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Le jour où Pinocchio découvrit la vérité (Rebelion)

Au petit jour, Pinocchio se réveilla, et ne prit même pas le temps d’enfiler ses panroufles. Il sauta de son lit en pyjama et il se précipita, tout tremblant, dans la salle de bain bien décidé à vérifier dans la glace jusqu’à quel point les conséquences de ses mensonges avaient allongé son nez et ses oreilles.

La Fée Bleue du conte qui lui avait donné la vie l’avait bien mis en garde du risque qu’il courrait s’il ne disait pas la vérité, mais il put voir dans la glace que son nez n’était pas plus long et que ses oreilles n’étaient pas comme celles d’un âne.

Pinocchio reprit ses esprits ; il alluma la radio pour être mieux au fait pour affronter le monde une fois dans la rue et c’est ainsi qu’il fut informé de combien Monsieur le Maire se souciait du bien être de ses concitoyens, de l’intéret jamais démenti de son Président et de son gouvernement pour mettre fin aux conditions de vie déplorables, de la ferme volonté des industriels de créer des emplois, du désir irrépressible des banquiers de distribuer leurs profits, du grand zèle des juges à rendre sagement la justice, de la minutieuse application avec laquelle les grands medias de la communication diffusaient la vérité, des tourments qui accablaient l’Eglise incapable de nous donner notre pain quotidien… et Pinnocchio constata qu’aucun de tous ces défenseurs de la raison, de la justice, de la morale, du peuple, n’avait vu son nez grandir ni ses oreilles devenir aussi longues que celles d’un âne.

Aucun, sauf la Fée Bleue.

Koldo Campos Sagaseta
Rebelión http://www.rebelion.org/noticia.php?id=121799

traduction Manuel Colinas

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