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Le néolibéralisme c’est la bureaucratie totale

Paperasse et formulaires ont envahi nos vies, et de plus en plus de gens pensent que leur travail est inutile, n’apportant aucune contribution au monde. Malgré ce que martèlent les ultralibéraux, ce n’est pas la faute de l’Etat et de ses fonctionnaires, mais celle des marchés et de leur financiarisation.

« Toute réforme pour réduire l’ingérence de l’État aura pour effet ultime d’accroître le nombre de règlementations et le volume total de paperasse », explique ainsi David Graeber, anthropologue états-unien et tête de file du mouvement Occupy Wall Street, dans son nouvel ouvrage Bureaucratie.

Il suffit de mesurer le temps que nous consacrons à remplir des formulaires. Quelqu’un a calculé que les citoyens étasuniens passent en moyenne six mois de leur vie à attendre que le feu passe au vert. Personne n’a calculé combien de temps nous passons à remplir des formulaires ! Peut-être une année entière... C’est la première fois dans l’histoire que nous atteignons ce niveau de bureaucratie.

Le sociologue Max Weber affirmait déjà que le XIXe siècle avait inauguré l’ère bureaucratique. Mais aujourd’hui, la différence, c’est que la bureaucratie est à ce point totale que nous ne la voyons plus. Dans les années 1940 et 1950, les gens se plaignaient de son absurdité. Aujourd’hui, nous n’imaginons même plus une manière d’organiser nos vies qui ne soit pas bureaucratique ! Ce qui est également nouveau, c’est la création de la première bureaucratie planétaire. Un système d’administration que personne n’identifie pourtant comme une bureaucratie, car il est surtout question de libre-échange. Mais qu’est-ce que cela signifie réellement ? La création de traités internationaux et d’une classe entière d’administrateurs internationaux qui régulent les choses, tout en appelant ce processus « dérégulation ».

C’est amusant, parce que ça me rappelle un truc, que j’ai dû lire je ne sais pas trop où, il y a au moins 20 ans, qui affirmait que les dérégulations thatchériennes au Royaume Uni, et en particulier la privatisation des services publics (électricité, gaz, chemins de fer...), avaient eu pour effet l’embauche d’une pléthore de fonctionnaires pour vérifier que la libre concurrence et la main invisible « du dit marché » jouait bien son rôle d’allocation optimale des ressources !

De même, il faudrait vérifier, mais il semble bien que la libéralisation administrative de nos hôpitaux (paiement aux soins pour mesurer la rentabilité d’un hôpital, concept complètement abscons digne d’un énarque ultralibéral caricatural), a entrainé l’embauche de plus de personnel administratif que de personnel soignant nécessaire au bon fonctionnement des dits hôpitaux, le personnel administratif en question n’ayant eu de cesse de rogner les embauches et conditions de travail des personnels soignants afin de financer sa propre utilité administrative, il me semble. Je ne suis pas familier de ce milieu, mais c’est ce que j’en perçois, et ce que j’ai compris de la révolte de l’APHP.

Dans de nombreuses « grandes » entreprises, il y a de plus en plus de personnels administratifs par rapport aux personnels qui travaillent sur les chantiers ou dans les ateliers. Il y a 30 ans, dans un service ou un atelier, pour une quinzaine d’ouvriers, de salariés ou d’employés, vous aviez un chef d’équipe, lui même chapeauté par un contremaître, qui chapeautait 3 ou 4 services avec l’aide d’un assistant et d’une secrétaire. C’est à dire que pour 45 à 60 personnes qui travaillaient et produisaient réellement de la « richesse » il y avait 5 à 6 personnes pour manager, organiser, contrôler. Les rapports entre les salariés et les chefs d’équipe étaient rapides et simplifiés, comme les rapports entre les chefs d’équipes et le contremaitre. Les réunions entre ces intervenants étaient régulières et concrètes.

Aujourd’hui on a l’impression que le nombre de ceux qui produisent réellement les richesses a chuté, alors que les chefs, sous chefs, contremaîtres, directeurs techniques, ou de communication, directeurs transversaux ou longitudinaux a explosé. Concrètement, s’il y avait 1 personne non productive pour 10 productives, maintenant il y a 4 personnes non productives pour 10 productives. Les réunions sont de plus en plus nombreuses et débouchent de moins en moins sur du concret, si ce n’est pour définir la date de la prochaine réunion et bien sûr des rapports de réunion en X exemplaires, corrigés, annotés et enfin édités et classés dans leurs versions finales.

Et je m’interroge depuis longtemps sur la nécessité de toutes ces écoles de commerce plus ou moins bidons qui délivrent (vendent ?) les diplômes idoines pour effectuer ce genre de tâche, Ô combien nécessaires, bien sûr... Même les armées ne sont pas épargnées, si il y a quarante ans il fallait trois personnes a « l’arrière » pour un soldat au front, aujourd’hui on est a un ratio de sept pour un !

D’ailleurs, je perçois une réelle convergence entre le système néolibérale et le système soviétique. Obsession de la gestion “scientifique” et de l’évaluation (flicage), avec l’inflation bureaucratique nécessaire à ces contrôles permanents. “надо выполнить план”, “Nada vypolnits’ plan”, expression bien connue de l’époque soviétique : Il faut accomplir le plan. Il faudrait même dire les normes du libéralisme façon soviétique. Nous avons importé la bureaucratie, apanage de la méthode soviétique, alors que la Russie s’en libère !

Tout cela ayant en partie pour cause une absolue méfiance envers l’honnêteté des employés, qui, bien sûr, ne peuvent faire un travail convenable que sous la contrainte, les sociopathes qui nous dirigent, n’imaginant pas une seconde qu’un employé puisse effectuer correctement sa tache sans un système de répression centralisé (cette bande de cinglés voyant le monde à son image).

Résumer en une phrase cette situation ubuesque serait : « comment employer une moitié de la population à surveiller l’autre moitié pour vérifier qu’elle travaille bien selon les normes du libéralisme ». Bienvenue chez les fous, ou les fameux Shadoks ! Bienvenue dans le futur ! Wells, 1984, Oksley, le monde parfait... vous connaissez ? On y va droit dedans avec en primes des améliorations auxquelles je n’ose pas penser !

Merci à Mic-Mac, Rachel Knaebel et Agnès Rousseaux

« Ce qui m’effraie, ce n’est pas l’oppression des méchants ; c’est l’indifférence des bons »... Martin Luther King

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Cinq Cubains à Miami
Maurice LEMOINE
6 octobre 1976, La Barbade : un attentat détruit en vol un DC-8 de la Cubana de Aviación (soixante-treize morts). 12 avril au 4 septembre 1997 : une série d’explosions frappe les hôtels de La Havane. A l’origine de ces actions terroristes qui, depuis 1959, ont fait plus de 3 400 morts à Cuba : Miami ; la très honorable « Fondation » ; quelques personnages ténébreux : Luis Posaril, Pepper Nández, Jorge Maskano, le docteur Orlando… Une même obsession les habite : en finir avec le régime et (…)
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Le déficit de l’Etat était l’objet même de spéculations. A la fin de chaque année, nouveau déficit. Au bout de quatre ou cinq ans, nouvel emprunt. Or chaque emprunt fournissait à l’aristocratie une nouvelle occasion de rançonner l’Etat, qui, maintenu artificiellement au bord de la banqueroute, était obligé de traiter avec les banquiers dans des conditions toujours plus défavorables.

Karl Marx
La lutte des classes en France. 1850

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