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Le fiasco du Président Sarkozy, par Jean-Jacques Chavigné.








12 janvier 2008.


Au lendemain de la présentation des voeux du président de la République, France 2, ce qui est plutôt rare, s’est décidé à faire du journalisme. Elle nous a montré des images de Sarkozy candidat, frétillant et sûr de lui, annonçant qu’il serait le « Président du pouvoir d’achat ». Aussitôt après, la chaîne nous montrait d’autres images : celles du Président Sarkozy, la veille, les épaules basses, annonçant qu’il ne pouvait rien faire pour le pouvoir d’achat des Français : les caisses de l’Etat étaient vides et il n’avait pas d’ordres à donner aux chefs d’entreprises. Le fiasco !

Il est extrêmement peu fréquent que la télévision opère de tels rapprochements. Habituellement elle fait tout, au contraire, pour que la mémoire se brouille. Peut-être les attaques de Sarkozy contre le financement des chaînes publiques y étaient-elles pour quelque chose…


Sarkozy avait tout oublié

Dans son show, Sarkozy avait même oublié ce qu’il avait annoncé à la fin de l’année dernière. Où était donc passée la prime de 1 000 euros que devaient percevoir les salariés des entreprises où il n’y avait pas d’accord de participation ? Dans les mêmes oubliettes que celles où Sarkozy avaient jeté ses promesses d’augmenter de 25 % le minimum vieillesse et de revaloriser les remboursements de lunettes ou de soins dentaires ?

Les caisses de l’Etat son vides ? Mais qui les a vidées ? Qui a fait un cadeau de 11 milliards d’euros annuels aux ménages les plus riches de notre pays ? Les caisses de l’Etat sont vides ? Mais alors, qui paiera les 23 millions d’heures supplémentaires impayées et les 3,54 millions de jours de congés accumulés par l’ensemble des salariés de l’hôpital que Sarkozy s’était engagé à payer lors de sa dernière intervention de l’année 2007 ?

Le Président Sarkozy n’a pas d’ordre à donner aux employeurs ? Mais alors pourquoi le candidat Sarkozy affirmait-il que les salariés pourraient faire des heures supplémentaires quand ils le souhaiteraient ? En réalité, Sarkozy peut fort bien agir sur le pouvoir d’achat en augmentant le Smic et les retraites. Mais il s’est refusé à donner un coup de pouce au Smic et alors que l’inflation avoisinera les 2 % en 2008, les retraites n’augmenteront que de 1,1 %.

En remettant en cause la durée légale du travail, c’est les heures supplémentaires que Sarkozy remet en cause puisque la durée de 35 heures de travail correspond uniquement au seuil de déclenchement des heures supplémentaires. Après avoir été le candidat des « heures supplémentaires », après avoir construit toute sa campagne électorale sur « travailler plus pour gagner plus », Nicolas Sarkozy veut supprimer les heures supplémentaires et obliger ainsi les salariés à « travailler plus pour gagner moins ».


Où sont les résultats de « l’homme aux résultats » ?

Où est le bilan des huit mois qu’il vient de passer à l’Elysée ? Les exonérations fiscales devaient relancer la croissance et le pouvoir d’achat : où est cette croissance, où est ce pouvoir d’achat ? La réalité est que le grand adepte de la « culture de résultat » que prétend être le président de la République n’a obtenu aucun résultat sur ce qu’il annonçait être le but fondamental de sa candidature : le pouvoir d’achat.

«  Les Français n’en peuvent plus d’attendre. Je m’étonne que l’on puisse nous reprocher qu’on aille trop vite… » affirmait-il lors de ce même show. Mais ce que lui reprochent les Français c’est de faire preuve d’une extrême célérité lorsqu’il s’agit de faire des cadeaux fiscaux aux plus riches, d’instaurer des franchises médicales ou de s’attaquer aux retraites mais d’être incapable d’augmenter le pouvoir d’achat ou de faire baisser le chômage, ailleurs que dans les statistiques.


Malaise dans la civilisation

Rattrapé par la réalité, l’homme « des résultats » sans résultat essaye de botter en touche et de nous parler de son grand projet de « civilisation ». Ce grand projet commence à ne plus avoir de secret pour personne, la civilisation qu’il veut nous imposer c’est celles des Etats-Unis : aucun obstacle à l’enrichissement des plus riches, 45 millions de personnes sans aucune couverture sociale, des retraites de misère pour la majorité des salariés, l’emprisonnement des pauvres, les immigrés pourchassés, la guerre au Moyen-Orient, la bourse et les multinationales qui dictent leur loi au grand jour…

Mais cela ne fonctionne pas. Les habitants de notre pays sont lassés du baratin, des jets, du strass et des paillettes. Sarkozy est aujourd’hui en chute libre dans l’opinion. Il perd 17 points d’opinions favorables depuis les lendemains de son élection. Sa rupture avec les électeurs de gauche, en particulier, « c’est du sérieux ! » : en juin, 49 % des électeurs du PS le trouvaient « convaincants », ils ne sont plus que 20 % aujourd’hui (Figaro du 4 janvier 2008).


La conjoncture est favorable

La conjoncture est favorable pour que l’unité syndicale se réalise (contre le gouvernement et le Medef) et exiger la hausse du pouvoir d’achat, le refus de l’augmentation de la durée de cotisation des retraites, la fin de la précarité de l’emploi.

La conjoncture est favorable pour mettre un coup de frein à l’agression de Sarkozy contre le salariat et l’obliger à respecter la démocratie. Il faut pour cela que tous les parlementaires de gauche se rendent à Versailles, le 4 février, et lui imposent, en votant contre le projet de modification de la Constitution, de soumettre le Traité Modificatif Européen (TME) à un nouveau référendum. Seul le peuple, en effet, peut défaire ce que le peuple a fait.

Jean-Jacques Chavigné pour Démocratie & Socialisme.
www.democratie-socialisme.org




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