RSS SyndicationTwitterFacebookFeedBurnerNetVibes
Rechercher
22 

La main sur le coeur

Hier après-midi, après sa victoire, le judoka Teddy Riner a reçu sa médaille d’or. Juste après, comme de coutume, a été jouée la "Marseillaise", en hommage au pays du vainqueur. Ce que j’ai noté (et que nul journaliste, me semble-t-il, n’a relevé) c’est que, durant l’exécution de l’hymne, Teddy Riner a posé sa main droite sur son coeur.

Or, cette attitude, à ma connaissance, n’est pas prescrite par le protocole français. La seule attitude requise est la station debout, les bras le long du corps [pour les civils]. La position bras replié, main sur le coeur, est celle des citoyens américains lors des exécutions de l’hymne national des Etats-Unis. [Les étrangers assistant à l’exécution de cet hymne ne sont tenus que de se lever].

Quels commentaires en tirer ?

- Le premier est que l’être humain est fort embarrassé de ses membres supérieurs lorsqu’on lui demande de se tenir debout et immobile. On le voit, par exemple, lors de la prise de photos où, plutôt que de laisser pendre ses bras le long du corps, on tient ses mains derrière le dos, ou on croise les bras, ou on s’appuie sur une chaise, un mur, ou une autre personne photographiée, en le - ou la- tenant par les épaules, par la taille, par le cou. On conçoit que nos jambes se contentent de nous tenir à la verticale (c’est d’ailleurs leur première utilité) mais on
est frustré à l’idée de ne pas offrir une fonction active à nos bras...

- Le deuxième est que, par tradition (peut-être même par millénaire), les attitudes exprimant l’hommage, la dévotion, l’attachement, l’adhésion, engagent souvent tout le corps, et notamment les bras, l’exemple le plus connu étant les applaudissements. Mais les victoires - sportives, politiques - sont scandées, accompagnées par un soulèvement des bras. Les manifestations politiques se traduisent par des bras levés ou des poings tendus. Les prières voient les mains se joindre, ou porter à la poitrine ou à la tête, etc.

Il est donc tout à fait normal que, psychologiquement, Teddy Riner ait voulu accompagner, marquer, souligner son émotion et l’hommage à son pays. Comme il ne s’imaginait guère joindre les mains dans un geste d’oraison, ou porter la main à la tempe (geste réservé aux militaires), il ne lui restait plus qu’à imiter ce qu’il a dû souvent voir faire à ses homologues américains vainqueurs d’une épreuve : porter la main à la poitrine. Mais n’a-t-il puisé son comportement que dans le seul domaine sportif ?

Le salut civil américain n’est-il pas largement popularisé par les feuilletons, les films d’outre-Atlantique, où à la fin d’une épopée qui voit le "Bien" (= les Etats-Unis), triompher du "Mal" (Peaux-Rouges, extraterrestres, zombies, nazis, communistes, agents du KGB, terroristes, islamistes...), les héros, invariablement, saluent la bannière étoilée la main sur le coeur ? Mais ce salut n’est-il pas aussi celui de toutes les actualités télévisées où le président des Etats-Unis
(plus présent sur les petits écrans que le président du Kazakhstan ou que celui de la Pologne, sans parler de la Lituanie) renouvelle son attitude lors de l’exécution des hymnes nationaux ?

Cette imitation d’un modèle étatsunien est donc, pour une part non négligeable, une conséquence d’une imprégnation médiatique. [Que l’on voit par ailleurs dans un autre domaine, nombre de juges ayant dû faire remarquer qu’en s’adressant à un magistrat français (du siège), on ne devait pas dire "Votre Honneur" mais "Monsieur" - ou "Madame" le - ou la - "Président(e)".] Cette attitude n’est qu’une des modalités de la prégnance d’un modèle dominant, dont les manifestations les plus courantes relèvent du domaine linguistique, comme en témoignent les nombreux anglicismes que les professionnels de la langue signalent par dizaines...

Philippe Arnaud

URL de cet article 17369
  
AGENDA

RIEN A SIGNALER

Le calme règne en ce moment
sur le front du Grand Soir.

Pour créer une agitation
CLIQUEZ-ICI

Pierre Lemaitre. Cadres noirs.
Bernard GENSANE
Contrairement à Zola qui s’imposait des efforts cognitifs démentiels dans la préparation de ses romans, Pierre Lemaitre n’est pas un adepte compulsif de la consultation d’internet. Si ses oeuvres nous donnent un rendu de la société aussi saisissant c’est que, chez lui, le vraisemblable est plus puissant que le vrai. Comme aurait dit Flaubert, il ne s’écrit pas, pas plus qu’il n’écrit la société. Mais si on ne voit pas, à proprement parler, la société, on la sent partout. A l’heure ou de nombreux sondages (...)
Agrandir | voir bibliographie

 

"Les bombes nucléaires pourront tuer ceux qui ont faim, les malades, les ignorants. Mais elles ne pourront pas tuer la faim, les maladies et l’ignorance. Elle ne pourront pas non plus tuer la juste rebellion des peuples".

Fidel CASTRO

Lorsque les psychopathes prennent le contrôle de la société
NdT - Quelques extraits (en vrac) traitant des psychopathes et de leur emprise sur les sociétés modernes où ils s’épanouissent à merveille jusqu’au point de devenir une minorité dirigeante. Des passages paraîtront étrangement familiers et feront probablement penser à des situations et/ou des personnages existants ou ayant existé. Tu me dis "psychopathe" et soudain je pense à pas mal d’hommes et de femmes politiques. (attention : ce texte comporte une traduction non professionnelle d’un jargon (...)
46 
Médias et Information : il est temps de tourner la page.
« La réalité est ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est ce que nous croyons. Ce que nous croyons est fondé sur nos perceptions. Ce que nous percevons dépend de ce que nous recherchons. Ce que nous recherchons dépend de ce que nous pensons. Ce que nous pensons dépend de ce que nous percevons. Ce que nous percevons détermine ce que nous croyons. Ce que nous croyons détermine ce que nous prenons pour être vrai. Ce que nous prenons pour être vrai est notre réalité. » (...)
55 
La crise européenne et l’Empire du Capital : leçons à partir de l’expérience latinoaméricaine
Je vous transmets le bonjour très affectueux de plus de 15 millions d’Équatoriennes et d’Équatoriens et une accolade aussi chaleureuse que la lumière du soleil équinoxial dont les rayons nous inondent là où nous vivons, à la Moitié du monde. Nos liens avec la France sont historiques et étroits : depuis les grandes idées libertaires qui se sont propagées à travers le monde portant en elles des fruits décisifs, jusqu’aux accords signés aujourd’hui par le Gouvernement de la Révolution Citoyenne d’Équateur (...)
Vos dons sont vitaux pour soutenir notre combat contre cette attaque ainsi que les autres formes de censures, pour les projets de Wikileaks, l'équipe, les serveurs, et les infrastructures de protection. Nous sommes entièrement soutenus par le grand public.
CLIQUEZ ICI
© Copy Left Le Grand Soir - Diffusion autorisée et même encouragée. Merci de mentionner les sources.
L'opinion des auteurs que nous publions ne reflète pas nécessairement celle du Grand Soir

Contacts | Qui sommes-nous ? | Administrateurs : Viktor Dedaj | Maxime Vivas | Bernard Gensane
Le saviez-vous ? Le Grand Soir a vu le jour en 2002.