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La Turquie va-t-elle fermer ou supprimer sa frontière avec la Syrie ?

Il y a des nouveaux développements inquiétants sur le terrain aux abords de la Syrie.

Lavrov, le ministre russe des Affaires étrangères, a déclaré hier que la Russie était prête à fermer la frontière turco-syrienne :

Lavrov a rappelé que le président français, François Hollande, avait déjà proposé de prendre des mesures spécifiques pour fermer la frontière turco-syrienne.

« Cette proposition a notre entier soutien. Nous sommes tout à fait prêts à collaborer à des mesures concrètes, en liaison avec le gouvernement syrien, » a-t-il dit. « Nous sommes convaincus que la fermeture de la frontière, nous faciliterait grandement la tâche d’éradiquer le terrorisme sur le territoire syrien. »

La Russie prend toutes les mesures nécessaires pour y parvenir. Six ou sept zones de regroupement de camions citernes situées près des postes-frontières au nord d’Alep ont été bombardées, ces derniers jours. Les chauffeurs et les propriétaires des camions vont maintenant y réfléchir à deux fois avant d’entamer le voyage transfrontalier. A Lattaquié, l’armée syrienne et ses alliés repoussent les mercenaires « turkmènes » de la Turquie de l’autre côté de la frontière, en Turquie. Des forces kurdes de l’est soutenues par l’aviation russe progressent vers le corridor d’Alep, le long de la frontière.

Le lendemain de la déclaration de Lavrov, les États-Unis annoncent tout à coup qu’eux aussi pressent la Turquie de fermer sa frontière. Mais cette annonce est peut être fausse :

L’administration Obama presse la Turquie de déployer des milliers de soldats supplémentaires le long de sa frontière avec la Syrie pour boucler une bande de terre de 100 km le long de la frontière qui, selon les responsables américains, est utilisée par l’Etat islamique pour faire entrer et sortir des combattants étrangers de la zone de guerre.

Les États-Unis n’ont pas officiellement précisé le nombre de soldats nécessaires. Les officiels du Pentagone estiment qu’il en faudrait au moins 30 000 pour fermer la frontière du côté turc, pour une plus large opération humanitaire. Rien que pour boucler une seule section de ce tronçon il en faudrait 10 000 ou plus, selon un officiel.

On ne sait pas comment la Turquie va réagir à la déclaration des Etats-Unis.

Nous ne savons pas si les États-Unis parlent sérieusement. Nous savons que les États-Unis sont complices du trafic de pétrole de l’État islamique avec la Turquie et qu’ils gèrent les transferts d’armes aux rebelles « modérés » à travers la frontière turco-syrienne. Je doute que leur attitude sur ces deux questions ait changé.

Mais la Turquie déplace des troupes vers la frontière :

La Turquie a déployé des chars, des véhicules blindés supplémentaires et d’autres armes le long de sa frontière avec la Syrie, samedi, après qu’un jet militaire russe a été descendu par les Forces armées turques, ce qui a accru les tensions entre les deux pays.

Un convoi de camions militaires, venant de provinces turques occidentales a apporté, en les remorquant, des véhicules blindés et 20 chars à la 5e division blindée, dans la province frontalière de Gaziantep.

La veille, un autre groupe de chars a été déployé le long de la frontière turque avec la Syrie.

Les tanks ne sont pas très utiles pour fermer les frontières. Cela nécessite de l’infanterie, et beaucoup. Mais les tanks sont très efficaces pour combattre les forces d’un autre Etat. On a aussi entendu dire que la Turquie avait déployé un système de brouillage électronique ASELSAN Koral à la frontière. Cela pourrait sans doute brouiller la défense aérienne russe en Syrie ou pourraient aveugler les avions de chasse russes. Un tel système a été utilisé pour aveugler électroniquement l’armée syrienne et désactiver ses radios lorsque les « modérés » sont arrivés en trombe de Turquie et ont conquis Idleb, plus tôt dans l’année.

Personnellement, je crois que les déploiements turques actuels sont offensifs, ça ne ressemble pas à des préparatifs pour fermer une frontière.

La Syrie affirme que les livraisons d’armes turques aux rebelles ont augmenté et qu’on a tiré sur ses soldats depuis le territoire turc :

« Nous avons des informations indiquant que le gouvernement turc a récemment accru son soutien aux terroristes et augmenté ses livraisons d’armes, de munitions et d’équipement nécessaires à la poursuite de leurs actes criminels », a déclaré l’armée dans un communiqué.

...

Le commandement de l’armée syrienne affirme aussi que des armes ont été livrées dans des cargaisons que la Turquie prétend être de l’aide humanitaire. Il précise également que les armes ont été fournies en échange d’antiquités syriennes et irakiennes pillées et de pétrole vendu à bas prix.

...

Selon le communiqué syrien, la Turquie a également tiré un certain nombre d’obus de mortier vers des positions de l’armée syrienne, vendredi soir, depuis l’autre côté de la frontière avec la province de Lattaquié au nord-ouest de la Syrie.

Il se peut que la Turquie cesse d’attaquer la Syrie et ferme vraiment sa frontière. La fourniture d’armes aux « modérés » diminuerait alors sensiblement. Si la Turquie se contente d’attendre sans rien faire, la Russie fera ce qu’elle a déjà commencé à faire. Elle bombardera tous les camions citernes et tous les véhicules qui traverseront en Syrie.

Mais peut-être que la Turquie va vouloir l’en empêcher et qu’elle va essayer de faire peur à la Russie pour l’éloigner de la frontière et envahir la Syrie pour créer une « zone de sécurité » et attaquer Alep et d’autres villes syriennes à partir de là. C’est une mauvaise idée. Cela ne marchera pas, l’issue en sera sanglante et cela dégénérera sans doute en une plus grande guerre. On se demande si Obama va donner le feu vert à ce projet-là et s’il est en train de promettre son soutien au « modéré » Erdogan.

Moon of Alabama

PS : Voilà peut-être un bon livre : La sale guerre contre la Syrie

Traduction : Dominique Muselet

»» http://www.moonofalabama.org/2015/1...
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Michael PARENTI
Analyste politique progressiste de tout premier plan aux États-Unis, Michael PARENTI, docteur en Sciences Politiques de l’Université de Yale, est un auteur et conférencier de renommée internationale. Il a publié plus de 250 articles et 17 livres. Ses écrits sont diffusés dans des périodiques populaires aussi bien que dans des revues savantes, et ses textes engagés l’ont été dans des journaux tels que le New York Times et le Los Angeles Times. Ses livres et ses conférences, informatives et (…)
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