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Le FMI et la Banque mondiale perdent de leur influence. Le Venezuela annonce son retrait de ces institutions, par Mark Weisbrot.








Vendredi 4 mai 2007.


La décision du Venezuela de se retirer du Fonds monétaire international (FMI) et de la Banque mondiale sera perçue aux Etats-Unis comme un nouvel épisode du duel qui oppose le président Chávez et le gouvernement Bush. Mais, dans le reste du monde, cette décision sera sans doute comprise de façon différente et elle pourrait avoir un impact sur ces deux institutions qui ont perdu en influence et en légitimité ces dernières années dans les pays en développement.

D’autres pays pourraient suivre l’exemple vénézuélien. Le président équatorien Rafael Correa a demandé, la semaine passée, au représentant de la Banque mondiale de quitter le pays, geste sans précédent. Le président Correa a ajouté le commentaire suivant : « Nous ne nous soumettrons pas à l’extorsion de la bureaucratie internationale ». En 2005 la Banque mondiale avait suspendu un prêt de 100 millions de dollars à l’Equateur pour essayer de contraindre le gouvernement à utiliser les revenus du pétrole pour financer la dette plutôt que des mesures sociales. Ces deux institutions ont agi de cette façon pendant des décennies. Le FMI étant le principal responsable -et le département du Trésor des Etats-Unis disposant d’un droit de veto-, l’ensemble constituait un « cartel de créanciers » qui pouvait exercer des pressions énormes sur les gouvernements pour tout un éventail de décisions à caractère économique. Cette pression n’a pas seulement provoqué un ressentiment généralisé, mais elle s’est soldée par des échecs économiques dans les pays ou les régions où le FMI et la Banque mondiale ont eu le plus d’influence. Ces vingt-cinq dernières années l’Amérique latine a connu ses plus mauvais chiffres de croissance depuis plus d’un siècle.

Le Venezuela a également des griefs bien précis contre le FMI, et cela pourrait susciter la sympathie d’autres pays en développement qui ont des gouvernements démocratiques de centre-gauche. Le 12 avril 2002, quelques heures à peine après le coup d’Etat militaire qui avait renversé le président élu, le FMI avait déclaré publiquement qu’il était « prêt à aider le nouveau gouvernement [de Pedro Carmona] de la façon qu’il considérerait appropriée ». Cette offre instantanée d’un soutien financier à une dictature à peine étrennée -une dictature qui avait déjà dissous la constitution du pays, l’assemblée parlementaire, la Cour suprême, etc.- était un fait sans précédent dans l’histoire du FMI. Généralement le FMI ne réagit pas si vite, y compris pour un gouvernement élu. Peu importe que ce geste ait été perçu au Venezuela et ailleurs comme une tentative de la part du FMI d’apporter son soutien au coup d’Etat. La Maison Blanche, qui domine le FMI, -informée du coup d’Etat avec antériorité- l’avait soutenu et avait financé certains de ses dirigeants. C’est ce que montrent les documents officiels du gouvernement des Etats-Unis. De surcroît, le Venezuela est mécontent parce que ces dernières années le FMI a constamment sous-estimé sa croissance économique - le FMI a fait de même pour l’Argentine. Les calculs du FMI sont très utilisés et ils influencent donc les investisseurs.

Il existe un ressentiment généralisé dans le monde à l’égard du FMI et de la Banque mondiale. Le scandale à propos de la gestion de la Banque mondiale par Paul Wolfowitz va provoquer l’expulsion du président le plus impopulaire qu’ait connu l’institution ; mais ce n’est là que le sommet de l’iceberg. Le mois dernier, le Bureau indépendant des évaluations du FMI a déclaré que depuis 1999 près des trois quarts des aides aux pays pauvres de l’Afrique sub-saharienne ne sont pas effectivement versées. Ce qui se passe, à la demande du FMI, c’est que cet argent est utilisé pour payer les dettes accumulées. C’est terrible de faire cela aux pays les plus pauvres du monde, lesquels ont désespérément besoin de cet argent pour faire face à la pandémie de SIDA/HIV.

La décision du Venezuela renforcera probablement la position des pays en développement qui réclament d’importantes réformes au sein du FMI et de la Banque mondiale. Actuellement les Etats-Unis, avec 5% de la population mondiale, ont plus de voix au sein du FMI que les pays représentant la majorité de la population de la planète. Les pays en développement, qui subissent les conséquences des erreurs commises par ces institutions, ne participent quasiment pas aux prises de décision. Le geste du Venezuela -et de tout pays agissant de la même façon- montre qu’il existe une option tout à fait réaliste : se retirer de ces institutions.

Il reste à voir si cela conduira à une modification de la relation de type néocolonial qui existe entre ces institutions et les emprunteurs. Il est plus probable que ces institutions continueront de perdre de leur influence dans le monde en développement, comme cela a déjà commencé à se passer depuis environ dix ans.

Mark Weisbrot


 Source : Common Dreams www.commondreams.org

 Traduction : Numancia Martà­nez Poggi




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Amérique latine : La bipolarisation inévitable, par Raul Zibechi.






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