA d’assumer un rôle dans la "transition démocratique" à Cuba.
Il
a demandé : "Qu’est-ce que cela signifie en termes concrets ?" En réponse à 
sa
propre question, il a dit : "Nous devons considérer que ce pays, Cuba, n’a
rien à faire au sein de l’OEA." Il suggérait clairement que Cuba n’était pas
digne
de sa propre souveraineté ni de redevenir membre l’OEA.

Cuba a été suspendue de l’OEA depuis 1962 sous la pression des États-Unis.
Ignorant l’opposition du Brésil, de l’Argentine et du Venezuela, Powell
continua ses affirmations devant l’OEA. On ne peut ignorer le parallèle
entre son attitude et les manoeuvres orchestrées par les États-Unis devant
les Nations Unies et la Ligue Arabe pour tenter d’isoler l’Irak avant
l’invasion.

Le problème posé ici est de savoir si ces annonces ne sont autre chose
que la suite d’une longue série de diatribes, de menaces et d’agressions de
la part des États-Unis contre Cuba. Ou s’agit-il d’une nouvelle agressivité
contre l’Amérique latine en général, et Cuba en particulier, de la part de
l’Administration Bush ?

En superposant les dernières déclarations sur Cuba avec les stratégies et
tactiques pré-emptives employées contre l’Afghanistan et l’Irak, il y a de
quoi se demander si nous n’assistons pas là à une nouvelle étape de "la
guerre contre le terrorisme" et d’un "changement de régime" prévu dans le
cadre de la pathologie guerrière des États-Unis. Ou s’agit-il simplement
d’alimenter les sentiments anticommunistes et anticubains et semer la peur
parmi la population états-unienne avant de lancer une nouvelle guerre, avec
l’appui de ceux de la Floride qui ont joué un rôle clé dans les dernières
élections ? Probablement un peu des deux.

En pleine année électorale, le plan agressif et sans vergogne de Bush-Powell
ferait bien plaisir au Gouverneur de la Floride et frère de l’actuel
président, Jeb Bush, et ses amis anticastristes cubano-américains. La
Floride devrait être l’état pivot pour la prochaine élection présidentielle.
Dans son intervention du 10 octobre, Bush a répété que les États-Unis
devraient renforcer les interdictions de voyager à Cuba pour les
états-uniens ( un défi direct à la chambre des Représentants et au Sénat, ce
dernier ayant voté par 59 voix contre 36 la suppression du financement des
mesures de restrictions imposées aux voyages à Cuba), ainsi qu’une plus
grande sévérité à l’encontre de ceux qui envoient illégalement de l’argent à 
Cuba.

Il a aussi annoncé un plan pour accroître le nombre de visas délivrés aux
immigrants Cubains et a déclaré que des campagnes d’information agressives
devraient être menées pour informer les Cubains sur les moyens les plus sûrs
pour atteindre les États-Unis. Bush a dit que son administration
augmenterait les émissions de radio, de télévision, par satellite et
Internet en direction de Cuba afin de briser "l’embargo de l’information"
que le Président Castro a mis en place pour prévenir son pays des ingérences
états-uniennes. Bush a aussi indiqué qu’il allait mettre en place une
"Commission d’Assistance dans une Cuba Libre en prévision du jour où le
communisme s’effondrera."

Ces tactiques signifient clairement que la base navale de Guantanamo
deviendra le quartier général d’Opération Cuba Libre. Des vols commerciaux
seront organisés pour les cubains désireux de partir, et des satellites de
radio et télévision dirigées vers Cuba seront mises en place. On ne peut
ignorer non plus l’accroissement des capacités militaires de la base.

Ce changement dans la politique expansionniste du Nouvel Empire Américain
devient encore plus évident si on remplace le mot "Cuba" par "Irak" dans la
déclaration de Bush. La rhétorique est la même que celle qui a précédé la
guerre contre l’Irak. En ce qui concerne les "armes de destruction massive",
Cuba est accusée de fabriquer des armes bactériologiques. Il ne faut pas
oublier qu’en Mai 2002, l’ancien président Jimmy Carter, lauréat du prix
Nobel de la Paix la même année, a rendu une visite historique à Cuba après
que les États-Unis aient accusé Cuba de fabriquer de telles armes. Il a
visité les sites accusés de produire ces armes, mais n’a trouvé aucun
élément pour étayer ces accusations. Carter est le premier ancien président
des États-Unis à visiter Cuba depuis la révolution de 1959.

Si on analyse les déclarations anticubaines aux États-Unis avant les
élections de 2004 ; les capacités de diffusions vers Cuba à partir des
satellites de Guantanamo ; le soutien sans failles aux dissidents cubains
anticastristes ; le positionnement économique des États-Unis en Amérique
latine ; l’offensive diplomatique de Powell au sein de l’OEA ; la stratégie
militaire en rapport avec les accusations d’armes bactériologiques ; les
récentes opérations clandestines ou publiques pour déstabiliser des
gouvernements latino-américains (comme ceux du Venezuela ou de Colombie) ;
et les actions punitives contre ceux qui soutiennent Cuba ; les similitudes
avec les tactiques employées avant l’invasion de l’Irak paraissent
évidentes.

