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Le Monde Diplomatique (octobre 2009)

On commence par un cri d’alarme, mais aussi une forte analyse de la presse écrite par Serge Halimi. La concentration capitaliste frappe une profession qui ne réagit guère et ne se remet pas suffisamment en cause : « En 1934, le dirigeant radical français Edouard Daladier fustigeait les « deux cents familles » qui « placent au pouvoir leurs délégués » et qui « interviennent sur l’opinion publique, car elles contrôlent la presse ». Trois quarts de siècle plus tard, moins d’une vingtaine de dynasties exercent une influence comparable, mais à l’échelle de la planète. Le pouvoir de ces nouvelles féodalités héréditaires " Murdoch, Bolloré, Bertelsmann, Lagardère, Slim, Bouygues, Berlusconi, Cisneros, Arnault… " excède souvent celui des gouvernements. Si Le Monde diplomatique avait dépendu de l’une d’entre elles, eût-il mis en cause le contrôle de l’édition par Lagardère ? Le destin qu’Arnault inflige à ses ouvrières ? Les plantations de Bolloré en Afrique ? ».

Rémi Lefèvre signe un article très dérangeant pour les partis de gauche : " Faire de la politique ou vivre de la politique ? " . Où l’on découvre en fait que les communistes, les verts (2000 élus et salariés politiques sur 5000 encartés) , et même les socialistes sont des partis d’élus et non de militants : « Le Parti socialiste, le Parti communiste français et les Verts sont ainsi devenus des machines électorales, relativement performantes sur le plan municipal, départemental ou régional, dans lesquelles les intérêts de milliers de professionnels de la politique semblent désormais prédominer. Il semble loin le temps où la gauche combattait la notabilisation de ses élus. La lutte des places tend à se substituer à celle des classes, coupant les partis de gauche des revendications et du vécu quotidien des groupes sociaux qui les soutenaient traditionnellement (ouvriers, employés, enseignants). Et alors même que flexibilité et précarité frappent durement ces milieux et que la crise a fissuré les dogmes libéraux, ce sont les querelles de chefs et les savants calculs pour la composition des listes électorales qui dominent les débats. »

Quelque part, ils redoutent une victoire à la présidentielle qui aurait, « mécaniquement, par la logique des élections intermédiaires, des effets négatifs sur leur ancrage local. » Cet ancrage n’est plus, à leurs yeux, un levier de transformation social. On ne fait plus de politique, on fait de la gestion.

Un article effarant sur les " Gladiateurs du troisième millénaire " . Panem et circenses, toujours et encore. On appelle cela le ultimate fighting. Si on gagne, on empoche 50000 dollars. Tout est permis : « étouffement, tirage de cheveux ; clés, coups de coude, coups de tête. Les hommes se battent à mains nues - sans classification par poids, ni rounds, ni limites de temps, ni jury, ni points. »

Un reportage sur le « paradis danois et sa part d’ombre ». « La fameuse flexisécurité se meut progressivement en flexibilité plus grande et en sécurité plus réduite. L’extrême droite, très influente, pousse à des mesures restrictives à l’égard des immigrés, notamment dans le domaine social. Et les couches moyennes réclament des baisses d’impôts et rechignent à " payer " pour les pauvres. »

Bernard Cassen ironise sur la prolifération des " G " (2, 5, 8, 20, 192). Elle « traduit le refus d’affronter globalement l’ébranlement du système capitaliste dont les crises financière, monétaire, énergétique, alimentaire et environnementale ne sont que des composantes ? Le G20 se veut le nouveau directoire de la planète. Il ne dispose pourtant ni de la légitimité nécessaire ni d’un projet de rechange à un mode d’organisation du monde qui a failli. »
Un article de Bernard Duterme sur les zapatistes, toujours présents, toujours résistants et faisant l’objet d’une constante répression.

Pierre Bernin fait le point sur les « guerres cachées du Yémen ». Le pays « sert désormais de base arrière aux combattants d’Al Quaïda venus d’Arabie Saoudite. Dans le Sud grandit une opposition sécessionniste. Dans la région de Saada, s’intensifie une lutte insurrectionnelle. »
Eric Alterman nous rappelle qu’il existe « des Juifs américains contre la droite israélienne ». L’influent groupe de pression American Israel Public Affairs Committee (Aipac) ne représente pas l’opinion des Juifs américains à lui tout seul. Il ne faut pas perdre de vue que 2/3 des Juifs américains sont favorables à la solution de deux États et que les Juifs se sont prononcés majoritairement pour M. Obama.

