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La rousselophobie, Docteur, ça se soigne ? Non !

En avril 2022, sous une seule publication contre Fabien Roussel d’un (ou d’une) FI, j’avais trouvé, dans les commentaires, quelques qualificatifs haricotvertement extra-fins :

Ordure, simplet, bourrin, fumier, minable, pingouin, pourriture, carriériste, Macron-Le-Pen-compatible, néostal, baltringue, et j’en oublie.

Un génie avait trouvé le moyen de le traiter de « Kéké ». (Il parait que c’est du patois marseillais.) Cette insulte m’est devenue savoureuse depuis les législatives, lorsque la FI a fait élire une dame prénommée « Kéké ».

L’un de ces FI est allé jusqu’à prétendre que Roussel est défendu bec et ongle par une garde prétorienne rapprochée, par des fous des deux autres siècles passés et qu’il est détesté par tous les démocrates.

Quant à ses amis et ses électeurs, ils seraient toujours aussi cons et super-formatés.

Et cet autre, rétorquant à un des partisans de l’horrible Fabien : « Va jouer aux billes, j’ai autre chose à faire qu’à perdre du temps avec des baltringues. » C’est d’un niveau d’argumentation admirable.

A la FI, vous n’avez pas peur du ridicule. Par exemple quand vous traitez de « boomers » les sympathisants communistes. Ce mot désigne au départ ceux, nombreux, nés comme moi entre 1948 et 1955.

Et qui c’est-y qui parlait de « papy-boom » ?

Devinez, oh grands militants de la gohauche de la gogauche !

C’étaient les dirigeants de droite, et de gauche tendance Rocard, expliquant que, face à cette déferlante de vieux, il fallait saccager les retraites. (Eux, ils disaient « réformer », « saccager », c’est la traduction en bon français.)

Encore plus ridicule de la part des FI : ils ont oublié de vérifier la date de naissance de Mélenchon (1951) avant de se servir du mot « boomer » comme d’une insulte.

On fait systématiquement dire à Roussel ce qu’il n’a pas dit.

Son prétendu souhait de participer à un gouvernement avec Macron. Il mettait évidemment Macron au défi de mener une politique acceptable à gauche. Sachant très bien que cela n’arriverait pas.

Ce n’est pas, et de loin, la seule fois que la FI retourne ses propos. Et peut-être même pas la plus conne et la plus ignoble, bien que déjà d’un niveau qui me nécessiterait un derrick si je voulait l’atteindre.

Quand Roussel exprimait le souhait que tout le monde puisse se payer de la bonne nourriture, vous lui avez attribué les mêmes propos identitaires que ceux de Valérie Pécresse contre le halal.

Vous qui vous gaussez volontiers, très intellectuellement, des barbecues de merguez dans les fêtes du PCF, vous n’avez pas réagi quand une prétendue verte, Madame Rousseau, s’est payé le ridicule de dire qu’il avait oublié le couscous dans une énumération de bonnes choses. Enumération évidemment improvisée !

Ridicule aussi la manière dont toute la FI est devenue (apparemment !) végétarienne, et l’a traité de viandard parce qu’il avait mis la bonne viande parmi ce que tout le monde devrait pouvoir se payer.
La même verdâtre en chef, parlant de barbecue, mode de cuisson éminemment populaire, y mettait de l’entrecôte à trente cryptodollars le kilo au bas mot. (J’habite dans un coin où la vie n’est pas trop chère.) Elle ne connaît pas l’échine de porc à moins de dix boules, ni bien sûr la merguez.

Toujours à propos de Pécresse, alors que Roussel la recevait poliment en vue de débattre CONTRE elle à la fête de l’Huma, la gohauche de la gogauche a présenté cela comme une alliance entre eux.

Le fait qu’il soit aimable avec tout le monde et aime rigoler vous dérange. S’il rejetait tout ce qui n’est pas de son bord, il serait un sale stalinien, un sectaire, bien sûr, selon le postulat de base qu’un communiste a tort par nature et par définition, parce qu’il est communiste. Mais comme il n’est pas sectaire, il est, comme déjà dit, simplet, bourrin, pingouin, etc.

On sait que Patrick Sébastien n’est pas de gauche. OK ! Il ne donne pas dans le cuculturel à la Arte. Re-OK ! Cela interdit-il d’être sympa avec lui si on le rencontre ?

Et dites-moi : vous aimez parfois citer Les Tontons flingueurs ou des répliques du même Michel Audiard dites par Jean Gabin. Je pense que vos gosses ont écouté du Henri Salvador ou lu de l’Alphonse Daudet. Les plus lettrés d’entre vous ont lu et apprécié Voyage au bout de la nuit de Céline. On peut aimer les œuvres de ces auteurs ou artistes qui étaient politiquement extrêmement de droite, voire de vraies ordures. Ce que n’est pas Patrick Sébastien. C’est ainsi. Seulement, du moment que Roussel a été aimable avec lui, haro sur le baudet ! Mais quand vous vous tapez sur des baudets, faites gaffe ! Vous risquez de casser un miroir.

