La françafrique en question
Ce terme de françafrique est impropre dans la forme comme dans le fond. Il s’apparente à un effort d’accoler deux mots : la France et l’Afrique. Or il s’agit d’un pays et un continent très lointain que seule l’histoire peut réunir. Le terme connaît pourtant un succès grandissant. En réalité c’est l’ancien président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët Boigny qui inventa l’expression France-Afrique en 1955, pour définir les relations d’amitiés qu’il voulait établir avec la France. Il sera transformé par François-Xavier Verschave, pour devenir françafrique.
Ce dernier le définit comme « une nébuleuse d’acteurs économiques, politiques et militaires, en France et en Afrique, organisée en réseaux et lobbies, et polarisé sur l’accaparement de deux rentes : les matières premières et l’Aide publique au développement. La logique de cette ponction est d’interdire l’initiative hors du cercle des initiés. Le système autodégradant se recycle dans la criminalisation. Il est naturellement hostile à la démocratie ». La Françafrique agit donc avec plusieurs acteurs (économiques, militaires et politiques) entre un seul pays, la France et un continent, l’Afrique, le tout dans des réseaux.
Pour faire court, les réseaux politiques, mafieux et de filières occultes, se partagent sans coup férir le gâteau africain. Il s’agit d’aider quelques entreprises françaises, aidées par la diplomatie française en Afrique à exploiter les ressources naturelles des pays francophones. Ainsi, l’Afrique devient le pré carré de toutes les compromissions et de tous les coups tordus, un espace protégé où l’impunité est assurée aux puissants.
Historique de la françafrique
En 1958 , l’union française est remplacée par la « Communauté » dans la constitution de la Ve République. Celle-ci est conçue comme une association entre un Etat souverain, la France, et des Etats africains disposant de l’autonomie interne. Le général de Gaulle, quand il accède à la présidence de la République, doit affronter une situation internationale nouvelle, celle où les colonies de la France du sud du Sahara affirment leur volonté d’accéder à l’indépendance. De Gaulle fait mine d’accepter.
Mais dans le même temps, il charge, dès 1958, son plus proche collaborateur, Jacques Foccart , de créer un système de réseaux qui emmaillotent les anciennes colonies dans un ensemble d’accords de coopérations politique, économique et militaire qui les placent entièrement sous tutelle. Bref, un système élaboré d’installation de forces parallèles. Et puis il y a eu l’ingénieuse idée de créer le franc CFA, et qui est en réalité un instrument magnifique de convertibilité en Suisse d’un certain nombre de richesses africaines.
La françafrique en action
Bolloré est l’un des acteurs économiques principaux de la Françafrique. On y découvre tout les liens politico-financiers de Bolloré qui est aussi directement bénéficiaire de l’aide économique au développement de le France aux pays africain, entretenant ainsi des relations étroites avec les dictatures d’Afrique. La dépendance de la France pour des produits dont le poids dans la balance commerciale est très lourd (pétrole, cuivre), mais aussi des produits stratégiques (manganèse), sillicium, platine, chrome, molybdène, éponge de titane, cobalt, ... le poussent à piller notre sous-sol avec l’aide de nos présidents traitres. Comme le rappelle Samir Amin, aujourd’hui comme hier largement motivé par le contrôle et l’exploitation des ressources minières du continent . C’est cette françafrique qui a chassé Lissouba au pouvoir parce qu’il a eu le malheur de demander 33 % de royalties sur le pétrole au lieu des 17 % de Sassou Nguesso.
C’est aussi la françafrique qui a partagé le pétrole angolais : 45 % pour Elf-Totalfina et 45 % pour une compagnie anglo-saxonne et 10 % pour Falcon-Oïl. C’est bien l’entreprise pétrolière Elf, qui aurait « fait » la politique de l’État français au Gabon, au Cameroun, au Nigéria, au Congo-Brazzaville et en Angola, et aurait même été responsable de l’éclatement ou de la poursuite de guerres civiles dans ces trois derniers pays. Les services secrets (DGSE, DST) sont également désignés comme un élément important de ces réseaux, de par leur collaboration intense avec les services de plusieurs pays africains, pas nécessairement francophones (Angola ou Soudan par exemple). Elle a aussi aidé des présidents corrompus des Etats néocoloniaux, fondés sur une économie de rente, de pillage, de prélèvement de la richesse des matières premières ou de détournement de l’aide publique au développement.
