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La France : grandeur et décadence d’une Nation

Les tueries du 11 janvier à Paris auront révélé bien des choses. Et sans doute, n’est-ce pas fini.

Le décryptage n’est pas aisé, tant les médias traditionnels et proches du pouvoir – que ce soit dans la presse ou sur les ondes – brouillent les pistes, y allant chacun de ses invités et de ses commentaires, le plus souvent navrants, et avec parfois ses saltimbanques de service qui font aujourd’hui l’opinion, la pensée commune à laquelle chaque citoyen est prié de se conformer...

Nous sommes dans un monde où la violence est théâtralisée, mise en scène, et chaque jour nous apporte son lot de tueries et d’horreurs auxquelles nous semblons ne plus pouvoir échapper et devoir nous habituer. Que ce soit au cinéma, à la télévision ou à travers des jeux vidéos où des ados mais aussi des enfants passent parfois le plus clair de leur temps libre. Penser que cela n’a aucune incidence sur leurs comportements ultérieurs relève de l’incompétence, voire de l’irresponsabilité des parents, mais aussi des autorités éducatives et publiques.

La violence s’insinue à présent dans toutes les strates de la société, jusqu’au privé où des affaires sordides éclatent chaque jour et nous sont étalées en long et en large avec parfois des situations inimaginables quand on repense à ce qu’était la vie plus réservée d’autrefois. Je ne suis pas nostalgique, j’observe, et constate comme chacun peut le faire, les différences.

Après les tueries en question, le gouvernement français décidait de revoir les moyens et les lois contre le ‘terrorisme’, cette appellation fourre-tout qui fait que même un enfant de 8 ans est traîné par son équipe pédagogique au commissariat, soutenue par la Ministre que l’on a déjà vu mieux inspirée... A se demander où ces enseignants ont obtenu leurs diplômes et s’ils ne devraient pas d’urgence changer de profession ou être pris en charge par un encadrement médical.

Pour tenter de remédier à ces dérives sociétales, dernière trouvaille politique en date, et qui semble faire l’unanimité tant à gauche qu’à droite – c’est dire la parjure ! – le retour du service militaire revu et corrigé au point d’en découvrir des bienfaits qui seraient tout au long de ces années, restés ignorés par la plupart. Désormais et plus encore qu’avant, l’on peut craindre les décisions politiques à venir, et se demander où les élus, désemparés, dépassés par une société dont ils sont déconnectés iront piocher pour nous sortir n’importe quelle idée saugrenue censée nous prémunir de violences futures. La réintroduction d’un service militaire présentée comme mesure destinée à corriger en quelques mois, un manque de civisme supposé dont des individus auraient pâti au cours de leur enfance et de leur jeunesse est un leurre. Autant aller à Lourdes pour espérer les mêmes chances de réussite !

Il n’y a, comme toujours, qu’un seul gagnant dans une société qui adopte de telles mesures : les marchands d’armes et de systèmes sécuritaires dont les titres en bourse caracolent ces dernières années, et qui se frottent les mains de voir que lentement mais sûrement, leur poison s’infiltre dans le tissu d’une société malade, jusqu’à assister aujourd’hui au retour du militaire comme ‘solution ultime’ aux dérives de plus en plus graves d’une Nation en perte de repères.

Sous le fallacieux prétexte d’un ‘vivre ensemble’, les adeptes de cette mesure préfèrent donc la discipline aveugle, l’entraînement à l’usage des armes et au combat plutôt que de privilégier à travers divers programmes éducatifs, culturels ou sociaux, l’apprentissage, l’ouverture, la découverte, l’entraide et la solidarité... Chacun jugera, mais il est clair que loin d’un progrès, il s’agit plutôt à mes yeux d’une régression majeure que je n’osais même pas imaginer dans les instants les plus sombres que peut traverser le pays, dont on pourra bientôt changer la devise ’Liberté, Egalité, Fraternité’ en ’Autorité, Iniquité, Individualité’. Croire que quelques mois de discipline stricte, suffiront à remplacer l’apprentissage dans les moindres gestes du quotidien, des devoirs de chaque individu tient du mensonge. Ce que l’on apprend à l’armée n’est ni la formation utile pour vivre au quotidien, ni celle du recul critique et de la réflexion. A l’armée, on apprend à obéir. Sans se poser de question. Et à tuer, sans état d’âme. A l’armée, il est toujours question d’un ennemi, même virtuel. A l’armée, on apprend des techniques de combats, comme s’il fallait encore ajouter de la violence dans une société qui en est déjà sursaturée.

