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Large victoire du "Frente Amplio" en Uruguay

Le candidat du Frente Amplio (Front Large), Tabaré Vazquez , a remporté dimanche le deuxième tour de l’élection présidentielle en Uruguay. Avec plus de 55% des suffrages selon RFI, le successeur de José « Pépé » Mujica qui ne pouvait pas se représenter, élargit l’assise électorale de la gauche, malgré une fin de campagne haineuse de la droite revancharde.

Au mois d’octobre dernier, plusieurs titres de la presse française qui s’étaient déjà distingués en prévoyant le retour de la droite au pouvoir au Brésil et au Salvador, tenaient à peu près le même discours concernant les élections uruguayennes. Pour le plaisir, rappelons ce qu’écrivait « Le Monde » daté du 24 octobre 2014.

« Le premier tour des élections présidentielle et législatives en Uruguay, dimanche 26 octobre, s’annonce serré. La coalition de centre gauche, le Frente Amplio (Front Elargi), au pouvoir depuis dix ans, pourrait perdre sa majorité parlementaire. Son candidat à la présidence, Tabaré Vazquez, qui fut le premier chef d’Etat de gauche de l’histoire uruguayenne (2005-2010) et ancien maire de Montevideo, est talonné par Luis Lacalle Pou, du Parti national (Partido Blanco, centre droit). Malgré la popularité du président sortant, José « Pepe » Mujica (79 ans), ancien guérillero Tupamaro, qui bénéficie de l’approbation de 52 % des Uruguayens, certaines réformes, qui l’ont rendu célèbre sur la scène internationale, comme la dépénalisation de l’avortement (en 2012), le mariage et l’adoption pour les couples homosexuels (2013) et la légalisation du cannabis (2014) ne font pas l’unanimité dans ce petit pays de 3,3 millions d’habitants, de tradition libérale. » Une analyse, osons-le, visionnaire.

Tabaré Vazquez avait recueilli un peu plus de 47% lors du premier tour. Il atteint 55,5% au deuxième en rassemblant un nombre de voix jamais atteint par le Front large depuis sa création. Quant à la majorité parlementaire, elle revient confortablement à la gauche.

Les partis de la droite ripolinée, progénitures honteuses pour beaucoup de la dictature, ont tenté de vendre une politique néolibérale comme une « marée rebelle et conquérante » allant jusqu’à prôner une « révolution positive ». Avec pour phare de la contestation, l’insécurité, les impôts et une volonté raffinée : « dire merde à la gauche ». Du très lourd du côté de Montevideo.

On rit de joie dans la plupart des capitales latino-américaines, on frise l’hystérie du côté de Washington. En effet, l’Uruguay ferme le bal des sept élections présidentielles tenues en 2014 sur le continent. Au Costa Rica, le nouvel élu s’affiche plus à gauche (ou moins à droite) que son prédécesseur. Au Salvador, le candidat du Front Farabundo Marti (FMLN) remporte la victoire. Au Panama, le président présenté comme « conservateur » invite Cuba au prochain sommet de l’Organisation des Etats américains au mois d’avril 2015 au grand dam de l’administration US. En Colombie, le nouvel élu accepte, pour la première fois, des négociations de paix avec les FARC qui reprendront cette semaine à La Havane après la libération dimanche d’un général enlevé récemment. En Bolivie, Evo Morales a été triomphalement réélu. Au Brésil, Dilma Rousseff a réussi à battre le candidat des droites. Et voici en cette fin d’année, le Front Large remportant tous les scrutins en Uruguay.

L’Amérique latine s’est engagée dans une voie progressiste et de souveraineté à l’égard de l’ancienne puissance dominatrice et coloniale nord-américaine. Aux néolibéraux collent toujours la violence sociale et les politiques d’ajustement structurels décidés par le Fonds monétaire international (FMI). Les populations se souviennent encore des terribles années allant de 1980 à 2004 où la pauvreté avait atteint des sommets. Quant à la plupart des dirigeants de droite, ils restent associés aux dictatures militaires des années 1970 et 1980.

Rien ne fonctionne plus comme avant sur ce continent qui se dote de structures politiques et économiques de coopération et dont les principaux leaders s’illustrent non seulement en assurant le développement de leurs pays mais aussi, et dans le même mouvement, en enrichissant par des réflexions novatrices la construction du « socialisme du XXI eme siècle ». L’administration nord-américaine a investi dans tous les domaines (financement des partis de droite, ingérences, coups tordus). Cela a marché au Mexique, au Honduras et au Paraguay, pas dans d’autres pays qui doivent se méfier : l’impérialisme US en recul dans cette partie du monde ne se contentera pas d’observer les évolutions progressistes et démocratiques sur le continent latino-américain sans réagir. Et comme – des démocrates aux républicains – ils sont capables du pire, l’heure est à la joie mais aussi à la vigilance.

José Fort

»» http://josefort.over-blog.com/2014/...
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