Cette même françafrique s’est transformée en mafiafrique, une sorte de mondialisation de relations criminelles. N’est ce pas elle qui a éliminé Ruben Um Nyobé du Cameroun, Sylavanus Olympio du Togo (le 13 janvier 1963), Barthelemy Boganda de la Centrafrique, Thomas Sankara du Burkina Faso, Patrice Lumumba de l’ex-Zaïre, Marien Ngouambi du Congo Brazzaville, Steve Biko de l’Afrique du Sud, Kragbé Gnagbé et Ernest Boka de Côte d’ivoire, etc. Que dire du Nigérien Hamani Diori qui voulait vendre son uranium ailleurs qu’en France, il a été déposé manu militari. L’Afrique est le seul continent qui soit encore à la mesure de la France, à la portée de ses moyens, le seul où elle peut encore, avec cinq cents hommes, changer le cours de l’histoire .
Que d’opérations sur notre continent pour déstabiliser nos Etats : opération « Tacaud » dans la guerre du Katanga (Zaïre) en 1978, opération « Barracuda » contre Bokassa en 1979, opération « Epervier » en 1986 au Tchad, opération « Turquoise » au Rwanda en 1994, opération « Azalée » en 1995 au Comores,[..] opération « Licorne » en 2002 en Cote d’Ivoire . Enfin très bien organisée, la françafrique et les pantins de l’Afrique se retrouvent souvent pour festoyer comme les impies de Sodome et Gomorrhe lors des sommets franco-africains, dont le premier a été inauguré par le président Pompidou regroupant la France et 11 pays africains, en 1973.
Les promesses non tenues de Nicolas Sarkozy
Il a un discours contradictoire vis-à -vis de l’Afrique . On peut déceler ici et là des éléments de rupture et de continuité avec la politique africaine de la France. Les textes de référence sont : un discours de Nicolas Sarkozy au Bénin en mai 2006, une interview donné au magazine Jeune Afrique en novembre 2006, le discours du meeting UMP de Toulon et un discours sur la politique internationale en février 2007. Il veut « Se débarrasser des réseaux d’un autre temps, des émissaires officieux qui n’ont d’autre mandat que celui qu’ils s’inventent.
Le fonctionnement normal des institutions politiques et diplomatiques doit prévaloir sur les circuits officieux qui ont fait tant de mal par le passé. » Il souhaite « cesser de traiter indistinctement avec des démocraties et des dictatures ». On le savait critique vis-à -vis de la politique africaine de jacques Chirac, mais on était loin de douter que l’homme débordant d’ambition manquerait de courage pour faiblir la françafrique. "Il nous faut construire une relation nouvelle, assainie, décomplexée, équilibrée, débarrassée des scories du passé et de ses obsolescences", pour "une relation plus transparente" entre la France et ses anciennes colonies pour "tourner la page des complaisances, des officines, des secrets et des ambiguïtés ».
Aux lendemains de son élection, le président Sarkozy reçoit à l’Elysée, Omar Bongo et Sassou N’Nguesso. Le dessaisissement de Jean-Marie Bockel du portefeuille de Secrétaire d’Etat à la Coopération, dans le cadre du remaniement ministériel post-municipal, est une véritable sanction à l’encontre de celui qui avait annoncé en janvier dernier vouloir « signer l’acte de décès de la Françafrique ». Pour sa première visite en Afrique, le nouveau secrétaire d’État français à la Coopération Alain Joyandet était le 10 avril 2008 au Gabon, dont les autorités avaient salué l’éviction de son prédécesseur, Jean-Marie Bockel. "En allant au Gabon, a-t-il déclaré à l’AFP, il va rectifier la ligne politique adoptée par le secrétariat d’Etat à la Coopération depuis l’arrivée de Jean-Marie Bockel à sa tête". En plus l’amitié de Sarkozy avec Vincent Bolloré qui lui prête à volonté son yacht alors que les activités de son groupe, qui détient un pouvoir difficile à cerner, tant les contours sont tracés dans l’opacité . Dans la polémique du « yacht prêté », Sarkozy disait que le groupe Bolloré ne percevait pratiquement rien des contrats avec l’Etat français, pour qu’il soit influencé par d’éventuelles cessions de marché. Cela est vrai d’autant plus que, comme le dit son président, « ce qui fait la spécificité de notre groupe, c’est son implantation en Afrique ».