L’uniforme n’est pas la solution, que du contraire ! Il convient à l’inverse, d’apprendre la différence, l’Autre et par là, la tolérance. Projet diamétralement opposé à l’armée. L’éducation est la seule voie. Moins ostentatoire en termes de médiatisation, bien sûr... Plus discrète, comme le sont les mille-et-une choses du quotidien. Et dans la perspective du long terme et non de quelques mois faciles à médiatiser... Sans parler des statistiques d’un chômage qui par un coup de baguette magique, se verraient diminuées de plusieurs milliers de jeunes soustraits aux listes toujours plus longues des demandeurs d’emplois. Sinistres calculs politiciens, comme toujours...

Décidément, la Nation vit des heures de plus en plus sombres, et aucun des ténors politiques actuels ne semble à même d’inverser la tendance... Ces arrogants ne sont mêmes pas foutus de reconnaître leurs échecs et d’en tirer les leçons, trop obsédés par leur carrière et les avantages qu’ils persistent à en tirer. Même les embarras judiciaires de certains ne les empêchent pas de s’y pousser encore ! Or, il n’est qu’à les écouter attentivement pendant quelques minutes, pour se rendre compte avant une nausée assurée, à quel point ces prétentieux dans un langage redondant et des formules faciles, restent sourds et aveugles aux réels problèmes de la population. Ils font semblant, c’est tout ! Mais il y a longtemps qu’ils ne sont plus crédibles, et le désintérêt pour la chose politique auprès des citoyens en atteste. Ce qui augure de sombres perspectives comme l’illustrent les derniers votes partiels où les résultats sont de plus en plus serrés entre les candidats traditionnels et ceux du FN...

Pas grave, aux yeux de certains. Aujourd’hui, il s’agit de penser, de parler, de se comporter de façon uniforme. Il s’agit de souder la jeunesse dans le sens d’un patriotisme qu’elle n’a plus, à coups de ‘Marseillaise’ à la moindre occasion. Demain, ils la feront défiler – la vôtre, pas la leur ! – comme de bons petits soldats... Et après-demain, amadoués et dociles, ces jeunes décérébrés par l’autorité militaire, mais encensés par les relais du système, seront prêts à faire la guerre comme on le leur indiquera... Voyez plutôt :

Daniel Vanhove –
10.02.15 -
Observateur civil -
Auteur -
« Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos âmes » - 2005 – Ed. M. Pietteur
« La Démocratie Mensonge » - 2008 – Ed. M. Pietteur

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Si vous détruisez nos maisons vous ne détruirez pas nos âmes
Daniel VANHOVE
D. Vanhove de formation en psycho-pédagogie, a été bénévole à l’ABP (Association Belgo-Palestinienne) de Bruxelles, où il a participé à la formation et à la coordination des candidats aux Missions Civiles d’Observation en Palestine. Il a encadré une soixantaine de Missions et en a accompagné huit sur le terrain, entre Novembre 2001 et Avril 2004. Auteur de plusieurs livres : co-auteur de « Retour de Palestine », 2002 – Ed. Vista ; « Si vous détruisez nos maisons, vous ne détruirez pas nos (…)
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(...) je suis d’accord avec le fait que le tsunami a été une merveilleuse occasion de montrer, au-delà du gouvernement des Etats-Unis, le coeur du peuple américain.

Condoleezza "oui, j’ai un grain" Rice
devant la commission sénatoriale des relations étrangères US - janv. 2005

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