Deux ou trois choses que l’on doit savoir sur la pensée woke !
1°)-Robert Bibeau : Quant à nous, marxistes, nous pensons plutôt que le « wokisme », fortement soutenu par l’appareil étatique bureaucratique, par le Grand capital et sa vaste machine de propagande et de désinformation médiatique, a comme objectif de diviser la mouvance petite bourgeoise et populiste de gauche comme de droite.
Le « wokisme » a pour objectif de détourner la rage de la petite bourgeoisie en cours de paupérisation et de prolétarisation dans les sociétés capitalistes avancées décadentes. L’objet du « wokisme » est de semer la zizanie et la confusion parmi "la populace" en dévoyant les mouvements de résistance spontanée.
Le « wokisme » ne vise pas à « déconstruire » la culture « blanche occidentale » (sic) mais il vise à reconstruire une idéologie bourgeoise réactionnaire mondialisée et expansionniste dissimulée sous la peau gauchiste des luttes contre les inégalités et la supposée défense des minorités. En cela le « wokisme » réalise peu à peu la fusion entre la gauche, le centre et la droite des politiciens larbins au service du capital.
2°)-Brigitte Bouzonnie : Oui, le wokisme vise à "diviser" la gôche et le Peuple français, afin de le rendre moins dangereux pour les intérêts du capital. Et que ses luttes, ô combien justifiées, ne soient jamais victorieuses.
Le wokisme est aussi un "syncrétisme", c’est à dire un patchwork, une compote d’idéologies disparates, cousues à la va-vite entre elles, histoire de donner un supplément d’âme au capitalisme mondialisé, dont l’idéologie libérale agonisant sur le bord du chemin, ne permet plus de "justifier" le primat du capital aux yeux du peuple français.
On met ensemble la défense des Noirs, en s’appuyant sur une histoire de la colonisation largement réécrite : coucou Bugeaud, jugé seul "responsable", "coupable" (Ah ! comme la culpabilisation de certains dans cette histoire joue un rôle essentiel, surtout pour le collectif Me Too !), de tous les crimes commis par les colonisateurs étasuniens au Vietnam, en Syrie et ailleurs. Et français (Algérie, Indochine) depuis plus de deux siècles. L’écologisme bobo. Un "pseudo féminisme" petit-bourgeois à la MeToo, nullement représentatif de la cause de toutes les femmes en France. Et qui ne vise nullement à obtenir leur émancipation. Et de façon générale, une condition meilleure.
Pseudo féminisme fondé sur le seul "lynchage public" de certaines personnes politique trainées à la guillotine de l’opinion publique, où nos supposées "féministes" chantent la Carmagnole devant l’échafaud qu’elles ont dressé pour la circonstance.
Pseudo féministes autoproclamées "juges", même si elles n’ont manifestement jamais vu un seul article du code pénal de leur vie. Ignorant superbement les deux principes, qui fondent toute justice digne de ce nom : le respect du principe du contradictoire. Le respect d’une justice inquisitoriale, c’est à dire, fondée sur le secret. Et non l’affichage public, comme on a pu le vivre hélas avec l’affaire Quatennens, où tous les médias, tous les réseaux sociaux, nullement compétents pour le faire, étaient à feu et à sang.
En clair, MeToo crée une justice parallèle privée qui se substitue à la justice classique, sans que personne en France n’y trouve rien à redire.
3°)- Robert Bibeau : Par le « wokisme » – rejetant la lutte des classes – la petite bourgeoisie exprime sa rage et son désespoir de se voir écarter de ses rôles sociaux traditionnels (courroies de transmission et organismes d’élaboration et de rediffusion), et de se voir rejeter des centres de pouvoir de la société du capital. Avec les médias sociaux, largement répandus parmi les pays riches et pauvres, il n’est plus nécessaire d’entretenir une couche intermédiaire (classe moyenne) de laquais spécialisés dans l’élaboration, la diffusion et l’inquisition des mantras sociaux. Le « wokisme » diffuse l’idéologie individualiste-narcissique qui culpabilise les masses populaires pour la décadence de la société bourgeoise. Ici gauche et droite se rencontre.
4°)- Brigitte Bouzonnie : Oui, le wokisme permet à des agents minoritaires du champ politique, prenant appui sur les médias du capital, de prendre tous les pouvoirs, décanaillant les agents majoritaires les plus hauts placés, les mieux installés. Les plus riches en capital social, notamment en savoir économique.
