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Le bateau Francop n’a pas fini de livrer ses secrets…

par Scarlett HADDAD

06/11/2009

Éclairage

L’affaire du bateau Francop, intercepté par Israël au large des côtes chypriotes, dans les eaux internationales et à 160 km des côtes israéliennes, continue de faire couler beaucoup d’encre. Alors que les autorités israéliennes lancent une vaste campagne diplomatique et médiatique pour dénoncer « l’afflux d’armes au Hezbollah destinées à tuer les civils », la formation libanaise reste plutôt discrète sur la question. Le Hezbollah s’est ainsi contenté d’un communiqué démentant formellement que la cargaison du bateau intercepté lui était destinée tout comme il a condamné « l’acte de piraterie israélienne » dénoncé par toutes les lois internationales. Dans les milieux proches de l’opposition, on estime que « cette histoire rocambolesque » a été montée de toutes pièces par Israël pour détourner l’attention internationale de l’examen du rapport du juge Goldstone par l’Assemblée générale des Nations unies. Ces milieux insistent aussi sur le fait que comme par hasard l’interception de ce bateau intervient au moment où le Conseil de sécurité de l’ONU est en train d’étudier le rapport sur l’application de la résolution 1701 au Liban-Sud.
Les milieux de l’opposition ajoutent que si le Hezbollah veut se procurer des armes, il n’est pas obligé de faire coïncider l’arrivée de la cargaison avec la publication du rapport semestriel du secrétaire général de l’ONU qui intervient à date fixe. De toute façon, rappellent les milieux proches de l’opposition, le Hezbollah et en particulier le secrétaire général du parti n’ont jamais nié le fait qu’ils possèdent des armes et qu’ils s’en procurent de nouvelles quand ils en éprouvent le besoin. Non seulement ils ne le cachent pas, mais ils en tirent une grande fierté et estiment que la possession de ces armes et le fait qu’Israël ignore leur importance et leur nombre constituent un élément important dans le rapport de forces entre les deux parties.

Si la cargaison « soit-disant interceptée par Israël était donc destinée au Hezbollah, celui-ci ne se sentirait nullement obligé de se justifier puisqu’en tant que mouvement de lutte, il ne cache pas son option en faveur de la résistance armée contre l’occupant israélien », affirment les milieux du 8 Mars, qui ajoutent sur ce plan : « Il a mille et un moyens de se procurer des armes. Il n’y a donc aucune raison pour qu’il le fasse par bateau surtout en cette période délicate où Israël est pour la première fois officiellement mis en cause par les instances internationales pour les crimes commis à Gaza. Pourquoi choisirait-il ce timing malheureux alors que les populations arabes attendent depuis des années le moment où les crimes d’Israël seraient ouvertement dénoncés devant l’Assemblée générale des Nations unies et contribuerait-il ainsi à renflouer l’image d’Israël ? »
Les milieux proches de l’opposition estiment donc que le Hezbollah n’a pas l’habitude d’agir aussi maladroitement. Tout en répétant que la cargaison du bateau n’est pas destinée au Liban, ces mêmes milieux considèrent que tout le parcours du bateau leur paraît rocambolesque. Il serait ainsi parti du port de Bandar Abbas en Iran et il aurait traversé le détroit d’Ormuz où plusieurs navires de guerre américains patrouillent et surveillent la région, avant de passer par Bab al-Mandab et le canal de Suez, strictement surveillé directement par les Israéliens, sans compter les satellites américains qui filment en permanence toute la région. « Comment expliquer dans ce cas qu’en dépit de ces gigantesques moyens de surveillance dont tout le parcours présumé du bateau est truffé, celui-ci n’a été intercepté que dans les eaux internationales au large des côtes chypriotes ? » s’interrogent les milieux du 8 Mars.

Les sources proches de l’opposition rappellent aussi que l’Assemblée générale des Nations unies pourrait décider d’adopter le rapport Goldstone qui met sérieusement en difficulté l’image « d’Israël victime des barbares arabes », longtemps véhiculée par les Israéliens et leurs alliés dans le monde. Dans cette période critique pour Israël, qui mène en plus un bras de fer diplomatique et politique avec les États-Unis, l’histoire du bateau est un cadeau du Ciel. Mais toujours selon les milieux proches de l’opposition, « la ficelle est trop grosse et le moyen éculé ». Ce genre de manipulation médiatique ne passe plus, estiment ces mêmes milieux, qui rappellent le scénario de Tayr Filsay, il y a quelques semaines encore, vite étouffé car il ne tenait pas la route. Là , le scénario est certes plus élaboré et le Premier ministre israélien compte l’exploiter au maximum, mais il ne parviendra pas à être plus convaincant d’autant que la communauté internationale est consciente que l’interception du bateau a été accomplie en violation flagrante des lois sur la navigation internationale. Une fois de plus, Israël se considère au-dessus des lois, mais parviendra-t-il à mobiliser l’opinion internationale en sa faveur pour effacer la tache que constitue le rapport Goldstone ? Le Francop a beau avoir été débarrassé de sa cargaison, il n’a pas fini de livrer ses secrets...

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