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L’émir avait fait les choses comme il faut...

La France au Forum de Doha : 80, 80, 80, 80, 80 chasseurs (de primes ?)

Quatre-vingts Français ont participé au dernier forum de Doha (Qatar) dans la troisième semaine de mai. Les Britanniques étaient vingt-quatre. Les Américains, quarante-sept.

Parmi nos compatriotes, Enrico Macias, Michelle Alliot-Marie, Pascal Boniface, François Fillon, l’ancien préfet Daniel Canépa, le patron de Skyrock, Pierre Bellanger, Patrick Balkany, Eric Woerth, les députés de droite Patrick Ollier, Pierre Lellouche, Alain Marsaud, Maurice Leroy et Patrice Martin-Lalande. Pour les Solfériniens ou solférino-compatibles : Jean-Vincent Placé, Malek Boutih, Chantal Guittet, Jean-Luc Drapeau, Hubert Védrine, et d’autres dont nous brûlons de découvrir le nom.

Sylvie Andrieux et Jérôme Cahuzac étaient restés en France (ils craignent la lumière).

« Ici, les discussions sont généralement très riches, elles réunissent des gens de très haut niveau », jure Pascal Boniface, contredit par Chantal Guittet, députée. A l’issue d’une visite organisée du souk, elle est dans ses petites babouches : « Je pensais qu’on allait nous demander de participer à des tables rondes. En fait, on fait surtout du tourisme (…) On pouvait même venir avec nos conjoints ! »

Si autant de Français étaient présents, ce n’est certes pas parce que l’émir a tout payé, avion, repas et hébergement. N’est-ce pas ? Enrico Macias a chanté (authentique !) : « Donnez, do-do-do-donnez, donnez, donnez-moi-a-a… », mais avec un temps de retard : c’était déjà fait.

Neutres, objectifs, libres et informés, ils sont, ces quatre-vingts qui ont vu que le Qatar est un pays démocratique. Certains se lanceront dans un vigoureux (et désintéressé) contre-Qatar-bashing en clouant le bec de leurs contradicteurs (gauchistes, droits-de-l’hommistes et laïcards) par un imparable : « Permettez, j’y suis allé ! ».

Sans les attendre, l’ancien Premier ministre François Fillon s’est laissé emporter dans une intervention publique : « Vous avez développé, ici au Qatar, un modèle exemplaire », a-t-il lancé. Modèle ! Exemplaire !

Malek Boutih, interviewé le 23 mai par le JDD a déclaré : « On lui [au Qatar] reproche de ne pas être une démocratie et de maltraiter ses travailleurs immigrés. En tant qu’ancien président de SOS racisme, je reconnais que la critique est fondée et qu’il y a beaucoup de choses à dire sur ce plan ». Beaucoup de choses ? Il n’en dit pas une seule, pas une, tout le reste de ses paroles étant une défense du Qatar contre ses détracteurs.
http://www.lejdd.fr/International/Moyen-Orient/Actualite/Boutih-Le-Qatar-ne-sera-pas-le-sauveur-de-la-France-pas-plus-qu-il-ne-sera-notre-fossoyeur-609133

Faut-il que la France boycotte le Qatar, que le groupe parlementaire d’amitié avec le Qatar se dissolve ? Certes pas. La France ne peut se couper de tous les pays qui se démarquent de nos valeurs. L’isolement serait au bout.

Mais il est dommage qu’aucun des 80 invités ne relève ce que l’ONU reproche au Qatar (liste non exhaustive) :

  discrimination raciale, lapidation, flagellation, torture,

  absence de loi contre la violence faite aux femmes au foyer et leur séquestration,

  coups de fouet pour « relations sexuelles illicites » ou consommation d’alcool,

  arrestations, sévices et exploitation sexuelle des enfants,

  vente d’enfants, prostitution des enfants, oeuvres pornographiques mettant en scène des enfants,

  migrants humiliés, insultés, brutalisés par la police, placés en centre de rétention « simplement en raison de leur statut de migrants. »,

  traite d’êtres humains.

Dommage aussi qu’ils n’aient pas lu dans Le Courrier International (http://www.courrierinternational.com/article/2013/04/19/au-royaume-de-l-esclavage-moderne) une traduction d’un article New York Times (19 avril 2013) qui signale que « Les travailleurs étrangers sont les esclaves modernes de leurs patrons qataris ».

Dommage qu’un article du Point (28 février 2012) fasse si peu de bruit quand il nous apprend qu’un poète qatari vient d’être condamné à 15 ans de prison pour avoir critiqué la famille régnante » (un premier jugement le condamnait à la prison à vie).
(http://www.legrandsoir.info/l-039-autre-visage-du-qatar.html).

Dommage aussi le silence de 66 personnalités françaises de la culture, décorées en 2010 du prix « Doha capitale culturelle arabe » (assorti d’un chèque de 10.000 €) par l’ambassadeur du Qatar en France, son Excellence Mohamed al-Kuwari. Parmi les méritants récipiendaires : le dessinateur Jean Plantu (pour qui Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, c’est kif-kif), Amirouche Laïdi, président du club Averroes, les poètes André Miquel, Bernard Noël et Adonis. Sans oublier Jack Lang, Jean Daniel, Dominique Baudis, Edmonde Charles-Roux, Renaud Donnedieu de Vabres et Anne Roumanoff.

Parions que tous ont ainsi accepté tacitement leur muselière.

Dommage aussi que nos belles âmes, complices enthousiastes de la poussée antichinoise de 2008 contre le passage de la flamme olympique à Paris, tous ces gens favorables à l’absence de la France à la cérémonie d’ouverture des JO de Pékin, se pâment devant cet émirat, cette théocratie obscurantiste et oppressive qui accueillera la Coupe du monde de foot en 2022, sans que quiconque ne tousse.

Dommage que la France de Normal 1er, qui se montra si méprisante envers le Venezuela à l’occasion de la mort de son président, ne veuille pas voir la différence entre la démocratie foisonnante de Caracas et la confiscation du pouvoir par les roitelets de Doha.

Dommage aussi que le Qatar soit une des pièces maîtresses de la politique guerrière des USA qui y possède la plus grande base militaire du monde.

Dommage que le gros de la classe politico-médiatique française soit atlantiste.

Vladimir Marciac, pour le Grand Soir.

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Jean Ortiz a publié 90 articles sur le site Le Grand Soir. Son style impeccable, son cœur à fleur de clavier, son intelligence servant sa remarquable connaissance des dossiers qu’il traite, son humour, sa fougue, sa fidélité aux siens, c’est-à-dire aux guérilleros espagnols que le monde a laissé se faire écraser par un dictateur fasciste, le font apprécier par nos lecteurs (nos compteurs de lecture le disent). Il a en poche une carte du PCF qui rend imparfaitement compte de ce qu’est pour (…)
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