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Le boycott d’Israël : Une stratégie, pas un principe (Counterpunch)

Affiche http://bdsmovement.net/

Il y a beaucoup de malentendus autour du BDS (Boycott, désinvestissement et sanctions). Comme John Berger l’a dit il y a quelque temps, le BDS n’est pas un principe mais une stratégie ; il n’est pas dirigé contre Israël mais contre la politique israélienne ; quand sa politique changera le boycott cessera.

BDS ne privilégie pas telle ou telle solution du conflit israélo-palestinien, mais demande plutôt qu’Israël respecte le droit international et les résolutions de l’ONU. Par conséquent on peut soutenir le boycott que l’on soit pour la solution de deux états ou d’un état. On peut le soutenir même si l’on est Sioniste. Il est né de la prise de conscience provoquée par des années d’expérience, que l’Occupation ne se terminera jamais si les Israéliens ne se rendent pas compte qu’elle a un prix.

D’un certain sens la nécessité de recourir au boycott montre la faiblesse qui est la nôtre et qui provient de la polarisation et de la marginalisation de la gauche en Israël. D’un côté nous avons utilisé à peu près toutes les autres armes de l’arsenal de la résistance non-violente et la situation sur le terrain n’a fait que s’aggraver ; et de l’autre côté, nous observons le développement d’un état d’esprit de type fasciste en Israël. Par exemple les restrictions imposées au débat public en Israël m’inquiètent beaucoup.

Une des manière de faire taire toute dissension est d’exiger la loyauté, de sorte que le slogan que vous entendez souvent aujourd’hui en Israël est "pas de citoyenneté sans loyauté". Ce slogan traduit le renversement de l’idée républicaine selon laquelle l’état doit être loyal envers ses citoyens et doit rendre compte des injustices ou des abus qu’il commet. C’est un renversement complet de la relation républicaine entre l’état et la loyauté qui se manifeste par l’adoption d’une logique contraire, celle qui a modelé l’Italie de Mussolini. Cela fait partie, comme dit Gramsci, des symptômes morbides dont souffre notre époque.

Une manifestation de ces symptômes est la violence croissante avec laquelle est accueillie n’importe quelle sorte de critique à l’intérieur même d’Israël. J’ai reçu plus de menaces de mort après ma critique du fiasco de la Flottille que jamais auparavant. Quand je marche sur le campus, il y a des gens qui me demandent en rigolant si je porte un gilet pare-balles. Ces moqueries cachent une menace. C’est pourquoi il n’est pas surprenant du tout que seulement trois professeurs en Israël soutiennent ouvertement le boycott ; beaucoup d’autres s’abstiennent parce que soutenir le boycott n’est pas considéré comme une forme légitime de contestation et ceux qui le soutiennent sont susceptibles d’être sanctionnés.

Et en même temps, il y a aussi le sentiment que ceux qui soutiennent le gouvernement vont trop loin. Ils ne s’attaquent pas seulement à la gauche extrême mais pratiquement à tous ceux qui critiquent même très légèrement la politique gouvernementale. Il y a deux mois le principal d’un collège qui n’était pas d’accord pour que des officiers militaires viennent parler à ses élèves a été "crucifié" [cà d persécuté - NdR]. Il est clair que l’indignation d’intellectuels israéliens contre les assauts perpétrés contre la liberté intellectuelle n’a pas grand chose à voir avec le boycott. Ils s’élèvent seulement contre la tentative de faire taire toute critique. de plus en plus de monde pensent que le débat public en Israël se réduit de manière dramatique. Ainsi le doyen de l’université de Haifa qui a courageusement critiqué le Ministre de l’Education et l’assaut sur la flottille de la Paix n’est absolument pas un gauchiste, il est seulement indigné par l’évolution actuelle. Autrement il ne soutiendrait jamais ma position sur le boycott.

Neve GORDON

Neve Gordon est un militant israélien et l’auteur de "l’occupation israélienne" (University of California press, 2008)

traduction : D. Muselet

Pour consulter l’original :
http://www.counterpunch.org/gordon07122010.html

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