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La méthode cubaine d’alphabétisation arrive en Espagne.








Juventud Rebelde, Cuba, 5 janvier 2007.


Des rives du Guadalquivir, à Séville, partit l’Amiral avec ses navires en direction du nouveau monde. Cinq siècles après sa rencontre avec l’Amérique, quelques habitants de cette région européenne "craignent" que débarque un autre conquérant sur les côtes du Guadalquivir, ils ne comprennent pas que dans ce cas, celui-ci est très noble.

Le "soupçon" est né après que la Mairie de Séville annonça, lors d’une conférence de presse, qu’ils travaillaient pour appliquer la méthode d’alphabétisation « Yo, sà­ puedo » (Si, je peux), développée à Cuba. Francisco Manuel Silva et Miguel López Adán, deux fonctionnaires de la Mairie de Séville, ont commenté lors d’un entretien avec notre journal, que des 708.000 habitants recensés dans la capitale de cette région espagnole, 15.000 personnes ne savent ni lire ni écrire et presque 331.000 citoyens n’ont aucun titre académique, ni même du niveau primaire.

Il existe, aussi, 40.000 habitants dont on sait seulement qu’ils sont vivants et qu’ils habitent dans ces parages. Les jeunes ont spécifié que les chiffres d’analphabètes peuvent être majeurs, car les statistiques reconnaissent seulement dans cette catégorie ceux qui ne savent pas signer. Durant l’année 2003 le Parti et la Jeunesse communistes de Séville ont appris l’existence de la méthode cubaine d’alphabétisation, mais ce ne fut qu’en 2005 que certains de leurs membres ont pu assister, au Venezuela, à l’application de ce Programme, lors du XVI ème Festival Mondial de la Jeunesse et des Étudiants.

Surpris par la rapidité et l’enthousiasme des Vénézuéliens qui entraient dans le monde fascinant des lettres et des chiffres, la délégation présente au Festival contacta les représentants cubains de cette Méthode. Et, au milieu des jours agités du conclave, se planta une initiative osée : porter l’expérience vers le Vieux Continent.

Sur l’événement Francisco Manuel Silva, qui est délégué de la Jeunesse et des Sports de la mairie de Séville, commente : « Continuellement l’Europe se propose de donner des recettes, des recommandations, comment faire les choses à l’Amérique latine. Pour la première fois nous pouvions apporter à une ville européenne un modèle latino-américain ».

Initialement le Parti et la Jeunesse Communiste de cette région, par résolution, a mis à la considération de la Mairie la demande de Cuba de reconnaître la méthode « Si, je peux », comme un programme d’alphabétisation de l’UNESCO au niveau mondial.(Ndlr - Le prix UNESCO d’alphabétisation à Yo, si puedo.)

En novembre de l’année 2005 la proposition fut approuvée à l’unanimité. Commença alors le processus pour appliquer le Programme, et un mois plus tard une délégation du Parti et la Jeunesse Communiste de Séville voyagea à Cuba. Cette délégation s’entretint avec les spécialistes de l’Institut Pédagogique Latino-américain et des Caraïbes, l’institution qui développe la méthode et guide son application dans différents pays. Durant cette rencontre ils nous donnèrent les indications pour la propulser.

Former une équipe de techniciens et de pédagogues, recruter les volontaires qui travailleront comme facilitateurs, furent parmi les plus grands défis. Pour l’obtenir les Espagnols se donnèrent la tâche de créer une structure sociale, un réseau intégré par l’Association des Voisins, l’Université, les centres de Travail Social, d’éducation d’adultes, les collèges et les instituts.


La réalité espagnole

Miguel López Adán, directeur du secteur de la Jeunesse de la Mairie de Séville, nous raconte qu’actuellement, en Espagne, un tiers des jeunes ne concluent pas leurs études secondaires de base et que le plus grand taux d’échec scolaire se concentrent dans sud du pays.

Le problème est que le système éducatif espagnol possède de nombreuses carences, dit-il. L’une de celles-ci est le peu de motivation qu’ont les étudiants pour apprendre, ce qui se reflète dans l’échec scolaire et dans l’important taux d’absentéisme.

« Cette situation contraste avec celle de Cuba où les enfants et les adolescents ont fait un devoir d’assister aux cours scolaires », signale Miguel.

Francisco ajoute que le système social de son pays démotive la formation de l’élève, en lui créant la sensation qu’étudier ne sert à rien, que cela est une perte de temps, le délégué de la Jeunesse et des Sport de la Mairie de Séville fait valoir :

«  Les capitalistes ont pensé à tout pour couvrir leurs nécessités de base : des ouvriers peu qualifiés, pouvant être peu payés peu et exploités le temps suffisant ».

- Comment se comporte l’indice d’analphabétisme en Espagne ?

- Le système tend à dissimuler le nombre des illettrés - dit Francisco -. Selon le rapport de l’ONU le niveau d’analphabétisme en Espagne est sous les deux pour cent. Un chiffre semblable à celui qui est enregistré à Séville, les 15.000 analphabètes par rapport aux 708.000 habitants. Toutefois, nous reconnaissons qu’il existe 331.000 personnes qui sont supposées savoir lire et écrire car elles été à l’école, même si elles ne sont pas diplômées, ni même de l’enseignement primaire.

