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Une réflexion synthétique sur l'état de la gauche et du communisme

Le fascisme, les fascistes et leurs hommes de main

Un début de réflexion sur le fascisme aujourd’hui.

Le libéral-fascisme

En ce début du XXI° siècle, utiliser le terme fasciste pour caractériser certains partis et/ou mouvements d’extrême-droite n’est pas satisfaisant.

Pourquoi ?

Parce que cette appellation générique renvoie aux régimes qui ont existé en Allemagne et en Italie entre les deux guerres, et parce qu’elle elle évoque la violence et la terreur policière pratiquées et entretenues par ces régimes, en occultant leur aspect économique, c’est-à-dire la domination féroce et impitoyable du capital qui est sa caractéristique fondamentale.

Violence et terreur qui étaient, en plus du système répressif étatique, le fait de troupes paramilitaires agissant en toute liberté dans les lieux publics.

Le terme de libéral-fascisme désigne fort bien cette forme de capitalisme dans laquelle le capital impose ses vues sans avoir besoin d’utiliser des formations paramilitaires pour exercer une ‘violence de rue’.

Que cette forme soit passagère ou transitoire, en ce début du XXI° siècle, n’enlève rien à ses caractéristiques et ce n’est pas une raison pour ne pas la nommer par un terme adapté à ses caractéristiques.

Le fascisme a été défini, dans les années trente du XX° siècle, avec la plus grande clarté par Dimitrov. C’est, a-t-il dit : « la dictature terroriste ouverte des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier ».
Au début du XXI° siècle, en Amérique du Nord, en Europe et en Extrême-Orient ( Corée, Japon ) principalement, sont établies des dictatures ouvertes des éléments les plus réactionnaires, les plus chauvins, les plus impérialistes du capital financier. Elles peuvent bien sûr, si un mouvement révolutionnaire s’organisait, devenir terroriste.
Pour l’instant ( fin 2015 ) ce n’est pas le cas, c’est le libéral-fascisme qui règne dans les pays industrialisés.

Libéral-fascisme qui pratique le colonialisme en Amérique Latine, en Afrique, en Asie du Sud-Est, où il installe et soutient des dictatures qui, là, ne peuvent être que terroriste.

Ces régimes libéraux-fascistes se sont établis sur les restes de la vieille démocratie bourgeoise qu’ils conservent comme façade. Façade qui dissimule, comme toute bonne façade, les véritables décideurs économiques, politiques, militaires, culturels, ...
Les véritables décideurs ce sont les actionnaires des entreprises multinationales et des institutions financières.

Les péripéties politiques qui interviennent dans les ruines de la démocratie bourgeoise ne les concernent en rien. N’affectent en rien leur pouvoir.

Ce qui a été fort bien dit par le Président de la commission européenne, Jean-Claude Juncker, lorsqu’il a déclaré, le 28 janvier 2015, dans ‘pas question de supprimer la dette grecque’ : « Dire que tout va changer parce qu’il y a un nouveau gouvernement à Athènes, c’est prendre ses désirs pour des réalités (...) Il ne peut y avoir de choix démocratique contre les traités européens. »

Il confirme par-là sa déclaration du 25 mai 2005 au journal belge Le Soir, c’est-à-dire quatre jours avant le 29 mai 2005 ( jour du Référendum français sur le traité établissant une constitution pour l’Europe ), en effet, il confiait ce jour-là que « Si c’est oui, nous dirons donc : on poursuit ; si c’est non, nous dirons : on continue ! ».

Les résultats des élections ou des référendums n’ont plus, dans le régime libéral-fasciste, aucune conséquence.

Quels que soit le ou les résultats, tout continue comme avant.

État de chose qui combine les apparences de la démocratie bourgeoise ( le côté libéral ), avec le maintien de la pratique électorale, entre autres, et la sauvage domination économique du capital ( le côté fasciste ).

D’où l’appellation de régime libéral-fasciste.

Le fascisme en Italie et en Allemagne a été une forme violente, dictatoriale, autoritaire de gouvernement imposée par le capital qui ne pouvait plus gouverner par ‘démocratie bourgeoise’ interposée.

Le capital a dû y abandonner la façade ‘démocratie bourgeoise’ sous la poussée d’un puissant parti communiste ( en Allemagne ) et face à une assez large prise de conscience de leur exploitation par les salariés et, peu ou prou, de leur aliénation.

En ce début du XXI° siècle, en Europe, les conditions sont en résumé :

- Les actionnaires des entreprises multinationales et des marchés financiers gouvernent, plus ou moins directement, dans tous les pays ;

- Les partis communistes sont : soit inexistants, soit devenus réformistes, soit les deux, inexistants et réformistes (sauf exception).
Inexistants : très peu d’adhérents, très faible audience électorale, diffusion quasi confidentielle de leur presse (de ce qu’il en reste).
Réformistes : abandon des fondamentaux du marxisme ( dictature du prolétariat et lutte des classes, entre autres ) pour gérer le capitalisme comme le font les partis de droite.