Je donnerai l’exemple de Obono et Quatennens, que je connais un peu en tant qu’ex militante du PG et de la FI pendant dix ans. Quatennens était, jusqu’à une période récente, numéro 2 de la France insoumise. Député du Nord. A la télévision, on le voyait en compagnie de Mélenchon assister à des réunions où les partis politiques étaient conviés. Donc, il "représentait" la France insoumise, ce qui n’est pas rien. C’est lui qui a dénoncé avec succès la casse abjecte de notre vieux code du travail, au cours de l’été 2017, dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale
Il était "tout". Aujourd’hui, il n’est presque "rien".
Curieusement, les origines obscures de Danièle Obono dans le champ politique ne sont jamais révélées par des médias macroniens visiblement "totalement in love" avec elle, France Inter par exemple. Je me permets donc de rappeler brièvement la genèse du succès politique d’Obono.
Au départ, c’est une fille d’un riche banquier gabonais, qui n’a donc rien à faire dans un parti de gauche critique. Militante du NPA, sans qualité aucune. Mais qui réussit, à force de magouilles, à se faire nommer au Bureau National du NPA avec Olivier Besancenot. En tant que noire, une béquille, qu’elle transforme ensuite en canne de golf. Mais ce n’est pas tout. Elle milite aussi dans un courant du NPA, le seul favorable au Front de gauche de l’époque (PG+PCF) : "convergences et alternatives" animé par le regretté Yann Cochin. Très brillant intellectuellement parlant.
Je l’ai bien connue à ce moment-là. En effet, furieuse d’avoir été virée de mon poste de Responsable de la commission "chômage, précarité" du PG par le sieur Coquerel, je vais militer au NPA huit mois en 2010. Ensuite, je reviens au PG. Naturellement, au NPA, je milite dans le seul courant favorable au FDG, c’est à dire ; "Convergences et alternatives", soit le même courant que celui d’Obono. Participant activement aux réunions de courants où Obono et Leïla Chaïbi ne viennent jamais. Ce n’est pas assez "chic". De plus, il y a un certain niveau théorique, dans ces réunions animées par l’intellectuel Yann Cochin, que, visiblement, nos deux pimprenelles ne maitrisaient absolument pas.
Et puis, je reviens au PG. Et là, ô surprise, j’apprends qu’Obono est nommée responsable des cahier du programme de la France Insoumise en 2017. Une fille qui n’a jamais rédigé un seul texte théorique de sa vie ! Comment expliquer cette nomination ? C’est très simple : elle a ressorti son baratin classique : "je suis "une pauvre noire", "exploitée" (alors qu’elle est fille de la grande bourgeoisie gabonaise !). J’ai "droit" à tel ou tel poste. Et cela a super marché. Ensuite elle est nommée députée de la FI, toujours avec le même "raisonnement". Ca roule pour elle, merci la pensée woke !
Arrive l’affaire Quatennens. Sans complexe, elle s’autoproclame "juge" de cette affaire. Cela marche : France Inter lui tend le micro, écoute précieusement ses "avis" en matière juridique, qui n’a jamais vu un procès de sa vie ! J’ai rédigé pendant 5 ans des contentieux de droit du travail devant le Conseil d’Etat et la Chambre criminelle de la Cour de Cassation. Je crois assez bien connaitre les grands principes en matière juridique : les mêmes, qui n’ont jamais été observés dans cette triste histoire par cette même Obono. Le principe du contradictoire. Le principe de l’instruction secrète. Obono réclame pour Quatennens, toutes les sanctions, y compris les plus brutales : qu’il perde son mandat de numéro deux. Qu’il perde son titre de député de la FI. Et Quatennens est sommé publiquement de s’expliquer. De quel droit ?
Malheureusement, Quatennens perd son titre de numéro deux. Trop rapidement à mon avis. Comme je l’ai déjà écrit, il faut attendre l’avis d’un juge professionnel pour démissionner. Et ne pas obéir craintivement à cette justice parallèle de MeToo de truc et de toc.
En revanche, sa femme ayant porté plainte devant le parquet du Nord, c’est désormais, et je m’en réjouis, un véritable juge professionnel, respectueux du contradictoire et d’une procédure secrète, qui est en charge de l’affaire. Résultat : comme chacun peut le constater, depuis quelques jours, l’affaire Quatennens a sérieusement dégonflé, ce dont bien sûr, on ne peut que se réjouir. Il s’en est fallu d’un cheveu d’enfant, pour qu’bono ait définitivement la tête de Quatennens.
Voilà comment un agent, au départ totalement illégitime et ultra minoritaire du champ politique (Obono) réussit presque à décaniller Quatennens, agent majoritaire du champ politique, s’il en est. En faire un paria de la politique, rejeté de ses pairs.