«  Les chiffres que nous travaillons sont indirects, parce que sont seulement reconnues comme analphabètes les personnes qui ne savent pas signer leur nom. Mais il y a celles qui le font avec un griffonnage et cela ne signifie pas qu’elles savent lire et écrire, ni exprimer ce qu’elles pensent, ni interpréter et comprendre leur environnement. L’analphabétisme est un phénomène majeur ».


Les premiers pas.

Il y a eu de nombreux obstacles quant à l’application de « Si, je peux », à Séville. Depuis plus de six mois les spécialistes cubains qui conseilleront le Programme attendent que les autorités migratrices leur accordent le visa d’entrer dans le pays.

- En quelle phase se trouve le Programme ?

- Francisco : Dans la première. Nous avons déjà formé et choisi l’équipe de techniciens et de pédagogues sévillans qui vont y prendre part. La méthode est structurée en trois phases : une de diagnostic, que nous développons maintenant ; une autre de pilotage, qui se réalisera dans deux zones ayant des réalités sociales différentes et avec un nombre relativement réduit, nous évitant ainsi les problèmes logistiques. Ensuite nous passerons à sa généralisation.

- Quels sont les sites choisis pour le diagnostic ?

- Les quartiers El Cerezo et le Polygone Sud. Le premier se caractérise par un important taux d’immigrants, provenant en majorité du Maroc, d’Équateur, de Bolivie, de Colombie, du Sénégal, de Gambie et de Sierra Leone. Ils ont une situation socio-économique compliquée. « Beaucoup n’ont ni autorisation de résidence ni de travail et ils n’ont aucune couverture sociale. Ils sont privés de l’accès à la santé et à l’éducation quant à la voie normale. Ils sont dans une situation irrégulière et vivent avec la crainte d’être déportés », commente Miguel.

«  Le Polygone Sud, l’autre quartier choisi pour introduire le programme, a le taux de marginalité le plus important d’Europe. C’est le quartier le plus déprimé de tout le continent. Nous avons vu les cerros de Caracas et les favelas du Brésil, ils n’ont rien à lui envier. C’est un quartier extrêmement marginalisé, les pouvoirs publics ont ouvertement annoncé qu’ils n’allaient pas intervenir dans ce secteur de la ville. Ils ont cessé la distribution du courrier, des services publics, aucun nettoiement ne s’y réalise, ce quartier s’est converti en un territoire sans loi. Ils l’ont défini comme un ghetto urbain et ils ont dit au reste des habitants de la ville « le meilleur est de ne pas y entrer, nous ne pouvons pas vous protéger là -bas ».


Nous devons apprendre de Cuba.

Nos interlocuteurs content que, quand ils conversèrent pour la première avec les habitants sur la méthode, ceux-ci ont exprimé un certain scepticisme, étant des personnes qui ont vu comment leur situation s’est aggravé depuis quelques années alors que les pouvoirs publics leur avaient promis qu’ils leurs vies allaient s’améliorées.

« Nous leur proposons de rompre avec les modèles précédents. Nous cherchions un modèle plus actif. Ce sont les facilitateurs qui vont à la maison de l’illettré, pour connaître sa réalité et lui expliquer en quoi consiste l’outil avec lequel il va parvenir à apprendre à lire et à écrire », signale Francisco.

« Ceux qui reçoivent cette visite sentent que pour la première fois quelqu’un assume le compromis d’entrer où personne ne l’avait fait. Cela a permis que dans les assemblées des "voisins de la communauté" soit accepté le programme comme une chose possible car différente ».

«  Un des principaux mérites est de changer la dynamique, de dépasser la méthode passive, qui n’a donné aucun résultat depuis plus de 25 années ; parce qu’une personne vivant en marginalité, ne va pas prendre deux heures pour aller à l’école. Mais s’ils vont chez eux, s’ils se sentent avec eux, ils disent difficilement non.

- Comment se réalisa le captage des facilitateurs ?

- Miguel : Nous savions que cela ne serait pas un problème parce que nous avions besoin de volontaires ayant la vocation et l’enthousiasme pour enseigner. Les matériaux audio-visuels expliquent comment le faire. Cela nous ouvrait de nombreuses options. Par le biais des voisins eux-mêmes arrivent les demandes. Ils nous appellent par téléphone et ils se présentent personnellement pour montrer leur disposition. Nous avons eu le cas de jeunes qui arrivent et nous disent : « Je veux que vous instruisez mes parents, et je m’offre pour enseigner ».

- Pourquoi appliquer cette méthode à Séville ?

- Francisco : Nous voulons placer les sévillans devant leur réalité, assimiler une expérience qui fonctionne en Amérique latine, démontrer que l’Europe a beaucoup à apprendre de ce continent et spécialement de la Révolution cubaine.

Julieta Garcà­a Rà­os
julieta@jrebelde.cip.cu...


 Source : Juventud Rebelde www.juventudrebelde.cu

 Traduction : Françoise Lopez




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