Coup de froid sur les relations russo-guinéennes ? Selon Julien Brygo, la justice guinéenne a annulé la vente de Bauxite Friguia au moscovite Rusal, estimant que le prix payé en 2006 était trop bas. « C’est le dernier épisode qui oppose les salariés à l’entreprise, accusée de laisser dépérir le site, fleuron de l’économie nationale, tout en durcissant les conditions de travail au nom de la crise. »

Odaira Namihei nous explique " Pourquoi le Japon a basculé " . Il est très significatif que le nouveau Premier ministre ait nommé comme Secrétaire d’État aux services financiers et postaux un farouche opposant à la privatisation de la poste.

Solange Brand revient sur la révolution culturelle chinoise. « La pauvreté demeure mais la famine a disparu, les inégalités sont béantes mais 90% des Chinois savent lire et écrire. » La révolution culturelle est désormais qualifiée de « catastrophe nationale » par les dirigeants.

Mathieu O’Neil décrit la crise vue d’Australie, où « l’avenir de l’emploi reste une préoccupation majeure. Au point parfois de faire passer la bataille pour l’environnement et la santé au second plan. »

Très intéressant article de Dominique Franschetti sur la ville de La Ciotat et ses luttes ouvrières. En 1988, une poignée d’ouvriers occupe les chantiers navals. « Sans faiblir pendant dix ans, ils réussiront à sauver le site. » Un combat admirable.

Un article au titre un peu déroutant de Mateo Cueva : " Bits, atomes, neurones et gènes font BANG " . « Lorsque le chercheur Eric Drexler popularisa le terme de « nanotechnologies », en 1986, il les définit comme l’ensemble des techniques permettant la création et la manipulation d’objets matériels d’une taille comprise entre 1 et 100 nanomètres. Cette définition avait en réalité une portée très large, car presque toutes les substances existant dans le monde sont structurées à cette échelle. Des disciplines aussi diverses que la chimie, la science des matériaux, la physique des états solides, la pharmacie, la biologie chimique et moléculaire, l’ingénierie électronique se voyaient ainsi réunies, aussi bien en tant que concepts que sur le plan opérationnel. »

Mehdi Benhallal met en regard les " Inglourious Bastards " et " L’armée du crime " . Pour Tarentino, « le spectacle de la violence est une fin, le contexte historique et l’identité des protagonistes (Juifs-nazis) des moyens. A l’inverse chez Guédiguian, la violence n’est qu’un moyen, problématique mais nécessaire : celui de libérer les peuples de leurs bourreaux. Suffit-il de haïr les nazis pour être anti-nazi ? » La réponse est dans la question…

Les Pictaviens (les habitants de Poitiers) savent que Michel Foucault est né et a vécu dans la plus belle et grande demeure privée de la ville. Ils savent aussi que cet hôtel particulier abrite désormais une annexe du Ministère de la Justice. Oh ! déterminisme… Tout cela pour dire que le livre de Michael Christofferson, dont le Diplo publie des extraits ne surprend pas quand il dépeint en Foucault un anti-communiste féroce, violemment hostile au programme commun de la gauche.

Gaël Brustier déchiffre ce que « parler aux " nuls " veut dire ». La collection bien connue participe « d’une reconstruction sociale du récit historique ». Quand les dominants parlent aux nuls, « leurs non-dits ou leur reconstruction des événements, leur parti pris et leur dogmatisme n’en sont que plus évidents. La pensée dominante par les nuls plus que pour les nuls ? »

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Bernard Klein. Les expressions qui ont fait l’histoire. Paris, E.J.L. 2008
Bernard GENSANE
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Puisque le commerce ignore les frontières nationales, et que le fabricant insiste pour avoir le monde comme marché, le drapeau de son pays doit le suivre, et les portes des nations qui lui sont fermées doivent être enfoncées. Les concessions obtenues par les financiers doivent être protégées par les ministres de l’Etat, même si la souveraineté des nations réticentes est violée dans le processus. Les colonies doivent être obtenues ou plantées afin que pas un coin du monde n’en réchappe ou reste inutilisé.

Woodrow Wilson
Président des Etats-Unis de 1913 à 1921

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