Là où vous avez été particulièrement ignobles, mais surtout dangereusement idiots, c’est quand Roussel a répondu à l’appel de la CGT-Police et que vous en avez fait un soutien aux néo-fascistes du syndicat « Alliance ».

Il aurait été bien que toute la gauche française réponde présent quand un flic était mort face à de vrais malfaiteurs, et pas en matraquant une manif ni en faisant connement du chiffre. Justement pour court-circuiter les fachos. Car le vrai problème, en tout cas pour les communistes, c’est que les trois quarts de la police votent pour le clan Le Pen. La CGT-Police est minoritaire et sans doute pas très à l’aise dans tous les commissariats. La soutenir est nécessaire.

Mais à la FI, on a préféré la démago facile à usage interne. Ça, c’est mon interprétation gentille. Car l’autre, celle qui me fait dire que vous êtes non seulement idiots, mais que vous l’êtes dangereusement, c’est que cela arrangerait la direction de la FI si les 25% de flics qui ne sont pas encore fachos le devenaient.

La différence entre « LA police tue » ou « DES policiers tuent » relève de la même problématique.
Et, lors de la présidentielle, vous vous êtes accoquinés avec un journaliste, certes talentueux mais foncièrement hostile au PCF, pour faire croire que Roussel avait bénéficié d’un emploi fictif. C’était tout simplement indigne, quoique pas surprenant.

Parlant d’une période où il bossait tout le temps, vous n’auriez pas eu l’air con en essayant de prouver à un tribunal qu’il ne travaillait pas au moins trente-cinq heures pour assister son député.
Sauf qu’il le faisait surtout dans la circonscription. Or, selon votre conception extrêmement bourgeoise du boulot d’assistant parlementaire, il aurait dû être gratte-papier dans un bureau de l’assemblée. Ben non ! Un député communiste se soucie des habitants de sa circonscription, contrairement à d’autres, et son assistant aussi.

Médiapart, magouilleur mais prudent, avait d’ailleurs à moitié avoué que cette accusation était un bobard au moment de la porter. En effet, leur article était complètement ridicule, avec sa référence aux secrets les mieux gardés de la place du colonel Fabien, dans le style des années 50, quand on accusait Duclos de communiquer en secret avec Moscou parce qu’on avait trouvé deux pigeons à rôtir dans sa voiture.

La réalité, c’est que Roussel, et avec lui les communistes et leurs sympathisants, est contre la politique de droite et sera dans la rue si Macron y pousse les Français. La réalité, c’est qu’il est pour que tout le monde puisse manger correctement, c’est qu’il est tolérant et aimable avec ceux qui ne pensent pas comme lui, et qu’il soutient les policiers qui refusent la fascisation de leur profession.
Ce qui vous défrise, c’est qu’il a osé se présenter à la présidentielle (en fait désigné par son parti, pas à la hussarde, façon « moi je », comme certains...). Il paraît qu’il aurait fait perdre Mélenchon. Sauf que... Ceux qui avaient, comme moi, voté Méluche en 2012 et 2017, n’auraient jamais remis un bulletin à son nom en 2022.

Les législatives de 2017 nous avaient dégoûtés. Les militants communistes avaient bien aidé le grand chef à faire un bon score à la présidentielle. Il a profité de ce score et de la notoriété qui allait avec pour placer ses sbires dans les circonscriptions que les communistes pouvaient reprendre aux socialistes, alors complètement dans les choux.

Ils me font particulièrement rigoler (rire nerveux !!!) ceux qui sont, paraît-il, au parti communiste, pas depuis la révolte de Spartacus en 70 avant notre ère, mais presque, et qui déclarent le quitter à cause de Roussel.

En 1999, quand Robert Hue imposait des béniouiouistes de Maastricht en position éligible aux européennes, j’ai quitté le parti, ils sont restés.

En 2007, quand Marie-Georges Buffet promettait à Arlette Chabot de ne pas abolir les reprivatisations de Balladur et de Jospin, je ne suis pas revenu, ils sont restés.

En 2012 et 2017, quand Pierre Laurent lâchait la rampe et soumettait son parti à Méluche, même si j’ai été assez bête pour voter comme me le demandait le parti, je ne suis pas revenu, ils sont restés.
Et au moment où le parti décide que ça suffit de s’écraser plus mollement qu’une crêpe crue devant une synthèse du gauchisme des années 70 et du mitterrandisme des années 80, au moment où il se donne un dirigeant courageux qui essaye de ranimer le moribond, ils s’en vont.

