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Le Congrès des États-Unis contre les droits des peuples ?

Les édiles états-uniennes ont-elles un problème avec la démocratie et les droits des peuples ? Ou sont-elles adeptes de l’axiome « fais ce que je te dis, ne fais pas ce que je fais » ? Dans les deux cas, il faut croire que oui ! Ce qui induit une sorte de totalitarisme selon lequel, des personnes ont tous les droits, et peuvent faire et décider tout ce qu’ils ordonnent quand d’autres, leur seul droit serait de se conformer et d’appliquer ce qui a été décidé pour eux. C’est du moins l’impression que donne la condamnation par le Congrès des EU de la résolution 2334 du Conseil de sécurité (votée le 23 décembre 2016) qui juge « illégales » les colonies israéliennes dans les territoires palestiniens occupés. Ainsi, les parlementaires étasuniens demandent-ils le retrait de la résolution onusienne ou sa modification « afin qu’elle ne soit plus unilatérale et anti-Israël » et permette une solution au conflit par « des négociations bilatérales directes entre les deux parties ».

Premier point : le Congrès des EU estime la résolution de l’ONU « anti-Israël » du fait qu’il lui est demandé d’arrêter la colonisation. En fait, le Conseil de sécurité s’est conformé à sa mission, et il n’y avait rien d’anti-Israël dans la résolution sus-citée. De nombreux pays ont été sanctionnés par l’ONU. Or, jamais ils n’ont accusé cette institution d’être contre eux. Alors, le droit international, que représentent l’ONU et le Conseil de sécurité, doit-il concerner uniquement les pays sans grade, mais Israël, pas touche ? Bien sûr que ce serait là une hérésie !

Deuxième point : les parlementaires étasuniens appellent à des « négociations bilatérales directes » entre les deux parties. Certes ! Toutefois, est-il concevable de négocier alors que l’une des parties (Israël en l’occurrence) poursuit la colonisation et la reconfiguration des territoires palestiniens occupés ? Il est patent, néanmoins, que le Congrès ne peut ignorer qu’une série de négociations « directes », parrainées par les Etats-Unis, eurent lieu entre 1993 et 2014, qui ont toutes échoué du fait d’Israël, de l’aveu même de diplomates étasuniens, y compris John Kerry. Aussi, nous serons curieux d’écouter ce que diront les parlementaires dans le cas de figure – à tout le moins imaginaire – où une partie des Etats-Unis serait occupée par des forces étrangères et qu’on leur demanderait de négocier (avec ces occupants) au moment où ceux-ci y construisent des colonies et tentent d’en modifier la morphologie ? C’est celle-là la question de fond : comment négocier avec Israël qui par son action rend impossible la création de l’Etat de Palestine ? Or, l’équation est simple : il suffit de faire appliquer les résolutions de l’ONU – notamment les résolutions 242 (1967) et 338 (1973), qui stipulent le retrait d’Israël sur la ligne verte de 1967, frontière entre les deux pays internationalement reconnue] qui défendent le droit d’Israël à l’existence et garantissent le droit des Palestiniens à avoir un Etat.

Le Congrès des EU est-il contre cette forme première de la démocratie, assurant une coexistence pacifique entre les deux Etats ? Il faut le croire dès lors qu’il assimile tout rappel à l’ordre d’Israël, à un acte « anti-Israël ». Un fait patent : la communauté internationale – Etats-Unis y compris – ne reconnaît ni l’occupation ni l’annexion des territoires, encore moins les colonies, estimées unanimement illégales. Le Congrès va-t-il à l’encontre du droit international, en étant contre des résolutions pertinentes qui tracent une issue à un conflit complexifié à dessein ? La démocratie fonctionnerait-elle, selon les parlementaires des EU, de façon tendancieuse qui s’appliquerait différemment pour les uns et les autres ? Israël est membre de l’ONU, aussi ses résolutions s’appliquent et doivent s’appliquer de la même façon à l’Etat hébreu qu’aux autres nations dans le monde. Pour rappel, en 2004, le Conseil de sécurité a voté une résolution (1559) exigeant de la Syrie le retrait sans délai de ses troupes stationnées au Liban. Les Etats-Unis, le Congrès en particulier, ont fait des pressions intenses sur Damas pour qu’elle s’y conforme et que force reste à la loi. Peut-il y avoir deux poids deux mesures pour la loi universelle qui jugerait selon que vous soyez faible ou puissant ? Le Congrès des EU, serait-il de mauvaise foi et considérerait-il son autorité sur les Etats-Unis comme extensible au reste du monde et/ou que le droit étasunien prévaudrait sur le droit international ? Aussi, cela clarifierait la donne que le Congrès explique pourquoi les lois internationales (que sont les résolutions de l’ONU) s’appliquent et doivent s’appliquer à la Syrie – un exemple parmi d’autres – mais pas à Israël ? Au Proche-Orient, il est question du déni de droit fait au peuple palestinien spolié de ses terres. Les représentants de la plus grande démocratie du monde, vont-ils nous faire croire que la colonisation israélienne et ses retombées négatives sur la paix sont des actes démocratiques ? Telle est la question !

Karim MOHSEN

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