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Le Monde Diplomatique, avril 2013

Très bon numéro que celui du mois d’avril 2013.

Serge Halimi revient sur la " leçon de Nicosie " : « Tout devenait impossible. Augmenter les impôts décourageait les « entrepreneurs ». Se protéger du dumping commercial des pays à bas salaires contrevenait aux accords de libre-échange. Imposer une taxe (minuscule) sur les transactions financières exigeait que la plupart des États s’y rallient. Baisser la taxe sur la valeur ajoutée (TVA) requérait l’aval de Bruxelles…

Samedi 16 mars 2013, tout a changé. Des institutions aussi orthodoxes que la Banque centrale européenne (BCE), le Fonds monétaire international (FMI), l’Eurogroupe et le gouvernement allemand de Mme Angela Merkel ont tordu le bras (tremblant) des autorités chypriotes afin que celles-ci exécutent une mesure qui, décidée par Hugo Chávez, aurait été jugée liberticide, dictatoriale, tyrannique, et aurait valu au chef d’Etat vénézuélien des kilomètres d’éditoriaux indignés : la ponction automatique des dépôts bancaires. Initialement échelonné entre 6,75 % et 9,90 %, le taux de la confiscation correspondait à près de mille fois le montant de cette taxe Tobin dont on parle depuis quinze ans. Preuve était donc faite : en Europe, quand on veut, on peut ! »

Martine Bulard forge le concept de " Social-défaitisme à la française " : « Il serait exagéré de prétendre que le président de la République François Hollande a été élu, il y a près d’un an, dans l’enthousiasme et l’attente de ruptures. Et pourtant, il a réussi à décevoir son électorat. De l’abandon de la réforme fiscale à l’absence de politique industrielle, de la révision du code du travail à celle des retraites, la bombe de l’austérité fait des dégâts. »

Naturellement, le Diplo revient longuement sur la mort de que Chávez en ce demandant d’abord ce qu’il a " rappelé à la gauche " (Renaud Lambert) : « Décédé le 5 mars dernier, le président vénézuélien aura amorcé le mouvement qui a transformé l’Amérique latine. En remettant les classes populaires au centre du jeu, il a placé les gauches de marché face à leurs contradictions. »

Steve Rendall explique pourquoi, pour les médias il fut " un homme à abattre " : « Pourquoi les médias occidentaux ont-ils donné une vision systématiquement négative de la révolution bolivarienne, présentant Chávez comme un « dictateur » alors qu’il a toujours été élu à la régulière ? »

Gregory Wilpert se demande quel est " l’avenir du mouvement bolivarien " : « Les Vénézuéliens éliront leur prochain président le 14 avril. Le nouveau paysage politique peine à se dessiner, entre une opposition disparate et le vide que la figure de Chávez laisse au sein de sa faction. »

Un portrait touchant d’Ignacio Ramonet sur " l’itinéraire d’un révolutionnaire " : « Né de parents modestes, d’origine métisse, sans perspective d’ascension sociale en dehors de l’armée, Hugo Chávez a aussi séduit les Vénézuéliens parce qu’il leur ressemblait. »

Avec Obama, on n’a pas fini de parler des drones (Grégoire Chamayou) : « L’usage des drones, qui bouleverse les règles de la guerre, ne suscite pas de rejet massif dans l’opinion en Occident. La figure du kamikaze apparaît, elle, comme le sommet de la barbarie. Attentats-suicides contre attentats fantômes, deux tactiques opposées qui historiquement se répondent. »

Laurent Geslin et Sébastien Gobert nous emmènent aux marges de Schengen : « Avec l’intégration des pays de l’Est à l’Union européenne et le gommage progressif des barrières frontalières, les identités nationales devaient être atténuées. Or, dans certains pays, les populations restent prisonnières de stratégies politiques qui instrumentalisent les questions identitaires.