Il y compte pas moins de 70 sociétés, implantées dans 35 pays (21 francophones et 14 anglophones) . La françafrique soutient ces entreprises qui ne s’entichent que de la violence politique pour s’emparer des marchés. Vous en conviendrez avec moi pour comprendre que la vie est un rendez-vous du donner et du recevoir : Bolloré a donné, il doit recevoir. Le groupe recevra donc de Sarkozy une aide appuyée de la diplomatie française, du soutien militaire pour intimider les présidents « libérateurs », et un maintien de la monnaie esclave, qu’est le franc CFA, pour bien exploiter les pays africains. L’ensemble se retrouvant dans le détail. Voici la véritable vérité N’en déplaise à ceux qui imaginent une Afrique libre et prospère, totalement épargnée par la fibre impérialiste, dont le monde occidental est plus ou moins atteint de cette fièvre ostentatoire, je ne suis pas prêt à accepter « l’Afrique aux africains » : tel est le message central que Sarkozy lance au sous continent noir. Quand il s’agit de parler de l’Afrique, le vernis de leur bonne éducation s’écaille, l’Afrique étant le seul continent où même un mécréant peut en dire du mal sans représailles. Pour l’homme qui pense que « l’homme africain » n’est que bélitre, et dans le contexte actuel de la renaissance africaine, son addiction au néocolonialisme fait désordre.
Jeunesse africaine, la trompète du Jubilé a sonné
Et bien nous avons compris qu’avec Sarkozy, désormais, la France officielle défend tout haut l’idée d’une nation « décomplexée » par rapport à son histoire coloniale et au mieux elle revisite les thèses racistes et impérialistes. Au nom de la conception commune d’une Afrique libre, au nom du MLAN, la jeunesse africaine par ma voix, rend un hommage mérité à François Verschave, qui a milité toute sa vie durant au sein de survie, pour une Afrique digne et débarrassée des réseaux mafieux. Le combat pour l’Afrique lui a valu un procès pour offense à chef d’Etat de la part de trois dictateurs africains : le Tchadien Déby, le Congolais Sassou Nguesso, et le Gabonais Bongo. Gloire et reconnaissance à Xavier Verschave. Aussi, saluons-nous la réincarnation de cette ferme volonté d’en finir avec ces « démons » en la personne de Jean Marie Bockel, c’est pourquoi, l’Afrique et ses enfants lui doivent respect et témoignage de notre amitié.
A vous jeunesse africaine, face à une droite aussi dure, qui s’accroche à la françafrique, il faudra une résistance héroïque, dont les actions feront date. Je sais et j’ai foi que Dieu est de notre côté car il est le Dieu des faibles. Sarkozy a trouvé son équilibre entre le culte permanent de la françafrique et le satyre des vivants, allant jusqu’à griller la politesse à ses prédécesseurs. La vérité a trébuché à la place publique. Aidons-le à guérir de cette vision manichéenne, car il y va de notre survie et celle des générations futures. N’ayons peur de rien car n’est ce pas déjà la mort que l’esclavage dans lequel nous sommes ? Nous réussirons certainement dans ce combat par la foi de nos actes. La manumission de notre continent, pillé depuis des siècles a sonné. Que cela soit écrit et qu’il s’accomplisse !
Le Président du MLAN
Prao Yao Séraphin
alterinfo.net