On pourrait pourtant penser que l’administration Bush serait plus prudente
dans sa défense de "la démocratie et la liberté" à Cuba, étant donné la
longue histoire d’échecs que les États-Unis ont essuyé avec ce pays, qui
n’est situé qu’à environ 145 km de la Floride. Depuis 1820, Cuba est la
cible des administrations US et considérée comme un état qui doit être
contrôlé de par sa proximité géographique avec les États-Unis. Les derniers
plans des États-Unis pour Cuba - 42 ans après le débâcle de la Baie des
Cochons de l’administration Kennedy/Johnson - démontrent que les États-Unis
ont l’intention de persévérer dans leurs agressions contre Cuba.
L’arrogance, l’ignorance et l’incompétence démontrée par l’administration
Kennedy/Johnson envers la révolution Cubaine n’ont pas servi de leçon à 
l’administration Bush/Powell. Ce que l’avenir leur réserve, à Cuba et en
Amérique latine, est encore sous-estimé. Tandis que les États-Unis lancent
des ballons d’essai pour une agression économique et militaire contre Cuba
et l’Amérique latine, la résistance sur place grandit.

Il est à présent évident que les accusations portées par les États-Unis
contre le Président Castro - traité de dictateur fanatique et totalitaire -
sont en tous points similaires aux accusations portées contre Saddam
Hussein. Pour ce dernier, ils ont réussi à convaincre leurs alliés et la
plupart de leurs concitoyens. Et ils pourraient bien répéter la même
opération contre Castro.

Cependant, il faut se poser la question : quel est le véritable reproche des
États-Unis contre Cuba ? Il n’y a qu’une seule réponse : sa résistance.
Cette petite nation a été d’une constance remarquable dans sa résistance
contre les États-Unis malgré les embargos économiques qui menacent
d’étrangler sa fragile économie, malgré l’interdiction d’accès aux
médicaments de base, malgré les menaces militaires, et malgré le harcèlement
diplomatique. Cuba a tenu bon devant la domination des États-Unis sur le
monde depuis plus de 40 ans. Cuba a été le porte-drapeau du Mouvement des
Non-Alignés dans l’opposition à la guerre contre l’Irak et Cuba est en tête
de la lutte contre la Zone de Libre Échange des Amériques (ZLEA). Enfin,
Cuba a survécu à l’effondrement de l’Union Soviétique. Plus encore, dans ses
efforts, Cuba s’est rallié de nombreux mouvements sociaux et
d’intellectuels. Cuba a récemment accueilli à la Havane la 21eme Assemblée
du Conseil des Sciences Sociales d’Amérique latine, un réseau de centres de
recherche. C’est Castro qui a ouvert les débats. D’éminents intellectuels
progressistes connus internationalement, comme Perry Anderson, Noam Chomsky,
Eric Toussaint, Samir Amin et Robert Dahl (professeur émérite sur l’Amérique
latine à l’université de Yale), ont assisté à la conférence. Parmi les
nombreux intellectuels latino-américains et dirigeants de mouvement sociaux,
on trouvait Atilio Boron (Argentine), Ana Cecena et Pablo Gonzalez Casanova
(Mexique) et Evo Morales (Bolivie). Fidel Castro, de par sa résistance aux
efforts d’annexion des États-Unis sur l’Amérique latine, fait l’objet d’un
respect phénoménal. Sans aucun doute, Cuba représente un énorme coup porté à 
l’ego états-unien.

Alors, que reste-t-il aux États-Unis, à part les agressions clandestines ?
L’administration Bush devra compter sur le Congrès et le Sénat des
États-Unis, et prendre en compte une résistance sans cesse croissante en
Amérique latine. Des pays importants et influents, tels que le Brésil,
l’Argentine et le Venezuela, sont soutenus par des populations qui ont
clairement mis en route une résistance à la domination économique, militaire
et politique des États-Unis sur leurs pays et la région. Les évènements
récents en Bolivie (où le président a été obligé de démissionner et de se
réfugier à Miami - comme tant d’autres dirigeants pro-américains partisans
de programmes néo-libéraux), sont perçus par les observateurs et
intellectuels progressistes latino-américains comme les prémisses d’un
chamboulement politique à venir. Tous ces évènements indiquent que Cuba
n’est pas seule dans son combat contre l’Empire US.

C Copyright 2000 - 2003 The Hindu Vol:20 Iss:24
http://www.flonnet.com

Source : Cuba Solidarity Project

 Et aussi :

Cuba annonce la production d’un important vaccin synthétique pour enfants

par Anthony Boadle

Extraits

LA HAVANE (Reuters) - Les chercheurs cubains viennent de produire le premier
vaccin synthétique contre la bactérie qui provoque la pneumonie et la
méningite, un succès destiné à réduire le coût de l’immunisation des enfants
dans les pays pauvres.

Le vaccin protège contre la bactérie haemophilus influenzae de type b, qui
provoque des infections des voies respiratoires supérieures, principalement
chez les enfants jusqu’à cinq ans. La maladie est une des causes principales
de la méningite, une infection du cerveau (Bush n’a rien à craindre - note
intempestive de CSP) et de l’enveloppe de la moelle épinière qui peut
provoquer des dommages au cerveau, une surdité ou la mort.

Selon l’UNICEF, Haemophilus influenzae type B est la principale cause de
près de la moitié des infections des enfants de moins de cinq ans dans le
monde et tue chaque année 500.000 enfants, principalement dans les pays en
voie de développement.

Lire l’ article sur CSP


"Lorsque les Etats-Unis sont venus chercher Cuba, nous n’avons rien dit, nous n’étions pas Cubains."




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