Alors que j’y reviendrais peut-être, à ce parti, si j’avais encore la moindre croyance en l’intelligence des masses. Mais je ne crois plus qu’en leur connerie.

Oui, courageux le Roussel, car en se la jouant ex-communiste, il pouvait se faire une place au soleil dans son métier de journaliste. Maintenant, c’est foutu !

Un facebookonaute qui est d’accord avec moi m’a fait aimablement remarquer que sa crainte, aujourd’hui, c’est l’aura faite à Fabien par les médias (propriétés de la finance)...

T’inquiète ! Que je lui ai répondu.

Pour le moment, il ne leur fait pas peur et ils se la jouent tolérants. Mais si, comme j’en serais heureusement surpris, il réussit à "ranimer le moribond", ils sortiront la batte de base-ball.

En attendant, ceux qui la manient, la batte de base-ball, ce sont ceux qui ont si bien supporté la braderie du parti aux successeurs de Mitterrand par les successeurs de Marchais, et qui craignent sa remontée.

J’ai un côté paradoxal : j’ai été à la fois atterré et pas surpris de la véritable fête qu’a été pour nombre de militants FI la défaite de Roussel dès le premier tour aux législatives de 2024.

Il était clair que sa circonscription était en danger face au néofascisme. En 2022, alors qu’il y avait un accord de la NUPES pour qu’il y ait un seul candidat de gauche dans chaque circonscription, il avait dû affronter un candidat soi-disant de gauche et prétendument dissident. Pas dans le but de lui prendre son siège de député, mais d’en faire cadeau au clan de Montretout-Sauf-Le-Fric. La manœuvre avait échoué.

Roussel battu dès le premier tour en 2024 ?

J’ai exprimé sur bouquin-de-faces le soupçon que des électeurs FI aient voté RN dès le premier tour. Opinion strictement personnelle, au demeurant pas partagée par l’intéressé.

Une mélenchoniste distinguée s’est aussitôt empressée de dénoncer cela comme une calomnie répandue par Roussel ! On ne se refait pas, comme ne l’aurait pas dit Ivan Pavlov.

Je n’ai pas été surpris car la haine de Roussel emporte tout chez certains. Mais j’ai été atterré que des gens qui se targuent d’être la gauche de la gauche puissent fêter la victoire d’un néofasciste.

Cela me rappelle une affaire qui était en réalité celle des autocars de St-Maur, dont le maire raciste avait décidé que les Noirs pouvaient ramasser ses poubelles mais pas habiter dans sa bonne ville. De Krivine et Laguiller jusqu’à Le Pen et Mégret tout ce qui était anti-communiste s’est ligué contre les communistes qui combattaient cet apartheid et en ont fait l’affaire du bulldozer de Vitry. Et c’est ainsi qu’on continue de l’appeler, de Poutou et Arthaud jusqu’à Le Pen et Zémour en passant par Mélenchon et les autres.

Rien de nouveau dans le brouillard ! La haine du communisme mène toujours à la complicité avec ce qu’il y a de pire.

Ça m’a défoulé d’écrire ce texte beaucoup trop long, alors que j’en connais toute l’inutilité. Car ce que j’ai écrit là, vous le savez, tous autant que vous êtes. Plus de quarante ans de défaites me l’ont appris, défaites dont les vainqueurs ont le plus souvent été étiquetés à gauche, soi-disant radicale ou prétendument de gouvernement.

Je sais donc que vous continuerez d’inverser le sens des propos de Roussel. Comme vos prédécesseurs et les plus vieux d’entre vous l’ont fait des propos de Marchais. Je le répète : rien de nouveau dans le brouillard !

Les chorégraphes en chefs de cette danse macabre sont généralement plus hauts placés que moi et ont un niveau de connaissance supérieur.

Je ne les prends donc pas pour des imbéciles, juste pour des malhonnêtes.

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Un futur présent, l’après-capitalisme, de Jean Sève
Michel PEYRET
Une façon de dépasser le capitalisme Le livre de référence L’essai de l’historien Jean Sève intitulé Un futur présent, l’après-capitalisme (La Dispute, 2006). Ce livre propose une interprétation du mouvement historique actuel dans le sens du dépassement possible du capitalisme. Il énonce ce qu’il envisage comme des preuves de l’existence actuelle de « futurs présents » qui seraient autant de moyens de ce dépassement du capitalisme déjà à l’oeuvre dans le réel. Sur la question (…)
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« Le fascisme n’est pas le contraire de la démocratie bourgeoise, mais son évolution en temps de crise. »

Bertolt BRECHT

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