- La disparition de l’URSS n’a ni arrêté, ni ralenti le développement d’un anticommunisme qui se fait de plus en plus sournois et virulent ( les faits historiques et les éléments théoriques du marxisme sont systématiquement déformés, travestis, transformés en leur contraire ... ).

- Les salariés, bien que toujours et de plus en plus exploités et aliénés, soumis au matraquage médiatique capitaliste, empêtrés dans les difficultés matérielles, confrontés au chômage grandissant sont désabusés et désorientés ( au point de vouloir continuer avec l’euro et rester dans l’UE, comme en Grèce, mais pas uniquement là ).

Variante : ils sont abusés par les dirigeants politiques qui les orientent vers des solutions capitalistes.

Résultat concret : le vote des citoyens soit n’a plus aucune espèce d’importance, soit n’est pas pris en compte lorsqu’il déplaît au capital ( deux états de fait de plus en plus palpables par les électeurs ).

Et, s’il y a ‘alternance’, comme disent les médias, cette dite ‘alternance’ n’engendre aucun changement, ni de politique économique, ni de politique sociale, ni de politique extérieure, ni de politique culturelle ...

Hier comme aujourd’hui, le fascisme c’est la domination impitoyable du capital sur les peuples.

Le capital a ‘figure humaine’, il est incarné par quelques pour cent de la population mondiale. Le Crédit Suisse dans son rapport Global Weailh Databook écrit que « en 2013, le patrimoine est réparti de façon profondément inéquitable : 83,3 % est détenu par seulement 8,4 % de la population. Les 1 % les plus fortunés contrôlent pas moins de 46 % du patrimoine mondial. En revanche 68,7 % de la population mondiale disposent seulement de 3 % de l’ensemble. » 22,9% de la population possèdent 13,7% des richesses. La domination est réellement impitoyable : 1% contrôle 46% !
Elle est le fait, cette domination, aussi bien au XX° siècle qu’aujourd’hui, des actionnaires des entreprises multinationales et des institutions financières.
Ils n’agissent pas directement ces actionnaires, ils agissent par hommes de main interposés.

Au XX° siècle, leurs hommes de main étaient les dirigeants et les cadres des partis fascistes, avec leurs formations paramilitaires.

Aujourd’hui, leurs hommes de main sont, pour l’instant, les dirigeants et les cadres de ces partis que les médias nomment ‘les partis de gouvernement’. C’est-à-dire les partis de droite et les partis sociaux-démocrates (ou partis socialistes). Les uns comme les autres, une fois qu’ils sont ‘démocratiquement’ élus, gouvernent en appliquant les exigences du capital, c’est-à-dire des actionnaires.

Il convient d’analyser cette situation plus profondément et de l’expliquer à ceux qui croient être encore en démocratie.

Et, à partir de cette base organiser le combat.

Cette forme du fascisme qui s’est constituée et installée peu à peu, paraît ‘naturelle’ à tout un chacun.

Et ce d’autant plus qu’elle se masque de la ‘pluralité démocratique’, car les exigences du capital sont mises en œuvre, par un gouvernement :

- de droite (un peu partout en Europe), soi-disant de gauche, en fait social-démocrate (en France actuellement, en Espagne et en Grèce récemment),
- de coalition parti de droite / parti social-démocrate (en Allemagne, par exemple),
- soi-disant de la ‘gauche radicale’ (en Grèce pendant quelques mois),
- soi-disant de la ‘gauche radicale’ avec le soutien des partis de droite et du parti social-démocrate ( en Grèce actuellement ).

C’est le visage du fascisme aujourd’hui en Europe : quel que soit le résultat du ‘vote démocratique’, c’est la politique voulue par le capital qui est menée dans tous les domaines. Et qui s’impose, pour le moment, sans trop de résistance.
Il n’est nullement exclu qu’une résistance populaire, si elle devient importante et structurée, déclenche une réaction musclée du capital.

Le fascisme c’est, d’abord et avant tout, la domination impitoyable du capital sur les peuples, autrement dit, c’est l’exploitation maximale des travailleurs manuels et des travailleurs intellectuels, et c’est l’aliénation de ces mêmes travailleurs par l’action ininterrompue des médias, de l’enseignement, des loisirs (prétendument culturels, sportifs, ...) .... Voilà.

Ceci dit, le mot ‘fascisme’ renvoie à et évoque, tout à la fois, ce qui se passe dans la rue : défilés de groupes paramilitaires, violences envers les communistes, les syndicalistes (leurs assassinats, leurs arrestations).

Ce qu’il faut bien voir, c’est que la terreur ainsi établie a pour but la domination implacable du capital. Et, lorsque, face au capital il n’y a qu’une opposition faible en nombre et peu ou mal ou, même, pas structurée, il n’a pas besoin, ce capital, de ce déploiement de violence guerrière dans les rues.

