La terreur politique dans la Russie de 2009
Appel des camarades de la Bibliothèque Victor Serge et du Centre Praxis de Moscou (http://www.praxiscenter.ru)
« Le 19 janvier 2009 notre camarade Stanislav Markelov, avocat défenseur des droits humains, et la jeune journaliste anti-fasciste Anastasia Barburova furent assassinés en plein jour au centre de Moscou. Notre proche collaborateur Stanislas Markelov, 34 ans, défendait les victimes de la politique du gouvernement russe en Tchéchénie, les anti-fascistes, les militants des syndicats indépendants et des mouvements sociaux. Il participa, en tant que démocrate et socialiste convaincu, à des campagnes pour la justice et la liberté en Russie et au plan international. On se souvient qu’il a présidé le séminaire de Praxis sur la situation dans le Caucase du nord au Forum social de Saint-Petersbourg en 2006. »
« L’assasinat de Markelov et de Baburova est sans conteste possible un acte de terreur politique. Dans l’hypothèse la plus probable, la responsabilité de ce crime revient aux gangsters d’extrême-droite dont l’activité va tous les jours croissant en Russie actuelle. Les attaques violentes sur les "non-blancs’ dans les rues de Moscou et d’autres villes sont devenues banales, et récemment on a assassiné plusieurs anti-fascistes bien connus. Parmi les autres victimes du terrorisme politique figurent Anna Plitkovskaya, Magomed Evloev, Mikhail Beketov,. journalistes qui ont critiqué le régime politique actuel de la Russie. - »
« La croissance des forces fascisantes en Russie est objectivement encouragée par l’atmosphère politique du pays. Alors que les actes de terreur politique restent pour la plupart impunis, les autorités et leurs média font une propagande effrénée sur les thèmes du "patriotisme,’ de l’autoritarisme, de l’orgeuil de grande-puissanceet de la dénonciation des "ennemis’ intérieurs et extérieurs. Dans ces conditions, on dépeint comme "héros’ les auteurs de crimes contre l’humanité (du passé comme du présent) et comme "traitres,’ ceux qui résistent. Le dernier article de Markelov, (publié sur le site de Praxis) intitulé "Le patriotisme comme diagnostic’ dénonçait précisément ces idées. Et une heure avant son assassinat, Stanislav avait participé à une conférence de presse pour protester contre la remise en liberté avant terme du Colonel Budanov, criminel de guerre qui avait violé et tué une Tchéchenne. Stanislav, en tant que représentant légal de ses parents, avait reçu des menaces de la part des admirateurs de "l’officier héroïque’ Budanov et il fut assassiné quelques jours après sa sortie de prison… »
« Le lien entre la remise en liberté de Budanov et l’assassinat de Markelov, même s’il n’est pas direct, est évident : les deux faits caractérisent la situation réelle dans la Russie actuelle. La société civile internationale ne pourra pas, par ses seules forces arrêter la terreur politique en Russie en ce moment, mais elle pourra faire pression sur les autorités et enfin les discréditer devant l’opinion publique mondiale en dénonçant leur attitude passive et parfois objectivement favorable face à la montée de la violence fasciste . Nous vous demandons donc d’écrire aux ambassades russes dans vos pays pour exprimer votre indignation devant le terrorisme politique en Russie et pour exiger une enquête sérieuse sur l’assassinat de Stanislav Markelov et d’Anastasia Baburova et la punition de ses organisateurs. »
Ainsi, 90 ans après la défaite de l’Okhrana tzariste dont Victor Serge étudia les archives, 70 ans après l’arrestation de Serge par le régime stalinien, 40 ans après l’ouverture/ [la fermeture] ( ?) du Goulag par Khrouchtchev et 20 ans après la glaznost de Gorbatchev, la terreur politique estde retour en Russie. [...] La gauche occidentale a tendance à ignorer le problème des droits humains dans les pays ex-communistes, honteuse d’avoir si longtemps soutenu le "socialisme réellement existant’ de Staline et de ses successeurs. On se solidarise (comme il se doit) avec les Palestiniens, par exemple, . mais on ignore à peu près tout de la lutte courageuse des syndicalistes, socialistes, libertaires, démocrates, anti-impérialistes, et défenseurs des droits humains qui sont tous persécutés en Russie. ] ( ?)
Tiré de http://oclibertaire.free.fr sur lequel vous trouverez aussi l’interview de deux camarades russes réalisée fin juin 2009 de la militante anarcho-syndicaliste Julia Gousseva et de son compagnon Alexei Goussev, historien de l’Opposition de gauche et marxiste