Angelo Mastrandrea brosse un portrait sans concessions de Naples : « Naples, la ville aux deux visages : capitale culturelle au passé communiste et ouvrier, elle est aussi la ville de la Camorra, des petits boulots et de la contrefaçon. La crise économique a fait de la précarité et de la débrouille le lot d’un nombre croissant de ses habitants. Un avant-goût de ce qui pourrait survenir dans le reste de l’Europe ? »

Gros temps sur le théâtre, selon Thomas Ostermeier : « Pas de théâtre sans investissement public dans la durée et sans ancrage dans la société. Pour le directeur de la Schaubühne de Berlin, le théâtre en Europe pâtit non seulement de l’austérité, mais aussi de sa propre tendance à se laisser gagner par l’idéologie dominante. »

Les dirigeants des nouveaux centres commerciaux sont-ils les " Karl Marx de l’immobilier commercial " ? (Julien Brygo) : « Hideusement fonctionnels, leurs ancêtres ont ravagé le paysage des périphéries urbaines. Les nouveaux centres commerciaux, eux, se veulent des « lieux de vie », écologiques et accueillants. L’Atoll, près d’Angers, est l’un des plus grands d’Europe.

C’est une cité pavillonnaire comme il en existe des milliers en France. Caravanes et camping-cars méticuleusement garés dans des parkings collectifs, maisons clones aux haies parfaitement taillées et ceintes de barrières en plastique, pancartes « chien méchant » : nous sommes à la Mancharderie, au coeur de la commune de Beaucouzé, en bordure d’Angers. »

Hubert Védrine répond à Régis Debray : " L’OTAN, terrain d’influence pour la France " : « il réaffirme sa conviction que la position de la France au sein du commandement intégré de l’OTAN ne l’empêche nullement de développer une réflexion stratégique autonome à la fois ambitieuse et claire. »

Une recherche sans brevets est-elle possible (Germán Velásquez) ? : « Face à la cupidité des laboratoires pharmaceutiques, un projet de traité international vise à découpler le coût de la recherche et le prix des médicaments. Certains mécanismes permettent d’ores et déjà d’orienter la recherche vers les maladies endémiques au Sud. »

Les Keynians attendant toujours un port (Tristan Coloma) : « Les nouveaux dirigeants du Kenya héritent d’épineux dossiers, dont celui du port en eau profonde à Lamu, débouché continental d’un large projet de corridor de transport qui a pour but de transformer l’économie africaine en l’ouvrant sur l’Asie. »

Un article très intéressant d’Agnès Stienne sur coût de la viande bon marché qui finit par coûter plus cher que la viande chère : « Le scandale déclenché par la viande de cheval récemment retrouvée en lieu et place de boeuf dans les plats cuisinés de certaines grandes marques a révélé les failles du complexe agro-alimentaire international. Confronté à une forte augmentation de la demande liée à la consommation croissante des pays émergents, le système de production de viande imite de plus en plus le fonctionnement des chaînes d’approvisionnement mondial de l’industrie manufacturière. A chaque scandale alimentaire, le même scénario se répète. Les politiques grognent, les industriels beuglent, la grande distribution bêle, et tous reprennent de concert : transparence ! traçabilité ! étiquetage ! Des mesures annoncées haut et fort, et tant de fois répétées… pour mieux persévérer. Si l’on veut comprendre pourquoi, il faut élargir la focale et passer de l’étiquette des lasagnes fourrées au « boeuf » à la carte du monde, où s’entrecroisent les fils d’un système agricole en pleine recomposition. »

Comment rester en vie à Karachi ? (Ashraf Khan) : « Si, depuis cinq ans, le Pakistan n’a connu aucune secousse politique ni coup d’Etat, la campagne pour les élections législatives du 11 mai prochain se déroule dans un climat de grande tension. A Karachi, les assassinats font désormais partie du quotidien. »

Le privé s’invite aux Nations Unies (Chloé Maurel) : « Difficultés budgétaires aidant, la coopération des Nations Unies avec le secteur privé s’intensifie dans un manque total de transparence. Au-delà des possibles dérives, c’est la paupérisation des agences onusiennes qui est en cause. »

On fait désormais des simulations numériques des conflits sociaux (Pablo Jensen) : « A l’ère d’Internet, la population n’est plus une masse, mais un subtil réseau d’interactions. Marketing et sociologie cherchaient des tendances ; désormais, c’est dans l’intimité des connexions et des gestes individuels que l’on fouille. »

Qu’en est-il de la " sagesse " des membres du Conseil constitutionnel (Anne-Cécile Robert) ? : « Autrefois réservée aux débats doctrinaux et aux dissertations des étudiants en droit, la jurisprudence du Conseil constitutionnel a progressivement migré vers le sommaire des journaux télévisés. L’examen attentif de ses décisions suprêmement hétéroclites incite à la réserve le citoyen soucieux de sa souveraineté… constitutionnelle. »

Bernard Gensane

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