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La police ouvre le feu piste Tarzan à Cayenne. Un homme tombe, 5 balles dans le corps

Gerlan Carlos Batista Da Silva a été tué par la police dans la nuit du 14 au 15 décembre dernier à Cayenne. C’est à la sortie d’un dancing du quartier Tarzan que cet homme âgé de 32 ans a reçu cinq balles dans le corps sur les onze tirées par les agents, dont certaines alors qu’il se trouvait déjà au sol.

Ce soir là, les trois policiers mis en cause patrouillaient dans le quartier. Sollicités par les vigiles de l’établissement « Amaral » afin d’intervenir suite à une bagarre survenue entre des clients, ils auraient selon leurs propos fait face à un homme (Gerlan) menaçant et brandissant un revolver. Sans sommation ni coordination, les policiers ont ouvert le feu à plusieurs reprises pour « se protéger ». Des témoins présents sur les lieux diront qu’à aucun moment Gerlan n’a sorti son arme, encore moins brandi ce dernier en direction des policiers. Gerlan a uniquement « soulevé son T-Shirt » pour montrer son arme. Placé sous la ceinture, le revolver en question n’était pas chargé et hors d’usage selon les premiers éléments de l’enquête.

Le soir suivant, les forces de "l’ordre" investissent la Mâtine, le quartier qui l’a vu grandir. Alors que dans les maisons les habitants participent à la veillée, quelques jeunes présents manifestent leur colère face à la mort de leur copain à l’entrée du quartier. Des échanges entre les jeunes et la police éclatent. La police fait l’usage de flashballs et de grenades lacrymogènes en tir tendu. Plusieurs personnes dont un frère de Gerlan sont arrêtées. Des habitants ayant assisté à la scène témoigneront plus tard avoir reçu des coups par les policiers et des insultes racistes du type : « Sale Brésilien, rentre dans ton pays. »…

La répression policière est meurtrière

Quelques jours plus tard, Albert Darnal président de l’Olympique de Cayenne, le club de foot dont Gerlan était membre depuis « sa tendre enfance », récolte plusieurs témoignages sur l’affaire et écrit une lettre ouverte, “ J’accuse ”, qu’il publie sur Facebook. Il y dénonce les pratiques policières et la désinformation médiatique, qui visent à « diviser pour mieux régner ». Face aux commentaires nombreux sur les étrangers, en l’occurrence les Brésiliens, rendus responsables de tous les maux, il rappelle que Gerlan, né à Cayenne d’une famille originaire du Brésil installée depuis plusieurs dizaines d’années en Guyane, était un Guyanais.

Dans le même temps la famille de Gerlan et l’association Les amis de la Krik dont il était membre appellent à se mobiliser. Une marche d’une centaine de personnes se déroule au quartier la Matine « en hommage à notre frère Gerlan, pour que toute la lumière soit faite sur cette histoire. »… Une autre affaire éclate à Cayenne, fruit du hasard ou pas : les 27 fonctionnaires de la BAC déposent lundi 30 décembre leur démission par solidarité envers deux de leurs collègues, visés par une enquête du parquet. En cause : l’utilisation d’un flashball lors d’une intervention, que ceux-ci estiment justifiée.

Pour ce que l’on peut appeler l’affaire « Gerlan », une information judiciaire a été ouverte. Le principal témoin n’a toujours pas été entendu et les policiers sont restés libres…

Ces rappels, qui émanent d’un ancien responsable syndical de l’UTG, sont utiles face au consensus de la quasi-totalité de la classe politique guyanaise autour des thèmes de l’insécurité et de l’immigration. La police a encore frappé, dans un silence assourdissant. Pourtant, que ce soit à Cayenne, à Paris, ou dans d’autres villes d’Amérique du Sud, la répression policière est meurtrière et n’apporte pas de solutions aux problèmes sociaux.

Olga

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"c’est un cliché de journaliste que de souligner le caractère futile de lancer des pierres contre des tanks. Faux. Il est certain qu’il s’agit là d’un acte symbolique, mais pas futile. Il faut beaucoup de courage pour affronter une monstre d’acier de 60 tonnes avec des pierres ; l’impuissance du lanceur de pierres à arreter le tank ne fait que souligner l’impuissance du tank à faire ce qu’il est censé faire : terroriser la population."

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