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Le Chili se dote d’une présidente.


C’est donc avec une majorité confortable d’environ 53,5 % que Michelle Bachelet (Concertation Démocratique-PS. Gauche libérale) est devenue ce dimanche 15 janvier 2005 la première présidente de la République Chilienne pour les 4 ans à venir. Arrivée en tête au premier tour avec 45 % des voix contre 26 % à son adversaire du second tour Sebastian Pinera (Rénovation Nationale. Droite libérale), sa victoire n’est pas une surprise. Elle est cependant un peu plus nette que celle obtenue en 2000 par le président sortant, Ricardo Lagos, qui avait obtenu 52 % des suffrages face à Joaquin Lavin (Union Démocratique Indépendante. Droite pinochetiste).


Une victoire emblématique

Si l’élection d’une femme aux plus hautes fonctions de l’Etat constitue un évènement au Chili, il ne s’agit pas non plus d’une étrangeté dans un pays qualifié d’ultra conservateur et d’ultra catholique dans les colonnes de certains quotidiens français qui se croient encore des journaux de référence. Plutôt que conservateur, il serait plus adapté de le décrire comme traditionnel et si l’Eglise pèse encore dans la mentalité chilienne, la population n’est pas non plus « bigote ». La meilleure preuve en est l’élection d’une mère célibataire qui se déclare ouvertement agnostique.


L’empreinte de Ricardo Lagos

Cette victoire est aussi celle du président Ricardo Lagos (Don Ricky pour les intimes), qui a soutenu Bachelet dés le début, y compris quand il était envisagé une primaire au sein de la Concertation entre elle et Soledad Alvear (Démocratie Chrétienne). Lagos a nommé Bachelet au Ministère de la Santé, puis à la Défense où elle s’est forgé une solide réputation de femme de pouvoir. Le soutien de Lagos a été un élément clé puisqu’il jouit à la fin de son mandat de 6 ans, de plus de 70 % d’opinion favorable. Droiture et intégrité l’ont fait apparaître aux yeux des Chiliens comme le meilleur président depuis le retour à la démocratie en 1990. Ses prédécesseurs, Patricio Aylwin (DC), favorable au coup d’Etat en 1973, et Eduardo Frei (DC), n’ont été que de pâles figures face au charisme de Lagos. La victoire de Bachelet s’inscrit donc dans la continuité du président sortant. Il ne fait aucun doute qu’elle continuera dans la voie tracée, sanctionnant les atteintes aux Droits de l’Homme et les affaires de corruption. Rappelons qu’elle est fille d’un Général torturé et assassiné par ses pairs en 1974, qu’elle fut elle-même torturée et que son élection constitue un ironique retour de l’Histoire. La popularité de Bachelet est aussi due à sa personnalité. Simple dans sa façon d’être et dans ses propos, une grande partie de la population s’identifie à ce personnage paraissant issu de la classe moyenne.


Un tournant politique

Le premier tour a constitué un tournant politique puisque Joaquin Lavin est arrivé en troisième position, ce qui revêt pour lui une espèce de « mort politique ». Les Chiliennes et les Chiliens ont donc majoritairement choisi un duel Gauche libérale-Droite libérale pour le second tour et ont ainsi définitivement tourné le dos aux années obscures. Du même coup, Pinera apparaît aujourd’hui comme le leader de l’opposition de droite.


Les perspectives

Le mandat de Bachelet se présente bien puisque la Concertation a obtenu la majorité à la chambre des Députés et au Sénat. Il convient de signaler que la majorité au Sénat était auparavant impossible à obtenir puisqu’il y avait des sénateurs nommés, un héritage de la dictature, auquel a mis fin Lagos en septembre dernier par une réforme constitutionnelle. Elle dispose donc de tout l’arsenal législatif lui permettant d’engager des réformes, notamment sur la condition féminine ou dans le domaine de l’Education et de la Santé. Parmi les réformes attendues figure la possibilité de voter pour les Chiliens de l’étranger, ce qui leur est interdit aujourd’hui, alors que les étrangers résidant au Chili depuis au moins 5 ans possèdent le droit de vote. Sur le plan économique, Bachelet bénéficie de conditions favorables grâce au cours élevé du cuivre, qui représente plus de 50 % des exportations, ce qui a permis de dégager en 2005 plus de 5 milliards de dollars d’excédent budgétaire.


La limite constitutionnelle

Si la Concertation possède la majorité absolue dans les deux chambres, elle ne dispose cependant pas de la majorité qualifiée pour engager une réforme constitutionnelle sur le système électoral aux législatives et sénatoriales. Le système binominal, sans doute unique mais surtout inique, sera donc vraisemblablement encore en vigueur en 2009. Rappelons que ce système écarte les petites formations de toute représentation parlementaire et amplifie celle des grandes formations minoritaires, aujourd’hui Rénovation Nationale et l’Union Démocratique Indépendante.


Le bémol

Si Michelle Bachelet a les mains libres pour poursuivre l’oeuvre de Ricardo Lagos dans un certain nombre de réformes et que l’on ne peut que se réjouir de la défaite de la droite, il convient d’ajouter un bémol à ce que pourra être son action. En effet, elle s’inscrit dans une logique économique libérale et il ne faut s’attendre à aucune réforme en profondeur sur le plan social, tout au plus quelques ajustements. Bien qu’il reste dans les rangs de cette « nouvelle gauche » latino-américaine, le Chili demeurera l’un des pays les plus ultra libéraux d’Amérique Latine où le droit des travailleurs est limité à sa plus simple expression.



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