Et Pourtant, personne ne moufte. Tout le monde trouve cela "normal". "Allant de soi", alors qu’il s’agit, ni plus ni moins du lynchage public d’Adrien, forme de "justice" détestable s’il en est. Au surplus, téléguidé par Macron, sur le modèle de la perquisition de 2018 : histoire de démonétiser, décanailler les responsables de la France insoumise : Quatennens et, si possible, le "vieux"(sic) Mélenchon. Car naturellement, MeToo roule pour Macron, exécutant, au nom d’un pseudo "féminisme" de Prisunic, les basses besognes politiques d’élimination de tel ou tel adversaire politique.
On revient sur le parcours d’Obono. Comment un agent ultra minoritaire est devenu "ministrable". Elle ne met pas la mode au pays ?
Pendant longtemps, on "faisait carrière" dans un parti en militant dans le secteur "économie"-travail, ce qui permettait d’acquérir ensuite des compétences de "ministrable". Et puis les choses ont changé avec l’écologie et le féminisme. Ces idées, jusque-là subalternes, on parlait de "front secondaire", par rapport au "front principal" de la lutte des classes (économie et travail), sont devenues l’autoroute obligée pour tout opportuniste politique digne de ce nom à "gôche " ! Cécile Duflot, Jean-Vincent Placé, Huguette Bouchardeau, Sandrine Rousseau naturellement, etc...
C’est avec Huguette Bouchardeau au PSU, où j’ai milité dix ans, où j’ai vécu la même histoire. Fille d’ouvriers de Saint-Etienne, elle devient professeur de français, puis universitaire dans les sciences de l’éducation. Elle adhère au PSU et rejoint le secteur “femmes” qu’elle anime.
Commence une violente polémique entre Bouchardeau et Michel Mousel, énarque, "chef" du secteur économique. Bouchardeau critique toute la journée le secteur économique, jugé stratosphérique, dans un anti-intellectualisme puant. Anti-intellectualisme qui ne va pas de soi, dans un parti se vivant comme "un laboratoire d’idées" (sic).
C’est Bouchardeau qui impose cette anti savoir avec délectation dans notre parti soucieux jusque-là de se présenter comme un "intellectuel collectif". Par exemple : sur la mer : "je ne connais que le poisson dans mon assiette" disait-elle avec ravissement" (sic). Et tout le reste à l’avenant : "les programmes, les revues de réflexion, c’était inutile", etc.. !
C’est comme cela, qu’elle devient Secrétaire générale du PSU en 1980, où elle rencontre le félon Mitterrand. Celui-ci lui promet, s’il est élu, si cette dernière appelle à voter pour lui au second tour, de la nommer ministre de son gouvernement. A charge pour elle de faire grossir, électoralement parlant, le PSU. Celui-ci fait alors 0,5%. Elle édulcore fortement notre ligne politique rouge vif critique, la transformant en ligne rose layette à peine. Puis, l’été 1980, elle organise une tournée des plages, à laquelle je participe.
Dans une conversation et devant les autres, elle me dit qu’elle a rencontré Mitterrand, qui lui a laissé entendre des choses..., Je comprends et prend le large, écœurée de tant de saloperie politicienne dans mon parti préféré.
Candidate à la Présidentielle de 1981, elle fait 1,11%. Mitterrand tient sa promesse et la nomme ministre de l’Écologie en 1984, date à laquelle les ministres communistes quittent le gouvernement... Je quitte le PSU avec l’aile gauche pour fonder la FGA, "fédération pour une gauche alternative".
Donc, on le voit : le parcours de Bouchardeau et d’Obono sont les mêmes : des agents ultra minoritaires, qui en temps normal n’auraient eu aucune chance de s’imposer dans un parti politique, Et qui, utilisant le "féminisme", voiture balai de la sélection politique, mot synonyme "d’opportunisme XXL", décanaille des agents mieux placés qu’elle : hier, Michel Mousel, qui sera finalement Directeur de Cabinet de Bouchardeau à l’écologie, aujourd’hui, Adrien Quatennens, pour s’offrir un tour de piste politique.
On est très loin de la gifle et de sa supposée importance, dont se gargarisent les médias aux ordres de Macron. Macron vise à mettre à la tête de la FI des agents qui lui soient tout dévoués comme la traitresse Obono....! Et à salir durablement l’image de la FI, comme lors de la perquisition de 2018.
Naturellement, il convient d’appliquer la même analyse à Julien Bayou et bien sûr à l’inénarrable Sandrine Rousseau.