En un mot, il n’a pas besoin d’un climat de terreur pour imposer sa domination. La ’démocratie bourgeoise’ lui convient parfaitement, il n’y a aucune nécessité pour lui d’abandonner cette façade, étant donné que quel que soit le nom du parti qui gouverne, il va, ce parti, appliquer les consignes du capital.

C’est la situation actuelle (fin 2015). Pas plus.

Tenir compte aussi (Bourdieu) de la violence symbolique, silencieuse « car acceptée, légitimée, inscrite dans les institutions et dans les corps comme une évidence » qui empêche la mobilisation contre toute domination.

Les actionnaires des entreprises multinationales et des institutions financières sont littéralement ‘invisibles’. Ils n’apparaissent jamais nulle part, ni à la télévision, ni à la radio, ni dans la presse. S’ils n’apparaissent jamais nulle part, c’est tout bonnement parce que ce sont eux qui possèdent ou qui contrôle les médias. Ils ne tiennent pas du tout à se faire connaître.

Bien qu’étant ‘invisibles’ pour le grand public, ils n’en existent pas moins, et il convient de les démasquer, de les rendre visibles.

D’expliquer leur rôle économique, politique, culturel, militaire.

Ce sont eux qui par lobbyistes interposés dirigent l’UE et négocient les traités internationaux (TAFTA, TPP, ALENA ...) afin d’augmenter toujours plus leurs profits.
Ce sont eux qui déjà dirigent tous les États de par le monde. En grande partie par ce que les économistes appellent ‘le gouvernement par la dette’.

Ce sont eux, aussi, qui par gouvernements démocratiquement élus et institutions internationales interposés pillent la Grèce et le peuple grec.

Il est là, il est installé sur toute la planète, le fascisme.

Les violences dans les rues (bastonnades, assassinats, arrestations) sont remplacées par des violences législatives ( légales ) qui limitent les droits des travailleurs, qui les rendent encore plus exploitables ( en quantité et en qualité ).

En résumé, le fascisme aujourd’hui c’est :

partout dans le monde :

- la domination impitoyable exercée par les actionnaires sur les travailleurs,
- l’asservissement de l’ensemble de la population par les médias, médias tenus en main, d’une manière ou d’une autre, par ces actionnaires,

plus localement :

- la direction de l’UE par le Conseil Européen. Même en droit bourgeois le chef d’un État n’a pas compétence pour diriger les États d’alentour,
- la manipulation de la population française par le gouvernement, après la tuerie de Charlie Hebdo.

Le fascisme aujourd’hui a une forme paisible, en Europe.
Le capital, sans avoir besoin de faire intervenir des groupes paramilitaires, se livre à l’exploitation de plus en plus féroce et à l’aliénation généralisée des travailleurs.

Depuis la rédaction du texte ci-dessus de nouveaux faits montrent que le fascisme est bel et bien installé en Europe, mais pas seulement là.

Par exemple :

- ce qui s’est passé au congrès de la Confédération Européenne des Syndicats ( CES ) : les délégués ont applaudit les discours de Hollande, de Juncker et du président du parlement européen : les représentants des actionnaires, non seulement, vont ouvrir un congrès syndical, mais se font applaudir en proclamant le contraire de ce que, chacun à son poste, réalise : chômage, casse du code du travail, pillage des peuples en Europe, en Afrique, (CES financée à 75% par l’U.E.) ;

- ce qui est en train de se passer chez Air France : l’arrestation d’employés et de syndicalistes en colère car confrontés à un vaste plan de licenciement ;

- ce qui se passe au Portugal : Le président du Portugal, Anibal Cavaco Silva, a rejeté le gouvernement de coalition formé avec le soutien de la nouvelle majorité parlementaire, au motif qu’il comprend des personnalités du Bloc de gauche et des communistes ;

« En 40 ans de démocratie, aucun gouvernement au Portugal n’a jamais dépendu de l’appui des forces anti-européennes, à savoir les forces qui ont fait campagne pour abroger le Traité de Lisbonne, le Pacte budgétaire, le Pacte de croissance et de stabilité, ainsi que de démanteler l’Union monétaire et de sortir de l’euro, sans parler de quitter l’Otan », a-t-il commenté.

Cette décision, qui constitue un coup d’État au regard de la Constitution portugaise, est la première affirmation institutionnelle de l’interdiction des adversaires de l’Otan d’entrer dans un gouvernement de l’Union européenne ;

- ce qui se passe en Turquie : la terreur et la guerre civile pour gagner les ‘nouvelles’ élections et instaurer un régime présidentiel ‘dur’. Les ‘nouvelles’ élections c’est la mise en application du principe suivant : faire revoter les électeurs jusqu’à ce que le résultat voulu soit obtenu ; soit une prise en main, inflexible, des travailleurs par les valets du capital.

Mardi 5 janvier 2016

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