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La France n’est pas à vendre

Lors du G8 et du G20 en 2011, la France a beau promouvoir une taxe « morale » sur les transactions financières pour « dissuader la spéculation », rien n’y fait. La spéculation à court terme continue de faire les choux gras des établissements financiers et de leurs traders. Et même si cette taxe doit aussi aider à trouver « de nouvelles ressources pour le développement », les États-Unis et la Chine s’y opposent fermement. Les mercenaires de la finance couleront encore des jours paisibles.

Molex a déjà payé l’addition, ça suffit

Chez cet équipementier, on fabriquait des accessoires pour l’industrie automobile et des moteurs pour l’aéronautique, lorsqu’en 2004, la Snecma cède la société à l’équipementier américain Molex. Les plans sociaux vont alors se succéder et en 2008, comme le relate Le Monde « la direction annonce aux salariés de Molex qu’elle envisage de stopper définitivement les chaînes de production pour les délocaliser en Europe de l’Est. Raison officielle : perte de compétitivité. « La hausse constante du prix des matières premières et l’érosion du prix de vente des produits ne permet plus à l’usine de gagner de nouveaux contrats » justifient avec aplomb les dirigeants. Les salariés sont dans l’incompréhension d’autant plus que le groupe, bénéficiaire, affiche à l’époque un chiffre d’affaires de 40 millions. Trois mois plus tôt la maison mère les avait même récompensés pour la qualité de leurs produits et leur performance.

Des investisseurs sans vergogne

A la même époque d’autres entreprises françaises sont sacrifiées sur l’autel de la finance mondialisée. Caterpillar, Continental, autant d’entreprises lâchées par les fonds américains à la recherche d’une rentabilité immédiate. Molex qui, aux États-Unis, annonce une augmentation record de chiffre d’affaires de 33%, cesse de financer le plan social conquis de haute lutte par les 200 salariés restant dans l’entreprise. La réaction du ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, qui déclare, à propos du comportement voyou de la société, qu’elle « méprise les institutions de notre pays, le respect de leurs engagements dans le domaine social », n’y changera rien. Sur la façade de l’usine on peut voir une affiche « Molex méprise même les lois françaises ! Quelle honte ! ». Pour les banques et les fonds d’investissement la bonne marche de l’entreprise et l’emploi ne sont clairement pas des priorités. Ils profitent des opportunités des marchés, investissent les entreprises pillant les technologies.

Belvédère au bord du cauchemar

Le groupe français Belvédère, spécialisé dans les vins et spiritueux, a beau afficher des perspectives en forte amélioration après des pertes liées à la procédure de sauvegarde, il est au bord du gouffre pour des motifs qui échappent à toute raison. Il y a quelques années, Belvédère a emprunté de l’argent auprès de fonds de pension sous forme de créance obligataire pour financer son projet industriel. L’entreprise est solide et emploie près de 5000 salariés dans le monde, dont 700 en France. Belvédère pouvait donc aborder sereinement le calendrier de remboursement qui était au départ prévu sur dix ans.

Aujourd’hui que le projet industriel ainsi financé a permis à Belvédère de devenir un leader mondial de son secteur, les spéculateurs ont flairé la bonne affaire. La créance du groupe a été revendue à des fonds spéculatifs spécialisés dans le rachat de dette décotée (appelés « fonds vautours »). Le principal d’entre eux, Oaktree, cherche aujourd’hui à obtenir de la justice que la créance échelonnée sur 10 ans soit transformée en dette immédiatement exigible (plus de 500 M€ d’un coup !). Le but de cette manoeuvre n’est autre que de plaider devant le tribunal de commerce l’incapacité de Belvédère à honorer ses engagements, pour au final la faire déclarer en redressement judiciaire et mettre le grappin sur ses actifs. Le groupe Belvédère a donc publié un communiqué cinglant dans lequel il en appelle à l’intervention des pouvoirs publics, puisque personne ne semble s’inquiéter du fait que des fonds d’investissement (situés dans les paradis fiscaux !) lancent des opérations opaques et hostiles sur le territoire français, engageant l’avenir de plusieurs milliers de salariés.

Il est temps que notre pays reprenne son destin en main et que cessent ces pratiques scandaleuses. Notre industrie n’est pas une « poule de luxe », elle est l’héritage de notre effort de travail, et elle est l’avenir de nos enfants. Mais on lui tourne le dos, on fait comme si la crise financière de 2008 n’avait pas eu lieu. Les spéculateurs, eux, poursuivent toujours les mêmes objectifs : profit, bonus et dividendes. Que deviennent les salariés dans cette nébuleuse ? Mais les auteurs de ces manoeuvres trouvent toujours un fondement légal aux moins scrupuleux de leurs agissements. C’est surtout ça, le plus révoltant.

L. Lauvarain

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